Du front de mer au centre-ville en passant par les gratte-ciel de la rue Haimari, quelles sont les dernières tendances du fleuron de l’immobilier?
DOWN TOWN: LE CARRE D’OR.
Avec un prix moyen de 6 904 dollars le m2, le cœur historique de Beyrouth est la région la plus chère de la capitale. Apparu il y a 15 ans en tête du top 5, le projet de Solidere se maintient depuis en première place. «Le cadre urbain est impeccable. L’environnement est maîtrisé de A à Z, du trottoir à la poubelle en passant par le panneau publicitaire», résume Guillaume Boudisseau, consultant immobilier chez Ramco. «Si les prix de ces appartements sont élevés, cela ne signifie pas qu’ils se vendent mieux», nuance l’expert qui évoque «des centaines d’invendus dans le centre-ville de Beyrouth». A l’intérieur de ce pré-carré entièrement rénové au sortir de la guerre, le prix du foncier varie sensiblement d’un quartier à l’autre. Les surfaces les plus onéreuses se situent à Saïfi village, où le mètre carré oscille autour de 7 133 dollars. «C’est assez paradoxal étant donné l’aspect bruyant des lieux dans cette région qui est entourée de voies de circulation», remarque toutefois le spécialiste. S’ensuit la zone ultra-sécurisée de Wadi Abou Jmil, laquelle abrite notamment la Maison du Centre, propriété du Premier ministre Saad Hariri. Les appartements y sont vendus à 7 100 dollars/m2; des villas privées et de petits immeubles de charme. Une troisième entité est la ville nouvelle de Minet el-Hosn, du centre d’affaires Starco jusqu’à l’avenue des Français surplomblant la marina de Zeytouna Bay. L’endroit est surtout composé de grandes tours avec vue sur mer avec des prix proches de 6 883 dollars/m2. Dernier du peloton, le district Foch-Allenby propose les logements les moins coûteux du centre-ville. Il faut compter tout de même 6 500 dollars/m2 pour un appartement donnant sur le port.
LE FRONT DE MER, D’AÏN EL-MREISSEH à RAMLET EL-BAIDA.
De la pointe de Beyrouth à Ramlet el-Baïda, certaines tours qui courent le long du littoral affichent les prix les plus élevés du marché. «Le front de mer a toujours été un quartier cher, surtout apprécié par les ressortissants du Golfe. Maintenant qu’ils ne sont plus là, il reste l’élite locale, mais il y a aussi beaucoup d’invendus», rappelle Guillaume Boudisseau. Le mètre carré est vendu en moyenne à 6 667 dollars, culminant à 8 500 dollars/m2 à Manara, «un îlot indépendant par rapport à son environnement, entouré de terrains abandonnés où les promoteurs demandent une fortune», note l’expert. Le paysage urbain demeure très hétérogène. «On trouve quelques immeubles figurant étrangement au top du marché parce qu’ils sont situés en front de mer. Mais ça n’est pas vraiment justifié d’un point de vue urbain. Les vues peuvent être bouchées, les habitations autour sont souvent dégradées», relève Boudisseau. A Raouché, «on voit des tours plutôt bas de gammes proposées à des prix ahurissants».
SURSOCK, TABARIS, FURN EL-HAYEK: L’ACHRAFIE BOURGEOIS.
Avec son alliage de musées et de demeures cossues – proposées à partir de 5 000 dollars/m2 – le quartier Sursock conserve son chic et sa notoriété. Une aura à l’origine de la cherté des terrains. «Sa réputation lui vaut de s’attirer une clientèle aisée, créant un effet boule de neige», explique Guillaume Boudisseau. Idem pour le bâti qui s’étend de Saïfi (5 133 dollars/m2) à Furn el-Hayek (4 675 dollars/m2) de l’autre côté de la rue Charles Malek.
GEORGES HAIMARI: LA RUE DES POLITIQUES.
Nichée entre l’avenue de l’Indépendance et la rue Beydoun, l’artère reliant la Tour Rizk à l’ABC présente un standing supérieur au reste du quartier, à savoir les abords de la place Sassine. Sky Gate, Tilal Tower, Atomium Towers, ces gratte-ciel de 40 à 60 étages détonnent avec le tissu environnant. A l’intérieur, les surfaces sont forcément spacieuses, avec des superficies allant de 500 à 800 m2. Affectionné par les hommes politiques et les diplomates étrangers, la rue Haimari, située à flanc de colline, jouit d’une une vue incroyable sur Beyrouth, la mer et la montagne.
AUTOUR DU CAMPUS DE L’AUB.
A Hamra, la région limitrophe de l’Université américaine de Beyrouth est la plus prisée de Beyrouth ouest. Surtout lorsque les appartements bénéficient d’une vue sur le campus. Il faut compter près de 4 487 dollars le m2. «Les appartements les plus chers se situent entre les rues Makdessi et Sidani, un quartier très apprécié des professeurs et des médecins qui ont un pouvoir d’achat important», indique Guillaume Boudisseau. Les tarifs déclinent lorsqu’on descend vers le sud. Sur la colline de Koraytem, le mètre carré est à 4 200 dollars contre 4 100 dans la région de Verdun.
Source: Ramco, classement 2017.
Les prix mentionnés correspondent aux tarifs demandés au premier étage avant négociation.
Philippine de Clermont-Tonnerre