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Nº 2927 du vendredi 13 décembre 2013

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Georges Adwan, député du Chouf. «Attention au vide total»

Député du Chouf et vice-président des Forces libanaises, Georges Adwan tire la sonnette d’alarme. Attention au vide total.
 

Votre rencontre avec le patriarche Mar Béchara Boutros Raï a duré trois heures. Quels en sont les résultats?
L’effondrement des institutions étatiques constitue une grande préoccupation. Nous sommes face à un écroulement progressif allant de la Chambre des députés au gouvernement démissionnaire. Il y a l’échéance présidentielle. Ainsi, si les députés n’arrivent pas à élire un président, dans les délais constitutionnels, le pays se dirige vers le vide total avec tout ce que cela représente. Bien que le Liban souffre déjà de vacances, cela ne doit pas nous mener forcément vers le vide global, surtout que la présidence de la République est dotée d’une mission fondamentale, à savoir la protection de la Constitution. Nous devons donc organiser la présidentielle dans les délais prévus. Cette mission qui nous incombe est liée à d’autres dossiers dont celui du quorum. Pourquoi? Parce que lorsque nous abordons la question du quorum, nous optons pour un président à tendance «Abou Melhem». Aujourd’hui, le pays est largement divisé et pour garantir le quorum, au cas où certains voudraient jouer au blocage, on serait obligé d’écarter les candidats forts et, d’un autre côté, cela encourage les arrangements dans les coulisses et les interventions étrangères. Pour éviter tous ces écueils, il faudra parvenir à une sorte de consensus préalable, qui fait assumer la responsabilité de la vacance du pouvoir ou de l’élection d’un président faible à ceux qui boycotteront la toute première séance consacrée à la présidentielle.

Le Liban pourra-t-il élire de nouveau un président fort tel que le président Bachir Gemayel?
Deux tendances se sont développées au Liban: la première qui apprécie l’exemple du président Bachir Gemayel, et la deuxième, traditionnelle, qui a été consacrée par la tutelle syrienne. Elle englobe ceux qui s’interrogent sur ce qu’ils peuvent faire, qui attendent l’entente irano-saoudienne ou l’avis des Français et des Américains. Voyons avec ces pays comment fabriquer un président dont la principale caractéristique sera de ne déranger personne, c’est-à-dire un président dont on ignore les positions… La première école, en revanche, réclame un président qui affiche une position franche et claire par rapport à toutes les questions sujettes à discorde.

Est-ce que le patriarche Raï est dans cette 
perspective?
J’imagine que le patriarche, comme toute personne sensée, ne peut que se situer dans cette perspective. Nous ne devons pas oublier le rôle historique et permanent de Bkerké. Il existe une tendance souverainiste qui fait la spécificité du Liban. Qu’est-ce qui fait cette spécificité? La liberté, le message et l’espace de convivialité entre ses différentes composantes.

Le scénario des listes nominatives dressées par Bkerké va-t-il être réédité? Ou bien on s’accordera sur un candidat unique et fort?
Ni l’un, ni l’autre. L’histoire des noms n’est pas à l’ordre du jour, elle est contraire à la démocratie. Nous parlons d’une école démocratique, c’est-à-dire que deux mois avant l’échéance présidentielle, tout individu qui s’estime apte à occuper cette fonction vienne dire je suis capable de ressusciter les institutions. Quels sont les écueils qui entravent la réanimation des institutions aujourd’hui? Les armes du Hezbollah, l’intervention en Syrie et la question de la neutralité du Liban. Le futur président devra clairement définir sa position sur ces sujets… Le Parlement votera pour le meilleur candidat, celui qui saura construire l’Etat. L’homme d’Etat doit avoir le courage de proclamer ses options et aussi le courage de les appliquer. Il ne suffit pas de lancer des slogans, il est essentiel de les exécuter.

Certains noms sont actuellement cités comme Jean Obeid, Riad Salamé ou le général Jean Kahwagi. Qu’en pensez-vous?
Nous, les Forces libanaises, n’avons pas encore abordé les noms. Avant que le parti se prononce, je ne me permettrai pas d’en parler dans les médias. Si j’ai un avis sur la question, je l’expose à l’interne et après cela, nous prendrons les décisions auxquelles nous nous tiendrons. Mais il existe des règles qui doivent être respectées pour éviter encore une fois le viol de la Constitution en recourant à la prorogation, ou en engageant des personnes qui n’ont pas légalement le droit de soumettre leur candidature. C’est l’un des principes à respecter, il n’est pas permis d’amender la Constitution à chaque fois, sachant que la position du président Sleiman par rapport au renouvellement de son mandat est claire. Il ne s’agit pas de personnes mais de principes. Si nous voulons vraiment organiser une présidentielle «propre», tout le monde doit savoir que nous n’allons pas amender la Constitution, mais tenir une séance électorale.

Propos recueillis par Saad Elias
 

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