Magazine Le Mensuel

Nº 3077 du vendredi 5 mai 2017

Les Confidences

Confidences hommes et femmes

Une relation qui inquiète
D'habitude très discret concernant tout ce qui touche le président Michel Aoun et le Courant patriotique libre (CPL), le Hezbollah ne cache plus son inquiétude au sujet des réelles intentions du chef du CPL, le ministre Gebran Bassil. Des députés et des responsables du parti chiite n'hésitent plus à s'interroger, ouvertement, sur les motivations du chef du plus grand parti chrétien, et se demandent s'il est toujours convaincu de l'alliance conclue il y a onze ans par son beau-père, Michel Aoun et le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah. Un accord qui «a résisté à la guerre de juillet 2006, aux événement de mai 2008, à la crise syrienne, aux blocages politiques et aux pressions internationales, mais qui semble menacée par la loi électorale», selon un observateur. Le Hezbollah craint que M. Bassil soit, désormais, plus intéressé par son alliance avec Samir Geagea que par l'entente avec le parti chiite.

Michel Moawad n'est pas pressé
Michel René Moawad est courtisé par toutes les forces politiques influentes dans le caza de Zghorta pour conclure une alliance électorale. Mais le fils de l'ancien président-martyr n'est pas pressé de donner une réponse. Il est conscient que le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL) ont besoin de lui pour tenter d'écarter Sleiman Frangié, perçu par Samir Geagea et Gebran Bassil comme le seul rival sérieux lors de la prochaine présidentielle. Il sait aussi que le leader du Courant des Marada, dont le fils Tony Frangié se présente aux législatives, a besoin de ses voix pour résister à l'alliance CPL-FL.  

Prison dorée
Le prince saoudien Abdel Mohsen Ben Walid Al Saoud, inculpé pour trafic de drogue, n'a pas encore été transféré en prison, comme cela devrait être le cas. Il est toujours incarcéré au commissariat de Hobeiche, à Ras-Beyrouth, où les conditions de détention sont moins contraignantes que dans le pénitencier de Roumié. Une enquête publiée sur le site LebanonDebate, le 13 avril, qualifie la cellule du prince d'«appartement privé». «La porte n'est jamais fermée et le détenu se promène librement dans les couloirs du commissariat», précise le site. L'accusé se fait livrer les meilleurs mets des plus célèbres traiteurs de Beyrouth et utilise librement son téléphone portable. Le prince Abdel Mohsen avait été arrêté, en novembre 2015, à l'aéroport de Beyrouth alors qu'il avait embarqué sur son jet privé deux tonnes de comprimés de Captagon.  

Le ton change
Les tweets au vitriol adressés par le ministre de la Culture, Ghattas Khoury, au chef du PSP, Walid Joumblatt, le 9 avril, ont surpris les milieux politiques à double titre. D'abord, parce que M. Khoury est très proche de Saad Hariri, qui a toujours cherché à ménager le leader druze. Ensuite, parce que ce même ministre déclarait, le 10 janvier, que le Courant du futur n'accepterait aucune loi électorale qui n'obtiendrait pas l'aval de M. Joumblatt. Mais il semble que la donne a changé…

Fouad Abou Nader
L'ancien commandant des Forces libanaises a réussi sa reconversion dans l'action humanitaire. Son association, Nawraj, qui travaille à la défense et à l'enracinement des chrétiens au Liban, a lancé une multitude de projets dans les villages chrétiens des régions éloignées. Récemment, M. Abou Nader a accueilli une délégation de l'Association SOS Chrétiens d'Orient, conduite par Charles de Meyer. Au menu: une tournée dans les villages et un et projet de partenariat.

Ghazi Zéaïter
Bien que débouté par le Conseil d'Etat, le ministre de l'Agriculture continue sa guerre contre la directrice générale de son ministère, Gloria Abi Zeid. Contraint de la rétablir dans ses fonctions, M. Zéaïter a trouvé un autre moyen d'écarter cette fonctionnaire «gênante». Il lui a donné, sans qu'elle l'ai demandé, un congé de 20 jours renouvelable, et a nommé à sa place, à titre intérimaire, un autre fonctionnaire,
Saïd Aoun. 

 

Deux poids deux mesures
Les milieux du Courant du futur s'étonnent «des réactions à deux poids deux mesures» des partisans du Courant patriotique libre sur les réseaux sociaux. En effet, une campagne virulente avait visé le président de la Commission parlementaire des Travaux publics, le député de Beyrouth Mohammad Kabbani, l'accusant d'avoir convoqué sa commission à une réunion en dépit de la décision du président Michel Aoun de suspendre pendant un mois les réunions du Parlement. Certains commentaires avaient même dénoncé une tentative de limiter, «par une interprétation particulière de la Constitution», les pouvoirs du président. Mais lorsque le député Ibrahim Kanaan a convoqué la commission des Finances et du Budget pour examiner le projet du budget 2017, transmis par le gouvernement, aucune réaction n'a été enregistrée sur les réseaux sociaux. Les milieux du Futur ont regretté «la mauvaise foi» des partisans du CPL, qui recherchent la polémique à tout prix.   

Skaff indésirable
Après avoir mené une bataille acharnée contre Myriam Skaff, lors des municipales de mai 2016, les partis chrétiens poursuivent leur tentative d'isolement de la présidente du Bloc populaire à Zahlé. Le CPL, les FL, les Kataëb et le président du Conseil municipal Assaad Zgheib, se sont réunis le 20 avril sous l'égide de l'évêque grec-catholique Issam Darwiche, pour discuter de questions concernant la ville. Myriam Skaff, qui représente pourtant le tiers de l'électorat, n'était pas conviée.    

Un faux sursaut écologique
Des observateurs de la scène politique ont noté la multiplication des piques lancées par l'ancien ministre Wiam Wahhab au ministère de l'Intérieur, dont il a critiqué l'inaction dans l'affaire de la méga-carrière de Dahr el-Baidar. Pourtant, M. Wahhab et le ministre Nouhad Machnouk sont liés par une vieille amitié. Derrière ces flèches, il y a autre chose qu'un sursaut écologique de M. Wahhab, assurent les observateurs.  

Les priorités de Talal Arslan
Le ministre des Déplacés, Talal Arslan, a fermement rejeté des demandes formulées par diverses forces politiques pour accélérer la finalisation de dossiers concernant leurs fiefs respectifs. M. Arslan a rappelé à ses interlocuteurs que son ministère avait été créé, à l'origine, pour indemniser les déplacés de la Montagne, par conséquent, les localités de cette région resteraient sa priorité. «Si j'ai ensuite le temps et l'argent, je m'occuperais de vos affaires», a-t-il répondu à ses interlocuteurs.

La poignée de main qui dérange
La poignée de main échangée entre le mufti de la République, cheikh Abdel Latif Derian, et l'ambassadeur de Syrie, Ali Abdel Karim Ali, début avril, lors d'une cérémonie en hommage à l'écrivain Raghid Solh, à l'Alumni de l'Université américaine, a suscité un tollé sur les réseaux sociaux. Des observateurs avertis ont attribué cette campagne de dénigrement à de l'«ignorance». En effet, les internautes ne savent pas que cheikh Derian doit son élection à son poste au soutien qu'il a reçu d'al-Azhar mais aussi de l'institution religieuse sunnite en Syrie, qui a traditionnellement une grande influence dans le choix du mufti au Liban. C'est l'ambassadeur Ali qui avait géré ce dossier à l'époque.    


Hariri joue les intermédiaires
Le débat sur la loi électorale a rebattu les cartes des alliances politiques qui ont prévalu sur la scène libanaise ces dix dernières années. De profondes divergences sont apparues entre le duo chrétien, composé du Courant patriotique libre (CPL) et des Forces libanaises, et le tandem chiite, composé du mouvement Amal et du Hezbollah. Cette situation inédite a permis au chef du gouvernement, Saad Hariri, de se soustraire aux fortes pressions auxquelles il était soumis du fait de l'affaiblissement du Courant du futur à la veille des élections. Non seulement M. Hariri a accepté la proportionnelle après s'y être fermement opposé, mais le voilà qu'il propose ses services d'internédiaire entre les chiites et les chrétiens. 

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