Après Ya Nass, Yasmine Hamdan lance, le 17 mars, son nouvel opus, Al Jamilat, sur le label Crammed Discs. Un album dae compositions originales qu’elle évoque avec Magazine depuis Paris.
New York, Londres, Paris et Beyrouth. C’est entre ces quatre villes que Yasmine Hamdan a enregistré Al Jamilat. Un titre en référence au poème de Mahmoud Darwich, qu’elle met en musique. Le seul morceau qu’elle n’ait pas écrit elle-même. Adepte des reprises d’anciennes chansons du répertoire arabe, qu’elle retravaille dans un processus d’exploration et de dialogue d’autant plus intéressant que ces chansons-là gardent une patte qui lui est étrangère, Yasmine Hamdan a ressenti le besoin de procéder différemment avec cet album.
«J’avais envie d’un mélange de textures, de sons et de rythmes, que j’avais déjà expérimenté par-ci par-là, mais sans l’avoir jamais poussé à l’extrême comme je l’ai fait ici».
Al-Jamilat, qu’elle a elle-même orchestré, tonne comme le plus personnel de sa discographie. «J’ai beaucoup peaufiné cet album, je l’ai pondu lentement, mais sûrement et avec l’aide de beaucoup de gens talentueux». Parmi eux, son ami musicien Steve Shelley (Sonic Youth) qui l’a aidé à organiser une première session d’enregistrement, à New York. Quelques jours vécus de manière très intense, «comme une course contre la montre, comme une grosse fièvre», avec des musiciens qu’elle ne connaissait pas, qui sont donc arrivés sans connaître les démos, jouant les morceaux en toute fraîcheur, puisque cet album s’est fait à 50% avec eux et 50% avec des musiciens qu’elle connaissait. «Je suis retournée à Paris, avec beaucoup de matériel. J’ai commencé à construire, à éditer, à faire des montages… un travail de pré-production très avancé», avant de passer à la phase finale, en retrouvant à Londres, ses deux producteurs anglais, Luke Smith et Leo Abrahams.
Bientôt en tournée
«Les chansons étaient déjà là. Je ne voulais pas prendre le risque de partir dans des endroits que je n’avais pas envie d’aborder. Je l’ai déjà expérimenté, ça fait très mal, ça peut être dangereux de ne pas savoir ce que l’on veut tout en gardant une flexibilité pour permettre à la musique d’évoluer au contact d’autres musiciens et producteurs. C’est un équilibre difficile à trouver, psychologique et émotionnel, comme un bébé qu’on laisse partir à un moment donné». Alors, il a fallu de la chance, beaucoup de stress, d’allers-retours, mais Yasmine n’a aucun regret, soulignant que cette «aventure intense et folle fait partie de la richesse des chansons». La tournée d’Al Jamilat est déjà sur les rails, avec un premier arrêt prévu aux Etats-Unis, puis en France. Aucune date n’est encore prévue pour le Liban, mais cela ne saurait tarder. Parce qu’au-delà du lancement officiel de l’album, Yasmine Hamdan se prépare à tourner un clip à Beyrouth, après avoir lancé un premier film, La Ba’den, réalisé par le cinéaste Elia Suleiman, qui n’est autre que son mari. Quelle chanson est destinée à Beyrouth? «Ah c’est un secret », dit-elle, surexcitée. On attend…
Nayla Rached