Entre 200 et 230 $ par mois. C’est ce que dépense Ralph Aoun, chef d’entreprise (Com Fu, agence de publicité), pour se connecter à Internet via son mobile. «L’Internet mobile est un budget trop conséquent pour n’importe quel entrepreneur, surtout qu’au Liban, la connexion ADSL est encore de mauvaise qualité. Les Libanais comptent sur la 3G pour travailler décemment».
En septembre, les deux opérateurs mobiles, alfa et touch, annonçaient une baisse des tarifs Internet. Touch avait annoncé des réductions pouvant aller jusqu’à 40%, mais attend la validation du ministère des Télécoms, à l’heure où Magazine met sous presse. L’opérateur a ainsi préféré ne pas s’exprimer sur ses nouveaux tarifs. Géré par l’égyptien Orascom et détenant 47% des parts du marché au Liban (environ 2 millions d’abonnés), alfa a indiqué à Magazine que ses nouveaux tarifs débuteraient à 17 $ pour 1,50 gigabit (GB) et iraient jusqu’à 149 $ pour 100 GB, soit une baisse de ses prix d’entre 10 et 20%.
«Cette baisse des prix est une bonne chose, ajoute M. Aoun, mais ce n’est pas suffisant. La cherté des prix Internet au Liban ne doit pas être imputée aux opérateurs mobiles, mais au ministère qui devrait travailler sur un plan des télécommunications et mettre la pression sur les opérateurs pour encore mieux ajuster leurs tarifs. Au Liban, que ce soit via l’ADSL ou le mobile, les citoyens paient très cher une connexion de très mauvaise qualité, alors qu’Internet n’est plus un luxe dans le monde mais un droit fondamental».
Cette année, le Liban est encore arrivé parmi les derniers dans le rapport de l’Union internationale des télécommunications, qui évalue les prix d’Internet mobile dans 164 pays. Il s’est rangé à la 104e place et est le 7e pays le plus cher parmi 14 pays arabes, avec un coût d’Internet mobile hors forfait prépayé évalué à 11 $/mois pour un minimum de 500 mégabits de service Internet.
des conflits d’intérêts
Pour la connexion haut débit, ce n’est pas mieux: outre le fait qu’elle soit lente (une vitesse moyenne est de 3,2 Mbps contre 22,3 Mbps dans le monde), elle est encore très coûteuse: selon le site Combien ça coûte, qui évalue les prix des biens et services dans le monde, le tarif moyen d’une connexion Internet haut débit au Liban est de 52,2 euros par mois. Le tarif minimum étant de 27,2 euros par mois, tandis que le maximum atteint les 90,67 euros par mois, selon les moments de l’année. 91% plus cher que les tarifs pratiqués en France, précise le site.
Le pays est doté d’un réseau de fibres optiques permettant d’atteindre des vitesses de 100 Mbps contre un maximum de 8 Mbps aujourd’hui via le réseau de cuivre. Le problème est que le réseau de fibres optiques n’est pas activé à cause de conflits d’intérêts au gouvernement.
Soraya Hamdan