Musicien éclectique, auteur, compositeur, Albert Tawil est un artiste qui n’a pas peur de mélanger les styles musicaux. Fils de la célèbre cantatrice libanaise Rima Tawil, il s’est rendu célèbre sur la Toile par une ré-interprétation d’une chanson du rappeur Booba. Magazine l’a rencontré à Paris, à l’issue d’un concert de Rima Tawil, salle Gaveau.
Comment tout a commencé pour vous dans la musique?
J’ai toujours baigné dans la musique, avec ma mère soprano et mon père, très mélomane. A l’âge de cinq ans, mon père m’a acheté un disque du Concerto pour violon en sol majeur de Mozart et depuis ce jour-là, je pleurais sous la table en criant vouloir jouer du violon. L’année d’après, j’étais inscrit au conservatoire.
D’où tirez-vous votre inspiration?
Je tire mon inspiration de tout ce qui m’entoure. Mes expériences, mes parents, mes amis, les artistes que je suis, les gens dans le métro, les endroits du monde que je visite etc. Tout ce qui peut me faire réfléchir.
Quel lien entretenez-vous avec le Liban? Est-ce une source d’inspiration pour votre musique?
Je suis extrêmement fier de mes origines. Je vais deux à trois fois par an au Liban, que je considère un peu comme ma «mère» et la France, comme mon «père». Evidemment, mon pays d’origine est une énorme source d’inspiration pour ma musique et moi. D’ailleurs, j’ai écris une chanson sur le Liban. Elle sera dans mon album qui sortira dans quelques mois.
Le looping … Pouvez-vous nous dire ce que c’est?
J’ai commencé le looping sur mon iPhone en 2011, avec l’application Everyday Looper. Mes amis en raffolaient, ce qui m’a encouragé à passer au niveau supérieur et à m’acheter une machine professionnelle de looping. Le concept est simple, on enregistre une phrase musicale qui tourne en boucle, puis on superpose d’autres phrases par-dessus, ce qui permet de créer progressivement un instrumental en direct, de contrôler chacune des pistes séparément et d’y apposer le chant.
Quels instruments utilisez-vous pour cela?
J’ai commencé le violon au conservatoire à six ans, puis été diplômé de solfège à treize ans. J’ai toujours aimé essayer de nouveaux instruments, puisque mes bases théoriques me procuraient une grande facilité dans la compréhension du fonctionnement des instruments. J’ai appris en autodidacte le piano, la guitare et les percussions. Je les utilise lors de mes prestations de looping.
Comment mixer classique/moderne sans créer d’effet «indésirable»?
C’est la question qui m’a hanté depuis que j’ai fini mes études de droit et que je me suis lancé corps et âme dans la musique. Mon but a toujours été de mêler la musique classique à la modernité dans mes chansons, mais c’est extrêmement difficile de le faire sans aboutir à un résultat «cheap». Cela a donc constitué toute l’épopée de ma découverte personnelle en tant qu’artiste compositeur ainsi que la découverte de mon style musical. L’important, c’est d’épurer la musique. J’ai mis du temps à le comprendre, mais maintenant j’ai trouvé ma recette secrète.
Vous accompagnez souvent votre mère sur scène, est-ce une expérience à part?
Jouer avec ma mère représente quelque chose de très spécial. D’une part émotionnellement et d’autre part professionnellement, car son professionnalisme m’inspire et m’apprend énormément jour après jour. J’ai eu l’occasion de jouer aux côtés de grands artistes tels que Denis Dubois, Christophe Giovaninetti ou encore Pierre Lenert à l’occasion de ces concerts.
Pour finir … Cette vidéo Youtube où vous interprétez la chanson de Booba, Kalash, a enregistré plus de 400 000 vues… Comment l’idée vous est-elle venue?
J’ai toujours aimé faire des covers de chansons que j’aimais à la guitare, comme au piano. Depuis mon adolescence, j’ai toujours adoré Booba, sans jamais pouvoir expliquer pourquoi auprès des gens qui dénonçaient ses propos avec véhémence. J’ai donc essayé d’adoucir les paroles de la chanson Kalash en y ajoutant une atmosphère acoustique. Au départ, j’ai chanté ma cover devant mes amis, ils ont été tellement emballés qu’ils m’ont supplié de la poster sur Youtube. Je n’imaginais pas une seule seconde qu’elle allait faire autant de bruit ou que Booba allait la partager sur son compte Instagram.
Marguerite Silve, à Paris