Le processus de formation du gouvernement devrait être redynamisé à partir de cette semaine après un gel consécutif aux voyages du président Michel Aoun à Strasbourg et à New York, début et fin septembre. Les démarches en étaient restées, officiellement, à la mouture présentée le lundi 3 septembre par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, et que le chef de l’Etat avait poliment déclinée. Mais les discussions s’étaient poursuivies loin des projecteurs entre MM. Aoun et Hariri, qui se seraient rencontrés à plusieurs reprises, discrètement, à la demande du chef du gouvernement sortant, afin de se soustraire aux pressions politiques et médiatiques. Aucun accord n’a été finalisé mais ces tête-à-tête ont montré une volonté des deux hommes de maintenir leur partenariat et d’essayer de surmonter les écueils qui ont retardé la naissance du Cabinet. Le plus sérieux obstacle est la répartition des quotas et des portefeuilles entre les deux principales formations chrétiennes: le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL). Cette question a été examinée lors de la rencontre à la Maison du centre, le 27 septembre, entre M. Hariri et le chef des FL, Samir Geagea. Des sources politiques informées affirment que des progrès ont été réalisés lors de cette réunion. Après le refus du camp présidentiel d’accorder quatre maroquins aux FL, comme le proposait M. Hariri, M. Geagea aurait accepté un compromis avancé par le Premier ministre désigné: quatre sièges ministériels dont la vice-présidence du Conseil (sans portefeuille) et les portefeuilles de l’Education, des Affaires sociales et de la Culture.
Lorsque la formule lui a été présentée avant son départ pour New York, le président Aoun ne s’est pas prononcé. Mais des milieux proches de la présidence ont laissé filtrer que la vice-présidence du Conseil pourrait être accordée aux FL, bien que le chef de l’Etat considérait ce poste comme faisant partie de son quota, ainsi que trois autres ministères: la Culture, les Affaires sociales et un ministère d’Etat.
Pour une bonne partie de l’opinion publique, toutes ces formules s’apparentent à des calculs de boutiquiers et à des querelles de puissants, qui se partagent le pouvoir entre eux. Quoi qu’il en soit, ces informations, confirmées par des sources diverses, dénotent une volonté de déblocage chez les principaux protagonistes, dont les revendications et les contre-revendications empêchent la formation d’un gouvernement depuis le mois de mai. Ce sursaut de conscience est surtout motivé par la crainte d’une détérioration irréversible de la situation économique et financière et par la conviction apparue chez les FL et le Parti socialiste progressiste (PSP) que le président Aoun ne cèdera pas aux revendications maximalistes de ces deux formations. Une fois l’écueil chrétien surmonté, les autres obstacles moins épineux de la représentation druze et des sunnites du 8-Mars seront rapidement réglés.
C’est dans ces dispositions plutôt positives que les démarches pour la formation vont reprendre et s’accélérer dans les jours qui viennent. ●
Paul Khalifeh