Magazine Le Mensuel

Nº 3074 du vendredi 3 février 2017

Spectacle

Dans la forme et le fond. La scène se délocalise!

Le théâtre survit à grand-peine au Liban. Il se délocalise. En attendant la saison qui s’annonce, déambulation rétrospective de l’année 2016. Et le débat s’ouvre…

A l’image de la «lutte des places», la salle de théâtre traditionnelle est, à quelques exceptions, en perte de vitesse. Le théâtre se vit extramuros, dans la rue et dans les salles alternatives, qu’il soit issu d’un travail collectif, d’un atelier de travail ou d’une démarche personnelle. Sans vouloir proposer une approche exhaustive de la question, voici quelques arrêts qui se sont imposés en 2016.
A Baalbeck, au sein de l’événement Silent Echo, organisé par Studiocur/art en partenariat avec Apeal, la compagnie Zoukak a mené un atelier de théâtre avec la communauté locale, pour une sensibilisation à l’importance culturelle des héritages historiques et religieux, auréolé par la performance Plain Secret. Une démarche thérapeutique de la compagnie qu’on retrouve avec Zeina Daccache et Catharsis, pour sa 2e expérience théâtrale en compagnie des détenus de Roumié, clôturée par Johar… Up in the air, ou dans le projet The Caravan, auprès des réfugiés syriens.

Le cabaret populaire. Au fil de festivals, d’échange d’idées et de débats, de problématiques et d’actualité, Station, à Jisr el-Wati, s’affirme comme un espace multidisciplinaire qui ramène l’épure et la puissance de la performance, à l’instar de Dushka, mise en scène par Omar el-Jbaai, ou Jogging de Hanane Hajj-Ali.
Il y a 5 ans, Métro al-Madina ouvrait ses portes, à Hamra, se fondant sur le concept du cabaret populaire. A l’heure des bilans, la question n’en est que plus légitime: à quel point remplit-il ses fonctions dans l’adéquation entre son concept de base et la manière dont ce dernier est mis en application? Dans les méandres d’un contexte qui, prêchant l’ouverture, se referme, contradictoirement, sur son autarcie, le populaire risque d’emprunter les contours du populisme, affublé d’un appât du gain, où les critères de sélection se confondent avec la «politique de voisinage», les planches s’ouvrant souvent à une forme de médiocrité tant au niveau du texte et de l’interprétation que de l’intention, vidant le théâtre de sa parole et de son geste, à l’instar de la stand-up comedy qui y a été présentée, 3al autostrade de et par Rita Ibrahim.
Serait-il temps de soulever la question d'un repositionnement du théâtre, non seulement dans sa délocalisation première, mais dans son essence même?
A tel point qu’il n’est plus étonnant que l’une des pièces les plus marquantes de 2016 soit une reprise remontant à une dizaine d’années, Page 7, de et avec Issam Bou Khaled et Fadi Abi Samra!

Nayla Rached

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