Le Liban jouit d’une biodiversité unique due à sa structure et son emplacement géographique, à ses montagnes et à la diversité de ses conditions climatiques.
Propriétaire d’une collection géologique unique au Moyen-Orient, Antoine Tyan, fondateur et président du Club des sciences a inauguré le musée annuel du club sous le patronage de Rony Araygi, ministre de la Culture, au Collège du Sacré-Cœur Gemmayzé. Le but de cette exposition de «chefs-d’œuvre» géologiques est d’attirer l’attention sur l’urgence de s’engager pour sauvegarder le patrimoine naturel du Liban et entraîner les jeunes «à se reconnecter au vert, le secret de notre survie sur terre», comme le précise Tyan.
Interviewé par Magazine, le professeur Dany Azar, qui mène une étude sur les découvertes géologiques sur le territoire libanais, confie: «La géologie subit une renaissance actualisée des définitions exactes des différentes formations géologiques, la mise à jour des âges réels de ces formations et la reconstruction des différents paléoenvironnements (environnements anciens appartenant à des échelles de temps allant de l’histoire aux étages, aux périodes et ères du ressort de la paléontologie)». Expliquant que bien que la géologie au Liban ait vu ses débuts vers la moitié du XVIIIe siècle pour combler un besoin énergétique de l’époque, à savoir la recherche du lignite (roche sédimentaire composée de restes fossiles de plantes), que des esquisses de cartes géologiques aient vu le jour à cette époque, et que ces cartes aient été révisées au moment où d’autres avaient déjà été établies dans les années 50-60, cette géologie fascio logique, fondée sur la lithologie (nature des roches formant un objet, ensemble, ou couche géologique) et le contenu fossilifère, s’est vite avérée, de nos jours, obsolète et manquant de rigueur scientifique. «Les travaux récents de mon équipe, surtout du Dr Sibelle Maksoud, permettent de réécrire l’histoire de la géologie libanaise sous sa version définitive. Ces travaux constituent les plus grandes réalisations géologiques de tout le Moyen-Orient sur les 50 ans passés. Ainsi avons-nous créé le «Jezzinien», un étage géologique régional (pour la première fois au Liban et dans la région) pour accommoder la fameuse Falaise de Blanche (entité géomorphologique bien distincte au Liban et formant les cascades de Jezzine, le pont naturel de Faqra, etc.) et les couches géologiques grenues et jaunâtres sous-jacentes. Ces couches (blanches de la Falaise de Blanche) et les couches jaunâtres sous-jacentes, considérées longtemps deux entités distinctes auxquelles on avait attribué deux âges différents, ont été étudiées dans les moindres détails par le Dr Maksoud. «Les couches blanches et jaunes ne sont qu’une seule entité. La différence de couleur est due à un passage latéral de faciès (les traits composant un aspect particulier d’une période culturelle). Ces couches étaient dans le temps un lagon protégé par une barrière de sable et l’âge réel est de 125 millions d’années», affirme Azar. Les conséquences de ces découvertes étant multiples, une meilleure compréhension de la géologie libanaise et des âges géologiques exacts du pays serait davantage possible à l’avenir et «ces travaux aboutiront indéniablement à la correction des cartes géologiques du pays», certifie Dany Azar.
Natasha Metni
La richesse du sol libanais
Depuis son plus jeune âge, Antoine Tyan collectionne des «trésors naturels», lui permettant d’exploiter la géologie et la biodiversité libanaises. Cette richesse, Tyan a souhaité la partager avec les Libanais. D’un musée temporaire à une classe de laboratoire permettant aux élèves de découvrir la constitution du sol libanais, l’exposition s’ouvre au public tel un livre divisé en plusieurs chapitres consacrés aux échantillons de minéraux, aux cristaux, aux minerais, aux roches calcaires, à l’argile, aux stalactites, aux stalagmites, aux silex, aux roches métamorphiques, aux magmatiques, aux fossiles, aux ambres, etc. Chaque élément est étiqueté, sa constitution ainsi que son lieu d’origine sont mentionnés dans des brochures en français, anglais et arabe.