Les craintes de l’Onu
Le communiqué émanant du Conseil de sécurité de l’Onu (Organisation des Nations unies) sur le Liban équivaut à «une pression sur toutes les composantes libanaises, afin qu’elles trouvent un règlement à la crise présidentielle. Il est inadmissible de maintenir le statu quo et de faire du surplace sans pouvoir aboutir à un quelconque résultat», de l’avis d’un observateur français qui suit de près les développements sur la scène locale. «Les Libanais, avance-t-il, doivent savoir que la paralysie et l’application de la loi américaine contre le Hezbollah sont les indices d’une tendance à la détérioration. La conjoncture pourrait devenir plus dangereuse et plus vulnérable… alors que l’Etat s’affaiblit jour après jour. C’est ce qui inquiète la communauté internationale».
Le Conseil de sécurité avait adopté, à l’unanimité, un communiqué présidentiel, soumis par la France, dans lequel il exprime ses craintes d’une extension des crises régionales au Liban et exhorte les Libanais à accélérer l’élection présidentielle et à organiser les législatives dans les délais prévus.
L’Iran soutient Erdogan
Pas de réaction officielle du Hezbollah sur le putsch en Turquie. Ses milieux révèlent que cette attitude ne signifie pas que le parti est favorable au coup d’Etat, mais il préfère garder le silence pour éviter toute équivoque dans l’interprétation de sa position. Parallèlement au mutisme du Hezbollah, les positions russe et iranienne étaient, en revanche, claires et éloquentes. Elles ont condamné, avec fermeté, le coup d’Etat, rejetant toute tentative de porter atteinte à la stabilité politique et sécuritaire de la Turquie. En rappelant que les relations irano-turques ont connu une excellente période durant le gouvernement du Parti de la Justice et du Développement, malgré les divergences sur le dossier syrien.
Selon les milieux du Hezb, malgré les nombreux reproches que Téhéran fait à Recep Tayyip Erdogan, notamment sur son récent rapprochement d’Israël et son appui aux organisations terroristes armées en Syrie, l’Iran préfère le gouvernement du président Erdogan à la mainmise de l’armée sur la Turquie.
L’Europe préfère la proportionnelle
En visite au Parlement à la tête d’une délégation d’ambassadeurs européens, Christina Lassen, chef de la délégation de l’Union européenne au Liban, a franchement déclaré à un nombre de députés: «L’organisation des municipales prouve que le Liban peut fort bien planifier les législatives. Cette fois, il va falloir que le scrutin soit organisé à temps, plus précisément en juin 2017. Les divergences sur le projet de loi électorale ne devraient pas entraver le processus électoral». Farid Makari, vice-président de la Chambre, a interrogé les ambassadeurs présents sur les modes de scrutin appliqués dans leurs pays respectifs. Résultat: 11 sur 13 ont adopté la proportionnelle, alors que la France et la Roumanie appliquent le scrutin majoritaire.
Siniora n’a pas confiance en Aoun
Fouad Siniora n’hésite pas à seriner que l’élection du général Michel Aoun n’est pas envisageable par le Moustaqbal. Il continue à faire le réquisitoire du général de Rabié: «Nous n’avons aucune confiance quant à sa position par rapport aux accords de Taëf. Nous nous méfions de l’enthousiasme qu’il voue à la loi orthodoxe, qui pourrait ébranler le régime de la coexistence. Par ailleurs, depuis qu’il participe au pouvoir, le général n’a pas réussi à donner la preuve d’une gestion rationnelle de l’administration, surtout au niveau des portefeuilles confiés à des membres du CPL (Courant patriotique libre). En revanche, le député (Sleiman) Frangié, bien que je ne sois pas tellement admiratif de sa personne, a bien choisi les ministres des Marada comme Bassam Yammine ou Rony Araygi».
Le médiateur Maher Hammoud
Le cheikh Maher Hammoud, imam de la mosquée al-Qods à Saïda, joue un rôle crucial de médiateur entre l’armée et les autorités à l’intérieur du camp de Aïn el-Heloué, où plusieurs prévenus se sont livrés aux autorités libanaises. L’opération cible ceux qui n’ont pas été directement impliqués dans la bataille de Abra, qui avait opposé les soldats de la troupe aux partisans d’Ahmad el-Assir. Selon les termes du «deal», ceux qui acceptent de se rendre obtiennent des garanties sur l’abrègement de la période de leur détention et de leur jugement.
Le cheikh Hammoud révèle que les tentatives précédentes visant à régler le cas de Fadl Chaker ont échoué, du fait que le chanteur a refusé d’être arrêté par l’armée, surtout qu’il a trempé dans la bataille de Abra. Il était juste disposé à se soumettre à un interrogatoire sans être arrêté. L’armée, cependant, n’a donné aucune garantie ou promesse aux accusés qui se rendent après avoir passé quatre ans entre les murs du camp palestinien.
Le test sunnite
L’appui de Nabih Berry à la candidature de Michel Aoun reste insuffisant tant que la composante sunnite ne s’est pas prononcée, estime une source de Rabié. Le général Aoun va du principe suivant: s’il a réussi à convaincre les diverses parties influentes sur les scènes chrétienne, chiite et druze, il lui reste à réussir le test de la communauté sunnite, dont la clé principale est entre les mains de l’Arabie saoudite. Même si des voix du Moustaqbal s’élèvent tous les jours pour rejeter sa candidature, il sait qu’il existe plus d’un choix dans ce camp mais que le premier revient à Saad Hariri.
A l’ère de Taymour
Le Parti socialiste progressiste (PSP) tiendra son assemblée générale à la fin du mois de septembre. Cette assemblée revêt une importance cruciale, parce qu’elle constitue un tournant dans la trajectoire du parti. L’étape Taymour Joumblatt a commencé, dit-on, et il est normal qu’il se fasse entourer par une nouvelle équipe qui n’est pas celle qui a accompagné son père. Ainsi assistera-t-on à l’émergence de nouveaux jeunes cadres et à l’éclipse de leaders traditionnels longtemps aux premiers rangs du parti et de la communauté. Cette restructuration, bien qu’elle se heurte à des tiraillements, reste sous contrôle, puisque supervisée par Walid Joumblatt en personne. Le député druze est capable d’aplanir les écueils qui peuvent entraver le leadership de Taymour.
Les erreurs du Moustaqbal
«Le Moustaqbal a besoin d’une nouvelle stratégie capable de produire une vision politique qui sauvegarde le Liban, qui puisse distinguer le rôle de l’Etat libanais de celui du Hezbollah. Impossible pour le Futur d’assumer une telle responsabilité tant qu’il n’a pas révisé les erreurs commises au cours des dix dernières années». C’est l’avis de l’ancien ministre Mohammad Abdel-Hamid Beydoun qui a précisé: «Le Moustaqbal ne veut pas créer une milice. Ce qu’il faut faire, c’est libérer les administrations étatiques, organes sécuritaires et juridiques en particulier, de l’influence du Hezbollah», considérant que le 14 mars a opté pour l’expectative sans prendre l’initiative tout le long des dix dernières années. «C’est une grande erreur politique».
Combattants libanais victimes d’armes chimiques en Syrie
Des groupes de combattants libanais ont été la cible de tirs à l’arme chimique durant les batailles qui les ont opposés aux mouvements islamistes dans la ville d’Alep, comme le révèlent des sources politiques, sans préciser le nombre de victimes touchées. Si certains blessés ont pu recevoir les soins nécessaires, d’autres ont succombé. Ces informations viennent confirmer la véracité des renseignements avancés récemment par la Russie, selon lesquels les organisations de «l’opposition modérée», ainsi que l’Etat islamique et le Front al-Nosra en Syrie possèdent un «arsenal de pointe» incluant des armes chimiques, des tanks, des réseaux de communication et d’orientation par satellite, des systèmes de DCA et un équipement pour les combats de nuit. La Turquie est considérée la porte d’entrée principale de la livraison d’armes aux terroristes déployés sur les fronts en Syrie. Le 2 mai 2016, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel el-Jubair, avait lancé un appel, à partir de Genève, pour la fourniture d’armes de toutes sortes aux rebelles syriens.
Les conséquences du Brexit
Le chercheur français Lionel Vairon a donné, à Beyrouth, une conférence sur le thème des Conséquences du Brexit sur l’Union européenne. Le Brexit, a-t-il développé, assène un sérieux coup à la mondialisation en tant que concept et que parcours, parce qu’il porte atteinte à une constante, à savoir la liberté d’échanges dans l’espace économique européen qui avait été présenté comme un exemple économique réussi. D’après les prévisions citées par Vairon, le PIB chutera dans une proportion de 6% en Grande-Bretagne. Le conférencier a, par ailleurs, rappelé l’opportunisme des Britanniques vis-à-vis de l’Europe. Une tendance qui a nettement émergé en 1973 lorsqu’ils ont rejoint la Communauté économique européenne (CEE) et qui réapparaît aujourd’hui, Londres négociant avec Bruxelles le maintien de l’accès au marché européen de la Grande-Bretagne, alors que celle-ci veut empêcher le déplacement des Européens sur son territoire, surtout les citoyens des pays européens pauvres des Balkans, de la mer Baltique, la Pologne… Vairon, qui parle couramment le chinois, est un expert des questions chinoises, il insiste sur la dimension géostratégique du Brexit. C’est la fin du rôle du Royaume-Uni en tant que cheval de Troie des Etats-Unis au cœur de l’Europe, selon son analyse. Ainsi l’Union européenne devient une force plus continentale (non maritime) face aux Etats-Unis, ce qui crée des circonstances plus favorables au rapprochement entre les pays de l’UE et ceux des Brics.
Vivement une prison!
La manifestation qui a eu lieu, la semaine passée, à Brital pour réclamer la construction d’une prison dans le village ou ses alentours, n’a suscité aucune réaction chez les politiques et dans les médias. Des activistes de Baalbeck estiment que cette «revendication à caractère social» dans une bourgade connue pour être un symbole de privation constitue un scandale réel pour la classe dirigeante, notamment pour le tandem chiite. «Cette classe ne respecte pas la Constitution… Un quart de siècle après la validation des réformes constitutionnelles (1990) – dont le texte appelle à l’implantation de la justice sociale et au développement équilibré – rien n’a été accompli».Les familles des détenus et prisonniers de Brital (village situé à l’est du mohafaza de Baalbeck-Hermel) avaient organisé un sit-in pour réclamer la construction d’une prison proche qui abriterait leurs fils. De capacité réduite, la prison du Sérail gouvernemental de Baalbeck ne peut recevoir qu’un nombre réduit de personnes.
Aïn el-Heloué investi par l’EI?
En dépit des déclarations rassurantes des responsables de Fateh et des mouvements palestiniens dans le camp de Aïn el-Heloué, une source sécuritaire indique que le camp continue à être qualifié de foyer de tensions par les délégations diplomatiques, par l’Onu et par la Finul. L’efficacité des mouvements palestiniens n’a pas été déterminante, en ce sens qu’ils n’ont pas réussi à empêcher l’expansion des groupes terroristes. Ils ont juste pu injecter quelques calmants à la situation en livrant aux autorités libanaises des recherchés par la justice qui appartiennent à la mouvance d’Ahmad el-Assir. D’après les révélations de la source, Imad Yassine, l’un des représentants de Daech dans le camp, est désormais reconnu comme interlocuteur par les mouvements palestiniens et par les forces islamiques modérées qui coopèrent avec lui pour sauvegarder la sécurité dans le camp. Des sources libanaises avaient annoncé, la semaine passée, que l’EI a décidé de mettre la main sur Aïn el-Heloué, en y dépêchant quelque 120 éléments.