Magazine Le Mensuel

Nº 3092 du vendredi 3 août 2018

Temps fort

Roula Ajouz. «Ce patrimoine est notre pétrole à nous»

Si le potentiel du tourisme culturel et religieux n’est plus à prouver avec des milliers de sites répertoriés au Liban, la question est de savoir quand et comment le pays commencera-t-il à pouvoir profiter de ces atouts ?
 

Après des années de négligence, le secteur du tourisme culturel et religieux commence-t-il timidement à émerger? Dès 2010 pourtant, une unité spéciale, le «CRT» (Cultural religious tourism) chargée de son développement avait été mise en place au sein du gouvernement libanais au Grand Sérail avec pour objectif de placer le Liban sur la carte internationale des destinations pour le tourisme religieux. A l’origine, l’initiative avait été lancée pour soutenir le développement des municipalités libanaises car qui dit tourisme religieux dit développement des zones rurales.
Aujourd’hui où en est-on? Roula Ajouz Sidani, la coordinatrice du projet CRT explique. «J’ai beaucoup voyagé et j’ai commencé à constater cette tendance grandissante pour le tourisme culturel et religieux dans le monde. Je me suis alors posé la question de savoir ce que nous avions au Liban. On entend toujours parler des mêmes sites, Harissa, St-Charbel, il y en a bien plus, mais les Libanais eux-mêmes ne le savent pas par manque d’information. Seules  quelques brochures existaient ici et là, il manquait vraiment un référencement en détail des sites touristiques culturels et religieux».

Le Liban sur la carte
Quand elle lance l’unité CRT avec le gouvernement, l’objectif était alors de remettre le Liban sur la carte internationale du tourisme religieux. «Lorsque nous avons commencé notre travail, nous pensions identifier une centaine de sites mais très vite, nous avons été surpris d’en découvrir des milliers. Le problème était le manque d’information disponible et de chiffres officiels. Il existait bien déjà de nombreuses ONG et initiatives privées qui organisaient des tours pour faire découvrir certains de ces sites mais tout était éparpillé, rien n’était centralisé. Nous avons travaillé avec tout le monde pour essayer d’organiser le secteur, chercher et regrouper les informations».
Dès 2010, l’objectif du gouvernement était donc de créer des itinéraires de tourisme culturel et religieux, un peu à la manière du chemin de Compostelle. Mais les choses ont tardé à démarrer, le dossier comme beaucoup d’autres étaient dépendants de la situation politique et souvent relégué de côté.
Aujourd’hui, le programme a été relancé par le gouvernement libanais et financé à hauteur de 414 000 euros par l’Italie en mai dernier. «L’objectif est de contribuer à «la diversification du tourisme libanais en définissant le tourisme culturel et religieux, peut-on lire sur le site de l’Agence de développement italienne. Le but est aussi de créer des opportunités de développement économique pour les populations rurales et ce, via la réalisation d’études économiques, l’établissement d’une banque de données sur le potentiel de ces sites, l’établissement et le développement d’un produit touristique en phase avec les standards internationaux et une stratégie de marketing et de promotion».

250 sites pilotes
L’équipe de Roula a alors commencé par la réalisation d’un site Internet (http://www.sacredlebanon.com) qui a répertorié 250 sites pilotes et donne accès à des informations historiques et touristiques. Des cartes du Liban et brochures ont également été produites pour apporter des informations aux visiteurs potentiels. «L’objectif était de recouper des informations, des photos et des données sur ces sites. Nous avons travaillé avec des chercheurs, et commencé à produire des livres, des cartes du pays comportant des informations sur ces sites et initié des études économiques pour essayer d’attirer l’attention sur l’importance de développer ce secteur».
«Nous avons alors réalisé l’amplitude de ce projet: le développement du tourisme culturel et religieux pourra non seulement créer des emplois et opportunités dans les régions rurales mais aussi et surtout fera rayonner la diversité libanaise dans le monde entier. Nous voulons montrer que le Liban ne se limite pas aux boîtes de nuit et aux plages, c’est aussi une richesse culturelle exceptionnelle. Le Liban est un pays où les touristes dépensent en moyenne 300 dollars par jour entre le déjeuner, les sorties, la location de voiture. Une part de cette somme doit être allouée à découvrir la richesse culturelle du pays».

Soraya Hamdan
 

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