Magazine Le Mensuel

Nº 3086 du vendredi 2 février 2018

Temps fort

le Dr Raymond Sayegh confirme. Des médecins syriens dans les hôpitaux

Des médecins syriens dans les hôpitaux libanais, c’est désormais une réalité. Le  président de l’Ordre des médecins, Dr Raymond Sayegh, nous en dit plus.

Est-il vrai que des médecins syriens pratiquent illégalement la médecine au Liban?
Nous n’avons pas de chiffres officiels mais je peux confirmer que nous avons dû traiter une vingtaine de cas concernant des Syriens qui exercent illégalement la médecine dans des hôpitaux libanais.

Quelles sont les régions les plus particulièrement touchées par ce phénomène?
Ce sont surtout les hôpitaux situés aux frontières, au Liban-nord, dans la Békaa et au Sud. Ce phénomène est plus rare à Beyrouth.

Quelles sont les conditions requises pour qu’un médecin étranger puisse exercer au Liban?
Il faut remplir un certain nombre de conditions. D’abord être citoyen d’un pays appliquant la réciprocité avec le Liban, celle-ci étant consacrée par un accord bilatéral entre l’Etat libanais et l’Etat intéressé. Il faut être titulaire du baccalauréat libanais ou équivalent officiel, titulaire d’un diplôme de docteur en médecine reconnu par le pays d’origine et reconnu par l’Etat libanais, avoir un casier judiciaire vierge, réussir l’examen du colloquium organisé par le ministère de l’Education, être titulaire d’un diplôme de spécialité avec attestation des années de stage, avoir l’autorisation du ministère de la Santé au Liban. Une fois ces conditions réunies, le demandeur doit s’acquitter du droit d’inscription à l’Ordre des Médecins prévu par la loi.

Donc, pratiquement, tous les médecins syriens au Liban exercent de manière illégale. Que faites-vous pour mettre un terme à ces pratiques?
Quand nous avons eu vent de la situation nous avons d’abord alerté le Premier ministre qui nous a demandé d’adresser des requêtes aux ministères du Travail, de la Santé et de la Justice. Le ministère de la Santé a pris quelques mesures mais celles-ci restent insuffisantes. Généralement, ce sont les médecins libanais qui présentent une plainte à l’Ordre et nous prenons les mesures nécessaires. Malheureusement, l’Ordre des médecins ne dispose pas de prérogatives suffisantes et c’est le ministère de la Santé et les instances judiciaires qui doivent agir. L’Ordre n’a pas un service d’inspection ni un pouvoir d’exécution des sanctions sur le terrain.

Ce phénomène se limite-t-il aux hôpitaux?
Malheureusement, il s’étend aux dispensaires qui engagent des médecins syriens. Il existe également des prête-noms dans les hôpitaux privés ainsi qu’un personnel hospitalier de nationalité syrienne. Le Liban n’a aucun besoin de médecins supplémentaires. Nous avons toutes les spécialisations qu’il nous faut. Il y a également des médecins étrangers, syriens ou autres, qui travaillent dans des organisations humanitaires internationales exerçant au Liban tels que le CICR ou Médecins sans frontières. Ces organisations ont une obligation majeure, celle de respecter les lois du pays où elles se trouvent. Elles doivent obtenir l’accord du ministère de la Santé et l’approbation de l’Ordre des médecins.

Joëlle Seif

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