Magazine Le Mensuel

Nº 3073 du vendredi 6 janvier 2017

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Ricardo Karam. La communication dans les veines

Présentateur, animateur de talk-shows et producteur, depuis 2010, Ricardo Karam est l’auteur de l’initiative Takreem, dont le but est la promotion et la récompense des réalisations dans le monde arabe.

Rien ne prédestinait Ricardo Karam à devenir ce qu’il est aujourd’hui, si ce n’est cette passion pour la communication, qui ne s’est jamais éteinte tout au long d’un parcours jalonné de rencontres intéressantes, mais aussi de beaucoup d’obstacles. «Je ne suis pas fataliste, mais j’estime qu’il y a des circonstances qui déterminent notre trajectoire. Le hasard fait parfois bien les choses», nous confie M. Karam.
A l’école, c’est à Ricardo Karam qu’incombe la tâche de présenter les fêtes de fin d’année de toutes les sections. Plus tard, il dépense tout son argent de poche dans l’achat de disques et devient animateur sur les chaînes de radio FM. Il présente une émission deux fois par semaine. Ecolier, il est déjà animé par cette habilité farouche de communiquer avec l’autre.
Il entame des études de médecine à l’AUB (American University of Beirut) mais, au bout de trois ans, il réalise que ce n’est pas le monde auquel il souhaite appartenir. Il obtient alors un diplôme en Chemical Engineering puis un Master en Business Administration de l’AUB. De ces années-là, Ricardo Karam dit qu’elles ont sculpté sa façon de penser. «Je venais du secteur est de Beyrouth, avec beaucoup de préjugés. Dans ce campus, j’ai appris à connaître l’autre et à sortir de mon cocon. L’AUB m’a permis de voir grand et de comprendre la réalité des choses».
Une fois son diplôme décroché, il anime à la radio, deux fois par semaine, une émission en français, au cours de laquelle il accueille des diplomates et des politiciens, jusqu’au jour où il reçoit un appel du président de Télé-Liban, qui lui propose d’animer une émission. «Je n’y connaissais rien et mes débuts à la télé étaient lamentables. Je tremblais, j’écarquillais les yeux. Je me suis surpassé», se souvient Ricardo Karam. Il présente Focus, une sorte de magazine qui relate les événements de la semaine. «Au bout de trois ans, j’ai compris que le français avait ses limites et qu’il fallait atteindre un plus large public».
 
Charme et courtoisie
Dans ses émissions, il accueille aussi bien des personnalités locales que des noms de renommée mondiale. «Au début, c’étaient des invités locaux mais qui ne paraissaient pas à la télévision. Personne n’était inaccessible». Face à M. Karam, les invités oublient la présence de la caméra. Avec sa courtoisie et son charme, il les pousse à se livrer, à se confier.
Sa personnalité se construit au fil du temps. «Au début, j’étais émerveillé par les grands noms pour m’imposer. Mais ensuite, c’est l’expérience humaine que je recherchais plus que les noms brillants. Je dois tout à ces rencontres hors du commun. Je n’ai jamais pensé qu’un jour, je serai en face des grands de ce monde. J’ai beaucoup travaillé pour cela. La passion, la persévérance, le travail acharné, la foi en soi sont la recette du succès. Il faut croire en soi et être convaincu que l’impossible peut devenir possible».
Son but est de créer un impact social. «Avant, je voulais me faire un nom, une place au soleil. Maintenant, je veux assister à la croissance économique, voir instaurée l’égalité entre hommes et femmes, le respect des droits de l’Homme. Tout ce que je fais s’inscrit dans la promotion de ces valeurs, que ce soit dans Takreem ou dans les conférences que je donne».

L’ultime épreuve
Sa rencontre avec l'Impératrice Farah Diba est inoubliable. «C’est un être humain exceptionnel, d’une modestie et d’une simplicité inégalables. Ce sont ces qualités que j’ai retenues de notre rencontre. Cette politesse qu’elle avait envers moi et envers toute l’équipe». Il interroge la reine Nour, le dalaï-lama, Bill Gates et tant d’autres. Il met également en avant des success stories: Nicolas Hayek, Carlos Ghosn, Zaha Hadid, Tom Barrak, Paul Orfalae, Reem Acra, Gabriel Yared… «Toutes ces personnes ont eu un impact sur moi». Ricardo Karam voyage aux quatre coins du monde pour mener ses interviews. A Rio de Janeiro, il rencontre Paulo Coelho et Pelé. A Las Vegas, Céline Dion, Mike Tyson et André Agassi. «C’est une chance d’avoir rencontré ces personnes. Ils m’ont beaucoup appris. Ces rencontres m’ont enrichi, formé et ont forgé mon caractère».
Marié à Youmna Ziadé, l’animateur est le père de trois garçons, Talal, Nadim et Sharif. «Mes enfants ne sont pas conscients de ce que je fais, mais ils savent que je suis célèbre. Je veux qu’ils se souviennent, lorsqu’ils grandiront, du père que j’étais, pas de ce que je fais». C’est l’amour qui unit cette famille que le destin n’a pas épargnée. «Nous avons dû affronter la maladie de mon fils. Quand il y a de l’amour, on peut tout vaincre et faire en sorte que les miracles deviennent une réalité». Avec beaucoup d’émotion et de dignité, Ricardo Karam évoque ce sujet délicat. «Nous faisons partie de dizaines de milliers de familles qui vivent cela. Mais parce que je suis une figure publique, cette affaire a été médiatisée».
Des projets, Ricardo Karam en a plein. Pour la BBC Arabia, le programme Woujouh el-madina et, pour la CNBC Arabia, Maa Ricardo Karam. «J’intègre aussi les marchés égyptien, tunisien et émirati cette année dans des émissions distinctes». Difficile et exigeant, cet homme minutieux et discipliné touche à tout. Aujourd’hui, Ricardo Karam est un homme serein, en harmonie avec lui-même. «Je ressens une paix intérieure et je ne rivalise qu’avec moi-même».
 

En chiffres
2 600: est le nombre d’interviews recueillies par Ricardo Karam depuis le début de sa carrière.

81 lauréats de Takreem depuis 2010.

Des millions de miles ont été parcourus par le journaliste aux quatre coins du monde, pour les besoins professionnels.

 

Joëlle Seif

 

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