Définie comme étant un état de sensibilité excessive du corps aux stimulations ou aux changements d’environnement intérieurs ou extérieurs, la migraine n’est pas une fatalité. A quoi est-elle due? Quelles sont les nouveautés thérapeutiques?
Les migraineux d’après le Dr Kamal Kallab, neurologue et ancien doyen de la Faculté de médecine à l’USEK, sont «les gens de l’extrême centre». La migraine se déclenche chez eux pour un rien. Certains changements d’environnement, intérieurs u extérieurs, peuvent la provoquer. Lorsque, par exemple, nous sommes frappés par la faim, la chute du glucose dans le sang peut causer une migraine. Chez les femmes, la survenue des règles peut provoquer ce mal, en raison du changement hormonal.
Les variations météo peuvent être aussi en cause. D’autres facteurs, comme la contrariété psychique, le manque de sommeil, certains aliments, etc. sont susceptibles d’être à l’origine de cette douleur, surtout chez les personnes qui ont un seuil de réactivité bas aux modifications de l’environnement. Cela fait partie de la constitution de leur corps, puisqu’elles ont une sensibilité excessive.
Fort heureusement, une personne migraineuse ne vit pas toute sa vie dans la souffrance. Elle fait, certes, face à des périodes difficiles. Cela se manifeste par des douleurs intenses, par la longévité de chaque épisode. Le «patient» peut souffrir, pendant cette période, 3 à 4 fois par semaine, voire même tous les jours. En revanche, dans le cadre des phases «faciles», il s’agit d’une petite migraine qu’une simple tasse de café peut calmer. Celles-ci sont généralement plus longues que les mauvaises périodes. Le Dr Kallab précise que les migraines peuvent s’estomper avec l’âge, principalement chez les femmes après la ménopause, avec une stabilisation des hormones. La gent féminine souffre davantage de migraine que les hommes, en raison du facteur supplémentaire d’instabilité dans leur organisme, à savoir le changement hormonal. L’hérédité joue aussi un rôle important dans la transmission de la migraine de génération en génération.
Quels traitements?
La migraine est très fréquente dans la population. « Le Liban doit avoir une prévalence égale à celle des autres pays. Dans ceux où l’on a entrepris des statistiques, 40% des individus sont migraineux. Sauf que sur les 40%, les trois quarts souffrent d’une petite migraine qu’ils sont capables de gérer seuls. Les autres ont besoin de se rendre chez un médecin », explique le Dr Kallab. Qu’en est-il du traitement ? Le traitement de la migraine n’est pas un traitement essentiel mais un traitement de qualité de vie. Dans les périodes dites «faciles» la prise d’antalgiques au besoin, suffit. Mais si la crise est plus douloureuse, 3 étapes sont impératives pour le traitement. Le premier c’est ce que le Dr. Kallab appelle les conseils de grand-mère: en essayant d’éviter les facteurs déclencheurs. Par exemple, éviter d’avoir froid aux pieds, la chaleur, la déshydratation, la faim, le manque de sommeil, etc.
Le deuxième volet consiste en un traitement préventif, pour pallier la survenue des crises. Plusieurs classes thérapeutiques peuvent être utilisées, en fonction de l’état de santé du malade, de ses antécédents médicaux. Ce sont notamment des comprimés à prendre tous les jours pendant 3 à 6 mois. Enfin, on peut recourir à des antalgiques spécifiques pour la migraine.
Les anticorps monoclonaux
Une classe thérapeutique envahit de plus en plus tous les champs de la médecine actuellement. Après les maladies inflammatoires et le cancer, ces anticorps s’«attaquent» aujourd’hui à la migraine. Traitement efficace bientôt disponible au Liban, il n’en demeure pas moins que des effets secondaires peuvent se présenter (augmentation de la possibilité d’attraper des infections et affaiblissement de l’immunité). Son prix, très cher, peut constituer une entrave.
Les recherches démontrent que l’origine des céphalées se situe au niveau de la pie-mère (une couche des méninges collée au cerveau et servant à le nourrir) et non au niveau de la dure-mère (couche des méninges externe et très résistante qui joue le rôle de protection du cerveau). Bien que les chercheurs affirment que l’identification des récepteurs impliqués dans la détection des messages douloureux pourrait constituer un nouvel axe de recherche pour le traitement de la migraine, le Dr Kallab précise qu’il ne s’agit que d’un simple détail qui ne suffira pas à révolutionner la prise en charge thérapeutique.
Natasha Metni