L’Agence universitaire de la francophonie (AUF) regroupe 19 établissements au Liban. Elle accompagne ses partenaires dans leur dynamique de structuration, d’expansion et d’implication dans le développement. Les explications d’Hervé Sabourin, directeur de l’AUF au Moyen-Orient.
Pour qu’un établissement d’enseignement supérieur soit partenaire officiel de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), il est impératif qu’il accepte de partager la langue française. Toutefois, il n’est pas nécessaire qu’elle soit la seule langue d’enseignement dans l’université concernée. «Il suffit simplement qu’une petite partie des enseignements s’y fassent en Français», explique Hervé Sabourin, directeur du Bureau Moyen-Orient de l’AUF. Le système de partenariat est simple. «Nous travaillons essentiellement sur le mode ‘projets’: chaque année, nous engageons un certain nombre de grands projets qui permettent de moderniser la formation et la recherche universitaires et le système de gouvernance des universités. Trois grandes missions que nous œuvrons à accomplir vis-à-vis des universités», précise Hervé Sabourin.
Bourses et aides financières
L’AUF présente nombre de dispositifs récurrents, à savoir des bourses dont peuvent profiter les établissements d’enseignement supérieur. Celles-ci permettent aux étudiants, aux enseignants et aux chercheurs de bénéficier de soutiens financiers pour mener des activités diverses dans le cadre de leur travail. «Nous offrons, à titre d’exemple, des bourses de mobilité aux étudiants pour qu’ils passent leur doctorat dans des pays «francophones». Nous donnons, de même, la possibilité à des professeurs ou à des chercheurs d’effectuer des voyages dans le but d’acquérir plus d’expérience dans leur travail de formation et de recherche», indique le directeur.
L’engagement de l’AUF en faveur de ses partenaires universitaires se manifeste à travers divers actions menées par l’agence:
● Essayer de favoriser l’employabilité et l’insertion professionnelle des étudiants. L’AUF tente de consolider, dans ce sens, le lien entre le monde universitaire et le monde socio-professionnel. Des conférences, des tables rondes et des ateliers sont tenus, depuis plus de deux ans, dans les universités. Il s’agit de mettre en contact des universitaires et des chefs d’entreprises, dans le but de les faire dialoguer sur des thèmes divers, pour essayer de les pousser à collaborer.
● Former les étudiants à l’entrepreneuriat. Sachant que 40% des étudiants diplômés au Liban sont au chômage et que certains d’entre eux jouissent de capacités suffisantes pour pouvoir créer des entreprises, l’AUF se mobilise dans ce sens. L’agence sert, en effet, de relais entre les universités et les incubateurs pour pouvoir attirer des étudiants, les former à l’entrepreneuriat et les pousser à intégrer des programmes comme ceux offerts par Berytech et Smart Esa.
● Améliorer la qualité de la formation et le système de gouvernance des universités en proposant des projets visant à changer les méthodes pédagogiques. «Nous ne pouvons enseigner aujourd’hui comme nous le faisions il y a quinze ans. De nos jours, l’étudiant et l’enseignant sont confrontés à des défis beaucoup plus importants en termes de marché du travail. Notre action, en tant qu’agence, consiste à aider les universités à améliorer ou à revoir leur façon d’enseigner», souligne Hervé Sabourin. Le projet ADIP (Apprentissage à distance et innovation pédagogique) en est le parfait exemple, puisqu’il permet le passage de la pédagogie de la connaissance à la pédagogie de la compétence. Autre point important pour améliorer la qualité de la formation: savoir manipuler les outils numériques.
● Perfectionner le système de gouvernance des universités. «Les établissements universitaires se doivent d’acquérir une meilleure autonomie en matière de pilotage et surtout en termes de perspective», affirme M. Sabourin. En d’autres termes, chaque université est tenue d’établir un plan stratégique pour les cinq, dix ou quinze ans à venir. Ce travail passe impérativement par une phase d’auto-évaluation, que peu d’universités au Liban entreprennent. L’un des grands projets mis en place par l’AUF revient à améliorer la qualité de la gouvernance des universités en essayant de leur apprendre comment s’autoévaluer et comment instaurer un plan stratégique. C’est en collaboration avec la Direction générale de l’enseignement supérieur du ministère de l’Education nationale qu’une série d’ateliers de formation pratique à la mise en place de processus d’auto-évaluation sont en cours.
● Renforcer la recherche. D’après Hervé Sabourin, toute université moderne devrait prendre conscience des grands enjeux sociétaux de notre temps et proposer des solutions par le biais de la recherche. Ce dernier met l’accent sur le rôle de «l’AUF qui assiste les universités dans ce sens, en les aidant à structurer la recherche, à choisir les bons objectifs et à monter des projets de recherche». Un projet d’ordre sociétal vient d’ailleurs d’être mis en place. Il favorise l’engagement de l’université en tant qu’acteur du développement global des sociétés et des peuples. «Nous travaillons sur un sujet important qui concerne toute la région: le dialogue interculturel. L’université est, en effet, un lieu où les cultures se retrouvent. Nous avons donc engagé une série d’actions qui vont dans ce sens, en formant d’une part les étudiants au dialogue interculturel et d’autre part, en organisant un certain nombre de formations à la médiation et à la paix, avec le Centre de médiation de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. L’université devient, par-là, actrice des prises de conscience globales. Il est à noter que ce projet de médiation sera étendu au niveau régional », atteste Hervé Sabourin.
Natasha Metni