Magazine Le Mensuel

Nº 3079 du vendredi 7 juillet 2017

Temps fort

Nadine Labaki: L’authenticité, la clé de la réussite

Son succès fait rêver toute une génération de réalisateurs et d’acteurs libanais. Ses deux premiers films, Caramel, suivi de Et maintenant, on va où?, ont séduit à l’étranger comme sur le territoire national. Elle se confie à Magazine.

Vous avez réalisé les films les plus rentables de l’histoire du 7e art libanais, quels sont vos secrets de réussite?
Il n’existe pas vraiment de recette magique mais peut-être que le succès de mes films réside dans le fait qu’ils racontent des histoires simplement proches de la réalité. Les personnages de mes films sont des gens auxquels n’importe qui peut facilement s’identifier. La plupart du temps, je n’embauche pas des acteurs mais de «vrais» gens que j’ai rencontrés, qui m’ont touchée et à qui j’ai demandé d’être dans mes films ce qu’ils sont vraiment dans la vie. Je suis obsédée par la nature humaine et c’est ce que j’essaie de refléter dans mes films. Peut-être que s’ils trouvent aisément leur public c’est simplement parce que je m’intéresse à ce que la plupart des gens aiment.

Quels sont les principaux défis que doit relever le cinéma libanais aujourd’hui?
Pour que le cinéma libanais devienne une vraie industrie, il faudrait d’autres films qui marchent à l’étranger et qui engendrent des entrées dans plusieurs pays. Il ne peut pas être rentable s’il se limite aux entrées dans les salles libanaises. Si les films parviennent à s’exporter et à se faire connaître dans le monde, cela pourra attirer les investisseurs et faciliter le financement des productions.
Cela dit, c’est tout à fait normal qu’on ne soit pas encore au stade d’une industrie, nous faisons toujours nos premiers pas. On va sûrement encore trébucher un peu avant de pouvoir courir.

Que voulez-vous dire à la nouvelle génération de professionnels libanais?
J’ai remarqué qu’il existe peut-être un certain complexe chez de jeunes réalisateurs ou étudiants à faire des films qui parlent au plus grand nombre, des films accessibles à tous. Le résultat est que cela donne parfois des œuvres difficilement compréhensibles. C’est dommage car un film commercial qui a bien fonctionné en salles ne veut pas forcément dire qu’il est mauvais.

Selon vous, existe-t-il une «patte» du cinéma libanais?
Jusqu’à maintenant, il s’est produit des expériences très différentes dans le cinéma libanais, avec des réalisateurs qui ont chacun leur propre univers et c’est une très bonne chose. Il n’existe pas vraiment une identité spécifique et propre au cinéma libanais aujourd’hui. Cela dit, on peut dire qu’il existe une forte personnalité qui peut se refléter dans les dialogues. C’est ce que j’essaie de montrer dans mes films: la manière d’être des Libanais.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre prochain film?
Tout ce que je peux vous dire c’est que les acteurs principaux seront des enfants et que le nom provisoire du film est Capharnaüm. Il devrait sortir d’ici un an.

Soraya Hamdan

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