Accords et divergences
La dernière rencontre entre le Dr Samir Geagea et le président Saad Hariri a permis de remettre les pendules à l’heure. Les deux alliés ont convenu que la priorité aujourd’hui devait être donnée à la présidentielle et non aux élections législatives, sans pour autant que l’un d’eux fasse marche arrière quant au choix de son candidat favori, Geagea appuyant le général Michel Aoun et Hariri, le député Sleiman Frangié. Une source importante du Moustaqbal révèle que les deux leaders sont également tombés d’accord sur le rejet du «panier complet» proposé par le président Nabih Berry qui inclut, à la fois, le scrutin présidentiel, la nouvelle loi électorale et le futur gouvernement.
«Pas de divergences sur le plan personnel entre le président Hariri et le Dr Geagea, mais ils ne partagent pas le même point de vue sur le dossier de la présidence, indique la source. En revanche, ils se retrouvent sur le même projet de loi électorale mixte soumis collectivement par les Forces libanaises, le Moustaqbal et le député Walid Joumblatt.
Chamel Roukoz se démarque
Le général Chamel Roukoz n’a pas l’intention d’œuvrer dans le cadre du Courant patriotique libre (CPL), d’intervenir dans les affaires du parti, ni d’entrer en compétition avec le chef du Tayyar, Gebran Bassil. Par ailleurs, il ne souhaite pas mettre sur pied un autre parti et préfère construire un courant populaire flexible non préoccupé par des questions formelles ou des cartes d’adhésion, donc peu sujet à dislocation et disposant d’une large marge de manœuvre.
Ceux qui connaissent bien Roukoz indiquent qu’il préfère s’orienter vers l’établissement de relations directes avec les noyaux forts et les pivots principaux de la société civile (universités, hommes d’affaires, institutions économiques, chefs de municipalités, généraux à la retraite, congrégations religieuses…). Au chapitre des accords de Maarab, poursuivent ces sources, Roukoz n’y est pas opposé, il n’est cependant pas prêt à en faire la promotion ni à fonctionner sous leur bannière.
Les kamikazes remobilisés
Pour faire basculer le Liban dans une période sanglante, les organisations terroristes ont réactivé leurs cellules dormantes dans certaines régions et mobilisé un grand nombre de kamikazes. «Nous détenons des informations sûres depuis environ deux mois sur la volonté du commandement de Daech à Raqqa d’intensifier les opérations terroristes au Liban, en exploitant sa conjoncture politique précaire, affirme une haute source sécuritaire. La situation dans les camps palestiniens est particulièrement inquiétante, semblable à une bombe à retardement. Il existe un nombre important d’éléments appartenant à Daech, al-Nosra et à d’autres groupes takfiristes présents à Taware’, Minchiyé, Safsaf, al-Tira et une partie de Hittin qui mobilisent des suicidaires en leur fixant des cibles et des plans d’action pour exécuter des attentats. Les mouvements palestiniens en charge de la sécurité dans les camps ne semblent pas assumer leurs responsabilités».
Une visite, deux lectures
En invitant l’ex-président Saad Hariri à sa table, aux côtés de hautes personnalités officielles, le roi Salmane Ben Abdel-Aziz aurait ainsi donné sa bénédiction à l’ex-Premier ministre, le réhabilitant dans son rôle de premier représentant des sunnites au Liban. Cela, sans oublier le règlement prochain, dit-on, de la crise financière dont souffrent les institutions haririennes, comme l’avancent des analystes.
Ces signes indiquent également l’appui du royaume wahhabite au veto du Moustaqbal sur le général Michel Aoun.
Dans les milieux du 8 mars, on estime que le leader du Futur ne pouvait pas – ne possédant pas une procuration de Riyad – donner de réponse définitive à la proposition que lui a faite le Dr Samir Geagea, à savoir pousser le Hezbollah dans ses retranchements en adoubant la candidature du général de Rabié à la présidence. D’autant plus que la relation de Hariri avec la nouvelle administration saoudienne est toujours difficile, et que le roi Salmane n’est plus concerné par le suivi des détails politiques. Le retour de Hariri au Sérail n’est pas une priorité pour les Saoudiens pour qu’ils acceptent de troquer la présidence du Conseil contre celle de la République.
Frangié tâte le terrain à Paris
Visite express du chef des Marada, Sleiman Frangié, à Paris loin de tout tapage médiatique. Le candidat de Saad Hariri à la présidence a rencontré plusieurs responsables français et diplomates non français…, sans perdre de vue l’objectif premier de ces contacts: connaître les résultats des conciliabules menés par la France au sujet de l’échéance présidentielle au Liban, à la lumière des visites de l’émir Mohammad Ben Salmane, second vice-Premier ministre saoudien, et de Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères. Probablement et contrairement à la rumeur, le candidat Frangié ne s’est pas entretenu avec l’émir Mohammad Ben Salmane.
Visite en suspens
Interrogé sur la date de son départ pour l’Arabie en réponse à l’invitation officielle qui lui est faite, le président Nabih Berry a répondu: «Derrière l’ajournement de la visite, une question de priorités tant pour les autorités saoudiennes que pour nous. Lorsque je pourrai me rendre à Riyad, j’évoquerai l’importance des relations saoudo-iraniennes et leur incidence sur les dossiers régionaux. A mon avis, les solutions des dossiers en suspens sont à 50% libano-libanaises ou syro-syriennes… L’autre moitié est soit arabo-régionale, soit saoudo-iranienne».
Futur: l’échec d’Ahmad Hariri
Le Moustaqbal s’apprête à organiser son congrès général à la mi-octobre. Depuis que l’annonce en a été faite, les réunions dans les diverses régions se multiplient. Au programme de ce congrès auquel participeront quelque 2500 personnes: l’élection des membres du bureau politique, la rédaction du communiqué et la redéfinition du règlement intérieur. Le comité préparatoire a été chargé d’établir un rapport comportant un bilan de la période précédente et une vision à venir, en plus d’un rapport structurel, économique et social. «L’échec de l’équipe d’Ahmad Hariri fait quasiment l’unanimité au sein du parti, indiquent des sources du Moustaqbal. Le secrétaire général du parti a échoué sur toute la ligne, en se fourvoyant dans les discours politiques et en négligeant l’aspect structurel».
Le Moustaqbal, ajoutent-elles, traverse une grande crise, les métiers libéraux sont dans un état lamentable, sans compter les multiples réunions focalisées sur la manière d’attirer à nouveau les jeunes qui ont quitté le parti, surtout ceux qui appartenaient à l’Association des jeunes du Moustaqbal dont la création remonte à l’avant-2005.
Deux ballons dans une main
Depuis l’explosion de Verdun et le début du mois du Ramadan, le Hezbollah suit avec intérêt l’escalade verbale du Moustaqbal, affirment des milieux de la banlieue sud. Certaines des positions peuvent être compréhensibles et acceptables, mais d’autres frôlent les lignes rouges qu’il est interdit de dépasser. Il est clair, aujourd’hui, que Saad Hariri essaie de porter deux ballons d’une seule main. Il appuie certes le dialogue, mais, en même temps, il tente de récupérer le public qu’il a perdu en lui servant des slogans adaptés.
Il ne fait pas de doute que Hariri s’attend à l’obtention de facilités de la part du Hezbollah sur les dossiers de la présidence, de la loi électorale et, ultérieurement, sur la présidence du Conseil.
Libanais d’Afrique mis au ban
La campagne menée par les services israéliens contre les émigrés libanais en Afrique de l’Ouest se poursuit, aux dires de certains milieux chiites. La campagne se fait à coups de fausses accusations politiques dans le but de discréditer les Libanais et de les bannir des marchés africains. Le Libano-Français Mohammad Ali Chour, qui travaille dans le domaine du change et du transfert de fonds, arrêté en juin passé à l’aéroport d’Abidjan, est accusé d’avoir voulu faire passer 1 million 700000 euros à destination de Beyrouth. Or, la fausse rumeur véhiculée sur la relation de Chour avec le Hezbollah fait la joie de ses concurrents à Abidjan, dont certains Libanais qui rêvent de le supplanter. L’accusé originaire de Toura, près de Tyr, possède un bureau de transfert d’argent, c’est aussi un importateur de diverses marchandises de Chine. Chour n’est pas membre du Hezbollah, mais poste des slogans de soutien à la Résistance et à sayyed Hassan Nasrallah sur les réseaux sociaux. Le but d’Israël est justement de museler ceux qui affichent leur appui à la Résistance. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, avait fait une tournée sur les pays africains riverains du Nil et réclamé que son pays soit admis en tant que membre observateur au sein de l’Union africaine.
Le sort inconnu du cheikh Hassan Ziab
Pas de nouvelles, côté palestinien, du cheikh Hassan Ziab, arrêté par les autorités saoudiennes, alors qu’il s’apprêtait à quitter l’aéroport de Jeddah à la tête d’un groupe de pèlerins après avoir accompli le pèlerinage à La Mecque. Les raisons de son arrestation, qui a coïncidé avec les attentats suicide qui ont eu lieu à Médine et Koteif à la fin du mois du Ramadan, restent inconnues, comme le rapportent des sources palestiniennes. Mais selon le récit d’un voyageur, à l’embarquement, le capitaine a signalé une panne technique sur la porte principale de l’avion que les ingénieurs sont en train de réparer. Mais après un long moment d’attente sans climatisation, un passager a hurlé: «Je vais exploser!». Le personnel à bord a alors prévenu la police saoudienne… pendant que le cheikh Hassan Ziab tentait de calmer les voyageurs. Arrivés à bord, les éléments de la sécurité l’ont mené à l’extérieur. Dix minutes plus tard, tous les voyageurs ont été transférés dans la salle d’attente et l’avion passé au peigne fin, afin de s’assurer de l’absence d’explosifs à bord. Après plusieurs heures d’attente, le cheikh qui a été soumis à un interrogatoire d’une demi-heure a rejoint le groupe, alors qu’on annonçait que l’avion était prêt pour le décollage. Le capitaine ayant refusé d’embarquer Ziab, celui-ci est resté en Arabie. Enseignant au Azhar de Tyr, le dignitaire est très populaire dans la région de Tyr, de ses camps et aussi de Aïn el-Heloué.
Antoun Saadé se retourne dans sa tombe
Les échos de l’incident qui a eu lieu au cimetière de Mar Elias Btina, en fin de semaine passée, entre partisans du Parti social national syrien (PSNS), à l’occasion de la 67e commémoration de l’assassinat du fondateur du parti, Antoun Saadé, continuent à se faire entendre.Les deux camps qui se sont confrontés sont, d’une part, les adeptes du président du parti Assaad Hardane et, de l’autre, ses opposants restés fidèles au leader décédé Mohammad Salim. Les versions quant aux motifs de cette altercation restent contradictoires. Les opposants à Hardane, regroupés sous l’emblème du Mouvement du 8 juillet, racontent avoir été agressés par des éléments pro-Hardane, alors qu’ils s’étaient réunis, pour protester contre les résultats du dernier congrès du parti, devant le caveau du fondateur Saadé, en présence du correspondant de la chaîne OTV. Selon la version des sources du parti, un groupe d’adeptes du leader Salim, menés par sa fille, ont tenté de saccager les couronnes de fleurs qu’Assaad Hardane avait fait déposer sur la tombe de Saadé. Echanges, cris et bousculades ont suivi… Il a fallu que l’armée intervienne pour mettre fin à la querelle.
Congrès des chrétiens arabes en Russie
Le Congrès international des chrétiens arabes, organisé en Russie, revêt une grande importance aux yeux de certains milieux libanais. De l’impuissance de la France, qui n’a accompli aucune démarche sérieuse pour assurer la protection des chrétiens surtout en Syrie et en Irak, résulte une substitution de rôles entre Paris et Moscou. L’évêque Attallah Hanna, de la paroisse grecque-orthodoxe de Jérusalem, a assisté à ce congrès aux côtés de représentants venus du Liban, de Syrie, de Palestine, du sultanat d’Oman et de Mauritanie. Les interventions étaient axées sur la position de la Russie qui combat les organisations terroristes radicales dont l’objectif est d’expulser les chrétiens des terres arabes. L’ambassadeur du Liban à Moscou, Chaouki Bou Nassar, a insisté sur la «présence culturelle séculaire des chrétiens d’Orient et sur la coexistence islamo-chrétienne qui cimente l’unité de nombreux pays arabes».