A 27 ans, Nassim Njeim est revenu au Liban avec une ambition: aider les agriculteurs libanais à pouvoir vivre de leurs récoltes. Rencontre.
Pouvez-vous présenter Caesar Cider? Comment avez-vous eu l’idée?
C’était en 2015, les agriculteurs libanais vivaient ce que l’on appelait alors «la crise des pommes». Avec la guerre en Syrie, la fermeture des frontières et la concurrence des produits européens, les producteurs libanais étaient en grande souffrance. Ils ne parvenaient plus à écouler leur production. A ce moment-là, j’étais en Afrique du Sud pour un stage de master. Là-bas, j’ai découvert le «Hunter», un cidre qui faisait sensation. Je me suis dit que cette boisson faite à partir de pommes pourrait être un bon moyen d’aider les producteurs libanais à s’en sortir. C’est ainsi qu’est née l’idée de Caesar Cider, un cidre libanais, élaboré à partir de pommes fraîches.
Comment travaillez-vous aujourd’hui?
Entre 40 et 45 % de la production de pommes libanaises va directement à la poubelle, en raison de la forme ou de l’aspect des fruits qui sont invendables sur le marché. Pourquoi ne pas transformer cette production en jus et cidre frais? C’est toute l’idée de Caesar Cider, nous récupérons ces pommes et les transformons en boissons fraîches. Nous travaillons aujourd’hui avec deux coopératives de producteurs au Liban soit 170 agriculteurs.
Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez en tant qu’entrepreneur au Liban?
Il y en a beaucoup. Si l’accès au capital est devenu un peu plus aisé qu’auparavant, les coûts d’enregistrement d’une société sont toujours très élevés, il en est de même pour les taxes. Il existe aussi beaucoup de challenges au niveau de mon secteur. Certains équipements ne sont pas disponibles au Liban et je suis obligé de les commander de l’étranger, ce qui revient plus cher mais également plus coûteux. Pour vous donner un exemple, nous n’avons même pas de bouteilles en verre au Liban. Il faut souligner aussi que le secteur des pommes a toujours été laissé pour compte par le gouvernement contrairement à la production d’olives qui bénéficie de nombreuses incitations. Il est donc plus difficile de développer ce secteur en l’absence de politique incitative sur le long terme.
Soraya Hamdan