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Nº 3080 du vendredi 4 août 2017

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Valérie Pécresse. Collaboration entre l’île-de-France et Beyrouth

C’est sous le signe du développement et de la coopération que fut placée la visite au Liban de Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, les 18 et 19 juillet. Malgré un emploi du temps chargé, elle a accordé en exclusivité à Magazine un entretien dans lequel elle parle des objectifs de son séjour.

Ancienne députée, Valérie Pécresse a été ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sous le mandat de Nicolas Sarkozy ainsi que ministre du Budget et porte-parole du gouvernement de François Fillon. En 2013, elle a présidé le groupe d’études sur les chrétiens d’Orient à l’Assemblée nationale. Depuis décembre 2015, elle est la présidente du Conseil régional d’Ile-de-France (IDF).
«La collaboration entre l’Ile-de-France et Beyrouth est historique. Elle date des années 90. Elle s’est largement assoupie ces dernières années, mais il faut la réveiller». C’est avec ces paroles que Valérie Pécresse entame l’entretien. Pour elle, cette collaboration est stratégique et repose sur une très solide amitié entre le Liban et l’Ile-de-France, où la communauté franco-libanaise est très puissante. «Je suis accompagnée par mon vice-président Patrick Karam qui est d’origine libanaise, chargé de la citoyenneté et du sport, mon conseiller en communication qui est franco-libanais, Jean-Marc Zakhia. Il existe des ponts qui ont été construits entre le Liban et l’Ile-de-France depuis de nombreuses années».

Le Bois des Pins
Sur le plan de l’environnement, l’IDF a financé en partie la reconstitution du Bois des Pins. «Nous voulons poursuivre cette collaboration. Lorsque j’ai rencontré le maire de Beyrouth, Jamal Itani, nous en avons parlé. Je souhaite que le bois puisse être rouvert. La municipalité de Beyrouth le souhaite également. Nous sommes prêts à travailler sur les projets des maisons botaniques et sur tous les aspects environnementaux liés à la ville», affirme Mme Pécresse. Elle fait également part de la volonté du président de la municipalité de Beyrouth d’utiliser les déchets pour les transformer en gaz et en énergie. «L’IDF est à la pointe sur ces sujets. Nous sommes prêts à apporter notre assistance et notre expertise sur tout projet d’urbanisme, c’est la raison pour laquelle je suis aussi accompagnée par le directeur général de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme libanais, organisme associé au Conseil régional d’IDF dirigé par Fouad Awada». Il y a eu des expertises sur tout ce qui est plan de la circulation, la circulation douce, la rénovation. «Nous sommes prêts à accompagner le Liban dans tout ce qui a trait à la rénovation urbaine, qui est un domaine d’expertise de la région IDF».
Concernant la formation au génie urbain, la région IDF projette de financer une formation avec le CNAM (Conseil national des arts et métiers) qui est présent à Beyrouth pour former des spécialistes du génie urbain. «Nous allons élargir la collaboration qui était plus traditionnellement centrée sur l’urbanisme et l’environnement pour l’ouvrir à l’humanitaire et à l’universitaire avec l’ESA, où nous avons financé le FABLAB. Nous allons inscrire Beyrouth dans notre incubateur de startup francophones, SPRINT, qui réunit nos partenaires francophones. Cette année, 200 jeunes entrepreneurs ont bénéficié de ce programme, qui consiste à aider et coacher les jeunes entrepreneurs dans les pays francophones».

Collaboration universitaire
Sur un autre plan, Valérie Pécresse souligne que le Conseil régional d’IDF a proposé, avec la Fondation Charles de Gaulle, d’aider au financement d’un hologramme de l’ancien président français pour l’Institut Charles de Gaulle de l’ESA. Une collaboration est également envisagée avec l’université saint-Joseph. «Nous proposons d’accueillir 10 jeunes doctorants libanais à la Cité internationale de Paris. Il y a beaucoup de Libanais qui viennent étudier en France et nous tenons à la francophonie. Nous voulons leur faire le meilleur accueil».
La présence de Xavier Emmanuelli, ancien ministre de Jacques Chirac et président fondateur du SAMU social de Paris, contribuera à renforcer la collaboration avec l’ONG Amel pour créer un SAMU social à Beyrouth, destiné à s’occuper des enfants de rue.
Concernant le volet culturel, Valérie Pécresse, qui était accompagnée de Fabienne Voisin, directrice de l’Orchestre philharmonique d’IDF, souligne l’échange culturel entre le Liban et la région IDF. Sur le plan sportif, une salle de sport va être aménagée à l’ESA. «Nous allons financer l’équipement de la salle d’escrime à l’ESA et procéder à des échanges d’escrimeurs».

Les chrétiens d’Orient
Fermement engagée sur la question des chrétiens d’Orient, Valérie Pécresse avait présidé, alors qu’elle était députée, un groupe d’études à l’Assemblée nationale s’occupant de la défense des chrétiens d’Orient et des minorités persécutées par l’Etat islamique. Elle fut également à l’origine de la conférence internationale tenue à Paris en 2015 autour de ce thème. C’est ce groupe qui a été le fer de lance pour faire bouger la diplomatie française sur ce sujet, alors qu’elle était un peu réservée sur cette question. Il a permis des avancées considérables au niveau de la diplomatie. Le président Michel Aoun l’a remerciée et félicitée sur son action, au cours d’un entretien. «Il était très fier que quatre étudiants libanais aient intégrés l’école Polytechnique cette année. Il nous a dit qu’il tenait énormément à ces échanges universitaires avec la France. Nous lui avons également fait part de notre souhait de conforter la francophonie. Nous ne voulons pas que les jeunes Libanais cèdent à la tentation des Etats-Unis. Aujourd’hui nous avons introduit des programmes multilingues en France».
Bien qu’elle ne représentait pas l’Etat français dans le cadre de cette visite et qu’elle n’avait pas l’autorité de prendre des positions politiques, la question des réfugiés syriens n’a pas été absente de la rencontre entre le président de la République et Mme Pécresse. «Le général Aoun a souligné le poids très lourd des réfugiés, ces millions de déplacés, qui pèsent sur l’Etat libanais. Je l’ai assuré du soutien de la France pour que l’Etat libanais reste solide, stable et prospère, afin de gérer cette crise migratoire et de travailler
sur la paix en Syrie de manière très urgente, afin que toutes ces personnes puissent rentrer chez elles». Pour elle, la coopération décentralisée constitue, aujourd’hui, une manière moderne d’aider au développement des échanges et à la prospérité des métropoles. «Les capitales sont les moteurs d’un grand nombre de pays. La région d’IDF représente le tiers de la richesse de la France. Je crois que c’est la même chose pour le Liban. Beyrouth est un puissant moteur économique, culturel, universitaire, de recherche, d’innovation. Il existe une coopération naturelle entre Beyrouth et l’IDF. Pour moi c’est une évidence».
Au cours de sa visite, une nouvelle feuille de route a été signée avec le président de la municipalité et le mohafez de la ville de Beyrouth. «Nous aimerions que toutes les études menées grâce à l’IDF sur le plan Lumière (éclairage), sur le plan Vert (espaces verts), plan de la circulation, circulation douce (vélo), transports en commun, puissent maintenant se concrétiser. Nous sommes prêts à travailler sur les appels d’offres et à aider Beyrouth si elle souhaite mettre en œuvre ces projets».
Valérie Pécresse souligne l’importance de la diaspora libanaise en IDF, qui est particulièrement dynamique et apporte beaucoup à la région. «Nous avons recentré les priorités de la région IDF sur trois domaines: là ou nous avons la population d’origine qui sont nos ambassadeurs et qui peuvent aider, là où nous avons des intérêts économiques et là où il y a des besoins humanitaires. Le Liban coche toutes les cases liées à cette stratégie».
Le projet mené par Xavier Emmanuelli en collaboration avec l’ONG Amel s’inscrit dans le cadre du renforcement de l’aide humanitaire. En premier lieu, une action avec les enfants et les jeunes réfugiés et en second lieu, un plaidoyer au niveau de l’Europe avec la participation de la Grèce et de l’Italie. «Nous travaillons sur le socle du SAMU social que mes équipes vont monter ici. La question des réfugiés n’est pas spécifique au Liban, elle concerne toute l’Europe. Il faut que toutes les opinions se réveillent», explique-t-il.

Les transports
Pour son premier séjour au Liban, Valérie Pécresse confie qu’elle est impressionnée par la Résidence des Pins. «On a l’impression d’être dans un livre d’histoire. C’est très émouvant de résider dans ce lieu qui a vu passer tant de grands hommes politiques français, connu tellement d’heures importantes dans l’histoire du Liban. Puis découvrir Beyrouth, avec son bouillonnement et son foisonnement. On a l’impression que la ville est en pleine construction et cela donne l’image d’une grande vitalité. Je découvre que les embouteillages ne sont pas une spécificité parisienne. C’est un signe de vitalité et d’un besoin évident de transports. L’IDF est une experte en situation critique de transports. On peut beaucoup aider à ce niveau».
Profondément féministe, elle estime que l’entrepreneure libanaise est extrêmement «punchy». Pour elle, le soutien à l’émancipation des femmes en Orient est très important. «Je sais que la femme libanaise a beaucoup d’influence sur la société».

Joëlle Seif

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