Magazine Le Mensuel

Nº 3083 du vendredi 3 novembre 2017

Événement

Au gant rouge. D’un siècle à l’autre

Depuis 150 ans, le Gant rouge est une institution. Cette entreprise développe encore ses activités, avec l’ouverture de Carré d’artistes, au centre-ville.  Au Gant rouge, c’est une belle histoire de famille. Celle des Melki, qui s’investissent, de génération en génération, dans cette enseigne. «C’est le grand-père de mon père qui a fondé Au Gant rouge en 1867», explique Maria Melki-Fatte, qui gère aujourd’hui les deux boutiques d’Achrafié et du centre-ville avec sa sœur Nayla Melki el-Hajj et leur maman, Andrée Melki. Sa fille aînée, Maissa, qui représente la 5ème génération, vient elle aussi de rejoindre l’entreprise.
Le magasin originel prend place à Souk el-Tawilé, dans le centre-ville de Beyrouth, avec environ 1000 m2 de rayonnages emplis d’articles divers destinés à la maison, dont les arts de la table. En 1970, alors que son mari se consacre à sa profession de médecin tout en assurant les fonctions de Pdg de la société du Gant rouge, c’est Andrée Melki, véritable femme de poigne, qui prend les rênes du magasin. Cinq ans plus tard, le début de la guerre marque un sévère coup d’arrêt. Pris dans les soubresauts du conflit, le centre-ville est détruit. Le magasin n’est pas épargné. Il ne reste plus rien des articles précieux, porcelaines, cristal et verreries qui ont fait le succès de l’enseigne. Andrée Melki ne baisse pourtant pas les bras. Elle se relocalise  à Achrafié en ouvrant une nouvelle boutique au 1er étage d’un immeuble rue Ferneiné. Déjà, le Gant rouge importe des marques françaises exclusives telles de Puiforcat, l’argenterie Ercuis, ou encore les porcelaines de Limoges Raynaud. En 1982, alors qu’Achrafié ploie à son tour sous les bombes, les Melki décident de se replier vers Kaslik. L’enseigne y restera jusqu’en 2003. L’année 2003 marque le grand retour de l’entreprise au centre-ville. Au Gant rouge prend ses quartiers dans un nouveau magasin de 350 m2, donnant sur les rues Allenby et Fakhry Bey.
«Nous avons été parmi les premiers à nous réinstaller dans le carré d’or du centre-ville», indique Maria Melki-Fatte. Les deux boutiques ont été conçues par son mari, l’architecte d’intérieur Rony Fatte. Au fil des années, Au Gant rouge est devenu une référence pour tous les connaisseurs des arts de la table, mais pas seulement. «Nous nous développons énormément, tout en conservant nos marques historiques, certaines sont avec nous depuis plus de 50 ans. Ercuis célèbre d’ailleurs ses 150 ans, comme nous». «Nous avons élargi le créneau des arts de la table et le côté déco, en amenant aussi, pour suivre les tendances, des artistes», témoigne Mme Melki-Fatte. L’entreprise a su s’adapter aux tendances du marché et aux demandes d’une clientèle exigeante, en important une quinzaine de marques et d’artistes européens, la plupart en exclusivité au Gant rouge.

Nouvelle aventure
Si 2017 marque les 150 ans de l’entreprise, il s’agit aussi d’une nouvelle étape dans son développement. «Nous venons d’ouvrir une franchise exclusive de Carré d’artistes, une galerie française d’art contemporain réputée avec déjà 36 galeries dans le monde, à Paris, New York, Shanghai, Moscou», annonce-t-elle. Ce nouvel espace, qui jouxte le magasin de la rue Fakhry Bey proposera aux amoureux d’art contemporain des œuvres d’artistes triés sur le volet.
Le 9 novembre, une soirée d’anniversaire exceptionnelle attend les invités du Gant rouge et de Carré d’artistes. Les Melki ont fait appel à Rabih Keyrouz pour imaginer un décor de porcelaine réalisé par Raynaud. Des artistes libanais ont été invités à personnaliser les vitrines conçues par le décorateur Gregory Gatserelia, d’une manière inédite. Durant la soirée, le peintre Daniel Castan effectuera une performance live. Une nouvelle aventure de la famille Melki qui devrait, à n’en pas douter, connaître aussi le succès.

Jenny Saleh

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