Magazine Le Mensuel

Nº 3090 du vendredi 1er juin 2018

general Immobilier

Hazmieh. Une envolée immobilière en suspens

Une centaine de terrains restent à vendre dans la région de Hazmieh. Mais l’interruption des prêts subventionnés par la Banque du Liban dissuade acheteurs et promoteurs.

Point d’atterrissage privilégié des citadins fuyant la congestion de la capitale, la région de Hazmieh s’est développée en deux temps. «De la fin des années 1990 à 2005, la cote du quartier de Mar Takla, situé en haut de la colline de Hazmieh, n’a cessé d’augmenter», explique Guillaume Boudisseau, consultant chez Ramco.

Une fois cette zone arrivée à saturation, les projets ont commencé à pousser à flanc de colline jusqu’au fleuve de Beyrouth. La construction depuis dix ans de cette zone vierge renfermant une centaine de terrains disponibles a donné naissance à un nouveau quartier baptisé New Mar Takla. On y trouve des surfaces abordables, entre 1 500 et 2 000 dollars le mètre carré. 

Des différences de prix, mais aussi d'architecture

«Le New Mar Takla est plutôt populaire avec des produits de moyenne gamme. Plus on descend vers le fleuve, plus les prix baissent», dit Guillaume Boudisseau. A l’inverse, les prix augmentent sur les hauteurs de Hazmieh où les logements se vendent entre 2 000 et 2 500 dollars le mètre carré. 

L’architecture non plus n’est pas la même. «Il y a surtout de petits immeubles individuels à deux étages différents des grandes barres d’immeubles avec plusieurs dizaines d’appartements à New Mar Takla», souligne Guillaume Boudisseau.

Autour de ce nouveau quartier, l’apparition de commerces a accompagné cette vague de développement. Une poignée de bureaux et boutiques ont émergé dans la région de l’ancienne usine Pepsi.

«Cette année, la situation est catastrophique»

Alors qu’une centaine de terrains restent à vendre sur l’ensemble de la région, l’envolée immobilière observée à Hazmieh a ralenti en 2017 pour quasiment s’interrompre en 2018. Une chute en partie due à la suspension des prêts subventionnés par la Banque du Liban (BDL).z

«Le marché avait déjà baissé de 10% en 2017 mais cette année la situation est catastrophique», constate Marc Haddad de l’agence JSK Holding. Guillaume Boudisseau précise :

«Ils ont fermé le robinet, donc il faut attendre au moins jusqu’à l’année prochaine. Les régions les plus affectées sont celles qui, comme New Mar Takla, proposent des produits grand public à destination de couples d’employés qui n’ont pas les moyens de prendre des prêts à taux élevés.»

A cette interruption s’ajoute une demande immobilière qui n’a jamais été aussi basse depuis 2015. Selon la Byblos Bank, seuls 3,8 % des résidents libanais ont exprimé leur volonté d’acheter ou de construire un bien immobilier dans les six prochains mois, contre 5,1 % lors du trimestre précédent.

A Hazmieh, un projet comme celui de Beirut Village, sur la colline de Asfouriyé, a été interrompu en 2015. «L’idée était de créer un quartier où prendrait place dans une continuité et une unité architecturale un programme résidentiel de très haut standing», explique l’un des architectes Ziad Akl.

« Les premières études de faisabilité ont eu lieu puis le projet a été mis en veilleuse. Les promoteurs sont confrontés à de grosses difficultés de commercialisation. Les gens ne prennent plus de risques. Ils construisent en vendant et ne font pas d’investissement en fonds propres».

Philippine de Clermont-Tonnerre

 

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