Des réunions intensives se tiennent entre le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL) dans le but d’élaborer une nouvelle loi électorale. Selon des sources informées, l’accord entre les deux parties se consolide de plus en plus et porte ses fruits à plus d’un niveau. Une réunion a eu lieu à Rabié, à laquelle ont participé le général Michel Aoun, le président du CPL, Gebran Bassil, le secrétaire général du Bloc du Changement et de la Réforme, Ibrahim Kanaan, ainsi que le responsable du service de presse et de communication des FL, Melhem Riachi, dépêché par Samir Geagea. Il existe une volonté claire chez les deux parties d’inclure les autres composantes chrétiennes dans le processus d’adoption d’une nouvelle loi électorale. Loin des projecteurs, une rencontre a eu lieu entre le président des Kataëb, Samy Gemayel, et Melhem Riachi, d’une part, et entre Ibrahim Kanaan et Samy Gemayel, d’autre part, dans une tentative de rapprocher les points de vue. Les sources mentionnées indiquent que ces rencontres vont s’intensifier dans les prochains jours entre le tandem chrétien (CPL-FL) et les autres pôles de la communauté, à leur tête Bkerké. Toutefois, des milieux suivant de près l’élaboration d’une nouvelle loi électorale indiquent qu’il existe des données qui empêchent de trouver une formule consensuelle avant l’ouverture de la session ordinaire de la Chambre, après la mi-octobre, et ce malgré l’impulsion dans ce sens, exercée par le CPL et les FL. Ces sources affirment qu’à court terme, aucune activité n’est prévue par les Commissions parlementaires concernées. L’affaire est appelée à s’éterniser sur la table du dialogue parlementaire le 5 septembre. Ces sources précisent que si le temps passe et commence à presser, de manière à ce qu’il ne permette plus à l’opinion publique de s’adapter à une nouvelle loi électorale, comprenant une proportionnelle partielle et une nouvelle répartition des circonscriptions, les élections législatives se tiendront sur la base de la loi de 1960 au printemps prochain, pour que le pays ne tombe pas dans une autre vacance ou une nouvelle prorogation du mandat de la Chambre.
Samir Geagea et le Hezbollah
Deux projets contradictoires
Interrogé sur sa relation avec Saad Hariri, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a répondu: «La relation se poursuit comme il le faut sur le plan personnel, mais il existe un différend entre nous au niveau du candidat à la présidence de la République. J’ai discuté avec lui de cette affaire à maintes reprises, mais je n’ai pas réussi à le convaincre. Que puis-je faire de plus?».
Egalement interrogé sur sa relation avec le président Amine Gemayel, il a confié: «La relation est froide, mais elle est maintenue. Le président Gemayel aime me ‘‘taquiner’’ en guise d’affection. Ils ont estimé que mon appui à la candidature de Aoun était à leurs dépens, mais cela n’est pas vrai». Pourquoi n’établirait-il pas un dialogue avec le Hezbollah? A cette question, Geagea a répondu: «Nous avons tenté par le passé, dans les années 2005 à 2009, d’établir un dialogue mais, à aucun moment, le Hezbollah n’a accepté. C’est la raison principale. Nous sommes les détenteurs d’une cause et ils le savent parfaitement. Ceci est une affaire qui ne peut être discutée. Pour eux, c’est pareil. Ils sont également défenseurs d’une cause non négociable. Il existe deux projets contradictoires, sans aucun lien entre eux et entre lesquels il n’existe aucun dénominateur commun, surtout si nous portons un regard sur le Liban comme étant une patrie et une nation, alors que lui le considère comme une province ou une partie d’un tout. Je ne penserai jamais, à aucun instant, envoyer un Libanais se battre trois mètres au-delà des frontières, que serait-ce alors que l’envoyer à Alep? Notre projet est distinct. Nos calculs sont construits sur la sécurité du Liban, sa stabilité et sa situation économique, alors que leurs calculs sont fondés sur la cause, indépendamment de ses retombées sur le pays. En 2006, selon ses estimations, le Hezbollah considère avoir réalisé une victoire divine, tandis que nous estimons, avec beaucoup d’autres Libanais, que c’était une grande défaite pour le Liban au niveau des pertes humaines et économiques directes et indirectes. Ils ont considéré qu’ils ont livré une bataille qui a montré que la nation peut affronter Israël dans un bras de fer et que cela est une victoire, alors que notre vision est différente».
Chaouki Achkouti