Après un premier succès confirmé, le Festival des Cèdres est revenu en force cet été, avec cinq prestations du terroir, de grande qualité.
Magida el-Roumi, la voix d’or, a inauguré les festivités suivie, le lendemain, du duo Nancy Ajram – Assi el-Hallani, grands chéris des foules. Et c’est la célèbre troupe de Caracalla qui, en deux soirées à guichets fermés, a clôturé un festival organisé dans l’optique véritable des festivals.
En effet, c’est une grosse machine qui s’est mise en branle à Bécharré pour faire de cet événement une réalisation d’envergure. Surplombant la légendaire forêt des Cèdres, un plateau théâtral a été aménagé, entouré par les montagnes prestigieuses reconnues pour être couronnées, en été, par des neiges éternelles. Des structures en fer avec des gradins et une scène au fronton en forme de cèdre ont été positionnées à 500 mètres de la forêt, plusieurs fois millénaire, éclairée selon des normes environnementales pour respecter la flore et la faune de ce vestige si glorieux.
Pour y arriver, les bus mis à la disposition des spectateurs ont offert une mini-visite guidée dans le mohafazat du Liban-Nord, en donnant des explications succinctes sur tous les villages traversés dans le caza de Bécharré.
Reconnue surtout pour avoir fourni bon nombre de patriarches, la région est le siège du patriarcat maronite (Dimane) mais aussi le lieu de naissance de Gibran Khalil Gibran. C’est elle aussi qui abrite la vallée de Qadicha, classée, en 1989, par l’Unesco au patrimoine de l’Humanité et qui regorge de couvents, de monastères et d’ermitages. On y traverse des villages très anciens, ayant pour la plupart une origine syriaque, datant du XIIIe siècle, dont certains sont reconnus pour être des villages modèles par leur architecture particulière ou même tel Bekaakafra, avoir été le village où est né saint Charbel, des villages les plus élevés en altitude dans tout le Moyen-Orient (un peu plus haut, à Kornet el-Saouda, la montagne culmine à 3 090 mètres)…
A l’entrée de Bécharré, les festivaliers reçus par une distribution de roses blanches et des petits cèdres en bois, emblème du site, ont dû se plier à l’entrée du spectacle, à une fouille systématique draconienne avant d’être dirigés vers leurs sièges par une équipe substantielle d’hôtes et d’hôtesses.
C’est véritablement toute la communauté qui a mobilisé ses jeunes pour faire la promotion de ces terroirs à haute teneur symbolique. Dynamiser la jeunesse bénévole et Scout, revigorer l’attraction touristique, valoriser la collectivité locale, susciter du travail en créant des emplois créatifs, culturels, profiter des retombées économiques, revendiquer une existence territoriale, voire nationale… Les enjeux du Festival des Cèdres sous la houlette entrepreneuriale de la députée Sethrida Geagea étaient nombreux. Mais au-delà de la défense d’une identité culturelle, de la régénérescence de l’attractivité du village, des enjeux politiques et du marketing territorial en général, ce festival a ravivé pour les habitants du caza le temps de la convivialité, celui du retour de la fête au village, mise toutefois au parfum du jour, celui des veillées modernes qui démocratisent la culture et la mettent à l’honneur.
Gisèle Kayata Eid