Selon une étude de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), les personnes vivant dans des zones encombrées de déchets voient les risques de développer des maladies augmenter de 400%.
Alors que la crise des déchets n’a toujours pas été réglée, les questions sanitaires soulevées par ce problème continuent de préoccuper les Libanais.
Une étude a été réalisée par l’AUB, entre décembre 2015 et février 2016, auprès de 221 personnes (111 travaillant/habitant dans des zones «propres» et 110 autres dans des zones encombrées par des déchets qui subissent une combustion). Les résultats ont montré que les individus du deuxième échantillon souffrent de maux de tête, de fatigue chronique et d’insomnie, en plus de problèmes liés au système digestif, les déchets et leurs toxines étant la raison essentielle de la multiplication des cas de maladies bactériennes touchant l’estomac (nausées, diarrhées, vomissements). Un accroissement des troubles respiratoires (toux, essoufflement, écoulement nasal) a également été constaté. Symptômes dont la gravité a entraîné le transfert de certains d’entre eux à l’hôpital.
Interrogé sur l’exactitude de telles données, le Dr Chadi Béchara, infectiologue, confirme les conclusions de cette étude, insistant sur le fait que l’élimination imprudente des ordures mène indéniablement à la contamination de l’air, de l’eau et du sol. D’autant plus que l’incinération des déchets émet et libère, dans l’atmosphère, dans la terre et dans les cours d’eau, des gaz à effet de serre et des produits chimiques toxiques.
Dégâts à long terme
Le Dr Béchara explique que, lorsque les déchets ou les matières plastiques contenant du polychlorure de vinyle (PVC) sont incinérés, des dioxines, des furanes et divers autres polluants atmosphériques toxiques se dégagent, entraînant, chez l’individu qui y est exposé, une atteinte du système immunitaire et des anomalies de développement du système nerveux, du système endocrinien et des fonctions reproductrices.
Le Centre international de Recherche sur le Cancer classe les dioxines parmi «les cancérogènes humains connus». En outre, l’élimination sans précaution des déchets d’activité de soins (seringues et aiguilles contaminées, par exemple) représente un risque particulier, celui de donner lieu à des réutilisations dangereuses.
Natasha Metni