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Nº 3058 du vendredi 17 juin 2016

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Rencontre

Khalil Fleyhan, auteur de Mémoire diplomatique. Visite guidée au palais Bustros

Depuis plus de quarante ans, Khalil Fleyhan est le correspondant de plusieurs médias au ministère des Affaires étrangères. A travers sa Mémoire diplomatique, son premier ouvrage, il nous ramène aux années 1997-1999, une période cruciale dans les annales de la diplomatie libanaise. Magazine a rencontré le journaliste.

Pourquoi ce livre?
Cela fait quarante ans que je parle du ministère des Affaires étrangères, des présidents et des ministres que j’accompagne dans leurs voyages pour couvrir des événements. La préface est de l’ancien ministre Farès Boueiz. Il mentionne sa relation avec moi, ma manière d’exercer mon métier. J’ai vécu et assisté à plusieurs événements de grande importance tels que la conférence de Madrid pour la paix, le sommet des pays non alignés et d’autres grands nombres de visites bilatérales. En tant que journaliste, je faisais presque partie de la délégation officielle. J’ai réuni dans ce livre tous les articles que j’ai publiés dans le quotidien an-Nahar sur cette période. Ces articles ont une importance particulière, car ils couvrent la période s’étalant de 1997 à 1999. Ces années ont été témoins de grands bouleversements, notamment les événements qui ont précédé la libération du Liban-Sud. Ce livre représente le miroir de tout ce qui avait lieu au ministère des Affaires étrangères, là où je vivais presque. Farès Boueiz était ministre en exercice durant cette période. Ce livre est une sorte de documentaire, car les articles regroupés contiennent beaucoup d’informations. C’est une sorte de journal du ministère des Affaires étrangères. Il porte également sur les difficultés dans la mutation des ambassadeurs entre l’administration locale, les ambassades et consulats généraux. Les mutations diplomatiques sont très difficiles parce que chaque ambassadeur veut être à la meilleure place, c’est-à-dire être basé auprès de l’une des cinq grandes puissances.  

Pourquoi vous vous limitez à la période 97-99, alors que vous êtes à ce poste depuis 1970? Pourquoi ne pas écrire de véritables mémoires?
On m’a souvent demandé d’écrire les souvenirs du palais Bustros. Mais je pratique toujours ce métier. Je le ferai plus tard peut-être. Ces articles ont été écrits sous les bombes, durant la période des voitures piégées. Par ailleurs, je suis un correspondant local et international et je n’ai pas le temps d’écrire. Pour rédiger mes mémoires, je devrais arrêter de travailler, ce que je ne veux pas faire tant que je le peux. Un journaliste ne prend jamais sa retraite, comme Ghassan Tuéni. Tant qu’on est vivant, on reste journaliste.  
 
Pouvait-on parler de politique étrangère sous l’occupation syrienne?  

La politique étrangère s’appliquait toujours en accord avec la Syrie. Il fallait coordonner avec elle pour tout ce qui relevait des négociations de paix, du conflit israélo-arabe et du partenariat euro-méditerranéen. Abdel-Halim Khaddam, et Farouk Chareh après lui, écoutaient Boueiz. Chaque fois que ce dernier se rendait en Syrie, il insistait à rencontrer le président Hafez el-Assad.

Vous avez connu de grandes figures qui ont occupé les fonctions de ministre des A-E, laquelle vous a le plus marqué?
Il est difficile de choisir, mais Farès Boueiz était particulièrement courageux. Fouad Boutros, Khalil Abouhamad, Philippe Takla et Jean Obeid. Ils avaient chacun quelque chose de spécial. Mais au cours du mandat de Boueiz, il y a eu beaucoup d’événements majeurs.

Quelle est la particularité du ministère des Affaires étrangères?
Il faut que toutes les forces politiques participent à la politique étrangère en prenant position sur chaque problème qui se pose. Cette attitude rend le ministre plus fort et donne plus d’impact et de crédibilité à sa position lorsque toutes les parties sont unies derrière lui.

Y a-t-il une relation entre l’élection d’un président de la République libanaise et un accord international?
On a toujours dit qu’au Liban, le président est le résultat d’un accord international. Ceci est très vrai. Auparavant, c’était l’Egypte qui avait son mot à dire, ce fut ensuite le tour de l’Arabie saoudite et l’élément nouveau, aujourd’hui, c’est l’Iran. Chaque fois que quelqu’un essaie de sonder la position iranienne, la réponse est toujours la même: la présidence libanaise est une affaire interne et nous ne nous en mêlons pas. Pourtant, son allié au Liban appuie le général Michel Aoun.

Propos recueillis par Joëlle Seif

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