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Nº 3090 du vendredi 1er juin 2018

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Le numérique au service de la pédagogie. Un robot en classe pour les enfants malades

Le Grand lycée franco-libanais de Beyrouth (GLFL) s’est doté d’un robot installé en classe afin de permettre à des élèves de poursuivre leur scolarité malgré un arrêt maladie dès lors que leur absence excède une semaine.

Permettre à un élève malade ou hospitalisé de poursuivre sa scolarité, une petite révolution rendue possible au Grand Lycée depuis novembre 2017. Un élève de 6ème, que l’on nommera Sam, atteint de cancer et hospitalisé à Londres, a ainsi pu suivre ses cours à distance grâce à un robot resté du début à la fin de l’année en classe. Jusqu’à aujourd’hui, 3 élèves ont bénéficié de ce dispositif et ont pu poursuivre une partie de leur scolarité en temps réel pendant leur hospitalisation. «L’élève hospitalisé peut contrôler le robot depuis son lit d’hôpital à partir d’une tablette, d’un ordinateur portable ou d’un Smartphone», explique Olivier Toiron, le proviseur-adjoint au GLFL. Après s’être réuni avec Laura Saba, chef du service informatique au lycée, il a pensé que c’était une bonne solution. Mme Saba s’est mise à la recherche d’un produit déjà présent sur le marché et qui a fait ses preuves. C’est à l’Académie de Dijon, en Bourgogne, qu’elle trouve ce robot interactif. «J’ai eu cette idée grâce à un robot vu dans un musée à Autun à partir duquel les élèves pouvaient se connecter via leur portable. J’ai eu un déclic quand j’ai vu comment certains enseignants se connectaient virtuellement à travers le robot faute de pouvoir assister en temps réel», explique-t-elle. «C’est mieux qu’une connexion en visioconférence ou par Skype car le robot peut se déplacer à sa guise s’il le désire. C’est moins passif. L’avatar peut se déplacer techniquement. De plus, le robot ne dérange pas les enseignants car ils n’aiment pas être filmés. Le choix est tombé sur l’ordinateur BEAM de l’entreprise américaine Suitable Technology Enterprise représentée par AWABOT en France. Ce robot est en évolution continuelle pour améliorer son intelligence artificielle. Les nouveaux prototypes parviennent à diminuer le son des bruits d’ambiance pour se concentrer sur la parole humaine principalement. La présence physique et l’autonomie de déplacement offertes par le robot lui procurent un net avantage sur une solution de visioconférence classique.

ACTIF MALGRE LA MALADIE
Grâce au robot, l’élève est en mesure de circuler dans les couloirs, visiter les laboratoires, demeurant ainsi acteur de sa scolarité. «Ce maintien du contact avec les camarades et les enseignants, motive l’élève à revenir plus rapidement en classe. Cette solution valorise également le lien humain et les élans de solidarité entre l’élève, ses camarades et ses professeurs. Cette solution peut également permettre à des professeurs en incapacité de se déplacer de donner des cours à distance et éviter de prendre du retard sur leur programme» conclut Laura Saba. Au Grand lycée, «le robot interactif a été inauguré en novembre afin que Sam puisse assister aux cours de maths. Ses camarades ont bien réagi, trouvé l’expérience intéressante, le cours n’était pas perturbé. L’administration réfléchit à l’achat d’un deuxième engin. Il n’y a aucun surcoût à payer par les parents», précise M. Toiron . «Cela donner l’exemple aux plus jeunes en mettant la technologie au service des élèves malades» ajoute-t-il.
«Tout a commencé quand le papa de Sam a sollicité l’administration de l’école pour l’aider dans les études de son fils. Le jeune garçon avait décroché il y a 3 ans, au début de son hospitalisation» explique-t-il. «Le petit est adorable, c’est un élève exceptionnel qui accomplit des tâches formidables malgré ses lacunes, vu qu’il a raté beaucoup de cours!», relève Diane Obegi, professeur de mathématiques. «Dans son cas, raconte-t-elle, le robot a plus été d’un secours psychologique car il s’est projeté en classe. Sa participation dépend de l’énergie dont il dispose et il s’est connecté une bonne dizaine de fois». Le professeur a mis Sam en binôme avec un autre élève de la classe. «Hugo le plaçait, le guidait dans ses déplacements, lui expliquait les consignes. La récompense est surtout dans la motivation que l’enfant regagne car Sam devait s’habiller, se coiffer, avoir une attitude sérieuse car il allait paraître devant ses camarades de classe, il gardait un lien avec la réalité. Dans des cas de maladies moins graves, le robot serait bien plus efficace», estime Mme Obegi.

INTéRêT PéDAGOGIQUE
«Grâce à un avatar technologique, la téléprésence permet à des élèves qui ne peuvent suivre physiquement des cours d’y assister virtuellement», commente Bruno Lapetite, responsable de Pédagogie numérique et ingénieur à l’université de Bourgogne et dans le cas du GLFL, l’interlocuteur privilégié pour l’achat de ce modèle de robot. «Les robots de téléprésence offrent de multiples possibilités pour l’éducation: permettre à un enfant empêché de poursuivre sa scolarité dans son établissement habituel, d’y participer. Le robot favorise son retour, prépare activement son orientation avec des universités, des entreprises, lui permet d’accéder à des musées à distance», poursuit-il. «Ce robot permet aussi aux élèves de prendre rendez-vous avec leurs enseignants, de contrôler leurs horaires et de participer à des actions au sein de l’établissement. Le numérique interagit surtout à deux niveaux, il est à la fois une plateforme qui permet de gérer la communication entre les différents acteurs et maintient un lien pour les personnes isolées» conclut-il.

Micheline Abukhater

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