Magazine Le Mensuel

Nº 3070 du vendredi 7 octobre 2016

Il a réussi

Assaad Nakad. L’homme qui a illuminé les nuits de Zahlé

Assaad Nakad, c’est l’homme qui a illuminé les nuits sombres des habitants de Zahlé, alors que le reste du Liban baigne dans le noir. Magazine l’a rencontré.

Sa success story a été racontée dans les colonnes de l’Economist et du Washington Post. Entrepreneur hors pair, Assaad Nakad, qui se trouve aux commandes de l’Electricité de Zahlé (EDZ), a inscrit à son palmarès un véritable exploit: l’alimentation en électricité, 24 heures par jour et 7 jours par semaine, du chef-lieu de la Békaa et de plusieurs autres localités environnantes, alors qu’un régime de rationnement draconien est en vigueur dans tout le Liban depuis plus de trente ans. Assaad Nakad a installé, non loin de Zahlé, une usine de production d’énergie d’une puissance de 60 mégawatts, qui permet à l’EDZ de couvrir les besoins de la région et de fournir un bon voltage à ses abonnés, dont le nombre s’élève aujourd’hui à plus de 60 000. Pour construire les installations de son usine, il a choisi Aggreko, une compagnie anglaise spécialisée dans le secteur de l’énergie, qui a fait ses preuves au niveau international. Nakad a laissé entièrement le choix aux habitants d’adhérer ou non à son projet, installant un interrupteur dans les logements qui ne souhaitaient pas bénéficier de son service.

Détermination et persévérance
Comme le succès n’est pas toujours facile à atteindre, il lui a fallu beaucoup de détermination et de persévérance pour concrétiser son rêve. Il a dû affronter «les mafias des propriétaires de générateurs et des distributeurs de mazout», qui n’ont pas hésité à le menacer de mort et à saboter certaines de ses installations en les mitraillant, pour le dissuader d’aller jusqu’au bout. Assaad Nakad assure à Magazine que tous les partis politiques ont soutenu son projet, insistant sur le soutien déterminant de la société civile. Le montant total de la facture d’électricité payée par chaque abonné (facture totalisant les frais de l’EDL et de l’EDZ) est de 40% inférieur au montant de la facture regroupant les frais de l’EDL (Electricité du Liban) et des générateurs privés, assure-t-il.
Assaad Nakad a-t-il vraiment du mérite puisqu’il n’a fait que prendre la relève de son père? «L’esprit d’entrepreneuriat ne se transmet pas de génération en génération», réplique le président-directeur général de l’EDZ, en allusion aux fils de nombreux grands hommes d’affaires, qui ont coulé les compagnies dont ils ont hérité une fois aux manettes. «Les entreprises familiales sont souvent un gage de fiabilité, de confiance et de savoir-faire de terrain. Mais la vision stratégique claire, l’ambition de faire mieux, l’innovation et la patience sont les clés de la réussite pérenne», dit-il. Il explique que «l’EDZ, une société anonyme dont l’actionnaire principal est la famille Nakad, opère sur la base d’une concession consentie par une loi et un cahier de charges sur une durée s’étendant de 1923 et 2018. A cette date, toute l’infrastructure de l’EDZ reviendra à l’Etat, qui considère que la société aura amorti ses investissements. «Il s’agit d’un genre de contrat de BOT», déclare le P.-D.G. de l’EDZ, qui recommande, par ailleurs, «une décentralisation de la production d’électricité dans tout le Liban, comme seule option pour assurer une alimentation en courant électrique 24h/24 à court et à
moyen terme».

Etre polyvalent
Quelles sont les erreurs et les leçons qu’il tire de son expérience entrepreneuriale? Assaad Nakad hésite dans sa réponse. Son projet a nécessité cinq ans d’études, pour examiner minutieusement chaque détail. Néanmoins, il insiste sur l’importance cruciale pour la réussite d’un patron de placer les consommateurs au centre de ses préoccupations et, par conséquent, de maintenir un contact direct avec eux. La porte de son bureau est ouverte à toute personne souhaitant s’entretenir avec lui. «Le travail de terrain est une école à part entière en termes de savoir», dit-il.
Le P.-D.G. de l’EDZ consent que, pour réussir dans le monde d’aujourd’hui, il faut être polyvalent, comme un couteau suisse, et savoir faire un peu de tout. Une stratégie gagnante qui a permis de créer de nombreux emplois dans la région de Zahlé et d’éclairer les voies publiques des localités alimentées en courant électrique par l’EDZ entre 20h et 6h.

Liliane Mokbel

Related

Kamal Mouzawak. Le gastronome du terroir

Tony Ramy. Restaurateur depuis toujours

Maison Rabih Kayrouz. Une success-story qui se projette dans l’avenir

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.