Magazine Le Mensuel

Nº 3068 du vendredi 26 août 2016

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Alain Aoun, député de Baabda. «Le système libanais a prouvé ses limites, il est en panne»

«Nous devons briser le cercle vicieux dans lequel se débat le pays», assène à Magazine Alain Aoun, député CPL de Baabda. Sinon, nous devons réfléchir dans une perspective de changements radicaux», sous-entendant que les accords de Taëf ont prouvé leurs limites et qu’il serait peut-être bon de les reconsidérer.
 

Il semble que le Conseil des ministres soit déterminé à ne pas procéder aux nominations militaires, alors que le Courant patriotique libre (CPL) considère que la prorogation des mandats est anticonstitutionnelle. Vers où se dirige-t-on dans ce bras de fer?
Notre position est claire et nette. Les nominations sont indispensables pour le bon déroulement de la vie démocratique. Il n’y a aucune raison qui puisse les empêcher. Le gouvernement transgresse les lois et son attitude est sélective. Seules les considérations politiques sont prises en compte. Nos détracteurs ferment toutes les portes et campent sur leurs positions sur tous les plans, et je ne vois pas de lumière qui pointe à l’horizon. Tout cela donne à réfléchir et à se demander où souhaitent-ils mener le pays.

Il semble que le Courant du futur ne souhaite pas faire de concessions, en tout cas, en ce qui concerne le dossier de la présidentielle, au point où le député Ahmad Fatfat a récemment déclaré qu’il préférait la vacance à l’élection de Michel Aoun à la tête de l’Etat. Qu’en pensez-vous?
L’autre camp attend les développements en Syrie pour se prononcer. Depuis le déclenchement du conflit dans ce pays, le Courant du futur et ses alliés ont misé sur la chute du régime syrien, ce qui leur aurait permis d’imposer leurs vues sur la scène libanaise. Près de cinq ans après, ils ne semblent pas avoir changé d’avis et refusent de «libaniser» la solution politique, continuant de miser sur l’étranger. C’est pourquoi, ils ferment la porte à tout compromis, provoquant la paralysie du pays et de ses institutions. Il semble que ce camp ne réalise pas que la situation en Syrie est complexe, que le conflit sera long et que tout indique qu’il n’y aura pas de solution en vue à court terme.

Comment sortir de l’impasse si chaque partie politique campe sur ses positions, d’autant plus que vos détracteurs vous accusent de tous les maux dont vous les rendez responsables?
Si les choses n’évoluent pas dans un sens ou dans un autre, il faudra admettre la réalité et reconnaître que le système est en panne. Les méthodes traditionnelles ne fonctionnent plus. Je pense qu’il est temps d’aller plus loin et de réfléchir dans une perspective de changements radicaux pour sortir du cercle vicieux. Le système libanais a prouvé ses limites.

Une modification des accords de Taëf par exemple? C’est-ce que vous sous-entendez?
Taëf ne peut plus survivre sans certaines conditions qui doivent prendre en considération le partenariat islamo-chrétien qui est en danger réel.

34 ans après l’assassinat de Bachir Gemayel mort pour avoir défendu les 10 452 kilomètres carrés du Liban, le fédéralisme revient sur le tapis dans la région. Le Liban est-il en danger?
Le rêve de Bachir Gemayel d’un Liban uni et unifié est mort avec lui. Le pays est réellement en danger, principalement à cause des pratiques politiques adoptées par certains et qui menacent l’esprit même de la coexistence. Nous aurions pu le préserver et le mettre à l’abri des secousses régionales. Nos partenaires dans ce pays doivent réaliser que les chrétiens ont des droits et qu’ils entendent les obtenir. Or, ils n’ont de cesse de paralyser la volonté de la majorité chrétienne. En 2005 par exemple, ils ont écarté sans état d’âme le CPL du gouvernement, en 2008, ils ont refusé la présidence à Michel Aoun, qui représentait la majorité des chrétiens, chiffres à l’appui. Ils persistent dans ce sens, refusant même de discuter de la présidence, mais aussi d’une nouvelle loi électorale plus représentative. C’est triste, mais je répète que le rêve de Bachir a été assassiné en même temps que lui. Nous en sommes tous responsables.

Propos recueillis par Danièle Gergès

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