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Nº 3088 du vendredi 6 avril 2018

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Place de l’étoile. Les commerçants priés de revenir

Trois mois après le retrait des blocs de béton aux abords du Parlement, la reprise de l’activité marchande se fait toujours attendre. Depuis, les autorités tentent d’inciter les investisseurs et consommateurs à se réapproprier la région.  

Dans la rue el-Maraad, Houssam Singer dresse les tables de son restaurant. Le manager sait qu’il ne fera pas le plein de couverts aujourd’hui. «On ne stagne pas mais on avance doucement», confie le responsable de Beiruti Atik, un restaurant libanais ouvert il y a 4 mois en lieu et place du Petit café, fermé après des années de bunkerisation du quartier du Parlement. Le 3 janvier dernier, les blocs de béton installés à l’été 2015 au niveau des accès menant au bâtiment ont été retirés à la demande du président de la Chambre, Nabih Berry. Mais après 2 ans et demi d’isolement de la zone, les allers-venues restent timides. «Pour l’instant, on n’est qu’à 50% de notre capacité. Ce serait mieux si mes tables étaient toutes remplies de midi à 22h», reconnaît-il avec un sourire. «Rien n’a changé, on a toujours aussi peu de monde», déplore quant à elle cette vendeuse d’une épicerie située dans la rue Hussein el-Ahdab, de l’autre côté de la place. Houssam, lui, veut croire que le site retrouvera son dynamisme. «Les gens de Beyrouth adorent cette région. Je pense qu’ils vont revenir», gage-t-il.

Des loyers réduits
Dans la foulée de la réouverture de la zone, un comité a été créé à l’initiative du Premier ministre Saad Hariri pour redynamiser la région. L’objectif est d’inciter les commerçants comme les piétons à se réapproprier l’espace. Ses membres sont en pleines négociations avec les propriétaires des échoppes – essentiellement d’anciens waqf détenus par les églises orthodoxe et maronite – pour les convaincre d’appliquer des loyers réduits. Les futurs nouveaux locataires pourraient ainsi bénéficier d’un bail gratuit la première année, d’une remise de 50% la seconde, et n’en payer l’intégralité qu’au bout de la troisième année. «En faisant bien leurs calculs, les propriétaires ont intérêt à faire quelques sacrifices préalables sinon on en a pour des années de désertification qui fera tâche d’huile vers la partie sud du centre-ville, encore relativement préservée», souligne Nicolas Chammas, membre du comité et président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB). Il dit mener en parallèle des contacts «avec de grands noms de la restauration et du commerce» qu’il souhaiterait voir investir les lieux. «Nous privilégions les nouvelles compagnies. Il faut que les commerçants puissent attirer une clientèle issue de toutes les catégories sociales, économiques et démographiques».

Des festivals organisés
Mais pour revenir, les commerçants veulent des garanties. A commencer par celle que de nouvelles mesures draconiennes ne seront pas reprises aux abords du Parlement. «On a eu des assurances verbales des différents acteurs concernés mais ça ne suffit pas. Il nous faut un engagement au niveau légal», poursuit Nicolas Chammas qui déplore que «le dossier n’aille pas assez vite».
Le centre-ville était déjà en perte de vitesse depuis le plan sécuritaire instauré après les affrontements de 2008. Sept ans plus tard, les commerces n’ont pas survécu à la quasi-fermeture de la place de l’Etoile. Si les piétons pouvaient pénétrer dans la zone, les entrées étaient scrupuleusement filtrées par les forces de l’ordre. Résultat: la population a peu a peu déserté la place de l’Etoile, se rabattant sur les bars situés dans la rue Uruguay. «Le manque à gagner est estimé à plus de 500 millions de dollars par an dans le seul quartier du Parlement où plusieurs dizaines de boutiques ont fermé après les manifestations de 2015».
Pour encourager les habitants à revenir, la municipalité de Beyrouth, membre du comité, a lancé une campagne baptisée Beirut reviving Beirut. «On veut créer une nouvelle atmosphère pour faire revenir les gens dans cette zone qui était un no man’s land, un endroit perçu comme trop sérieux. Il faut que la place devienne une destination de week-end pour les citadins», explique Khalil Choucair, membre du conseil municipal. Quatre manifestations ont déjà été organisées. Pour la fête des mères, une patinoire a été installée autour du rond-point de l’horloge. Fixé à 10 $, le ticket pour 1h de patinage a été subventionné par les organisateurs.

PHILIPPINE DE CLERMONT-TONNERRE

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