Magazine Le Mensuel

Nº 3098 du vendredi 1er février 2019

Cinéma en Salles general Spectacle

La main de Leïla. Amour, révolution et cinéma

Persona Productions accueille, du 21 au 24 février, au théâtre Monnot, la pièce La main de Leïla, un texte d’Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker, qu’ils interprètent accompagnés d’Azize Kabouche. Magazine s’est entretenu avec le metteur en scène Régis Vallée.

 

Initialement comédien, il s’agit là de votre première mise en scène. Pourquoi avoir franchi le pas?
Artistiquement parlant, j’ai très vite eu envie de m’essayer à la mise en scène, mais je suis plutôt du genre «diesel», et je dois avouer que j’appréhendais énormément de franchir le pas. Lorsque Aïda et Kamel m›ont proposé la mise en scène de La main de Leïla, c’est comme s’il y avait un alignement des planètes. Le texte me plaisait. Les deux co-auteurs étaient des amis de longue date. Je les savais exigeants, engagés et je pressentais qu’une confiance sans faille allait nous unir. A posteriori, je peux vous dire que ce travail m’a littéralement passionné. Je souhaite continuer le magnifique métier de comédien et je me régale déjà à l’idée de pouvoir m’atteler à une nouvelle mise en scène!

On évoque une mise en scène de bric et de broc. Pourquoi ce choix?
Le texte va à 100 à l’heure et change continuellement de lieux. Je préférais donc un décor vif et astucieux plutôt qu’un décor lourd et non-modulable qui aurait empêché le spectateur de voyager. Avec Philippe Jasko, le scénographe, nous voulions un décor avec un esprit «récup’», où les objets ont une seconde vie. Au théâtre, j’adore le côté «bouts de ficelle»; il invite le spectateur à faire confiance et à développer son imagination.

Comment s’est passée la direction d’acteurs?
Les trois comédiens n’ont pas une minute pour souffler! Non seulement, ils donnent vie à une dizaine de personnages, mais ils doivent aussi gérer les multiples changements de costumes et de décors. Il s’agissait de chercher pour la composition de chaque personnage une voix ou un corps qui puisse le rendre immédiatement identifiable, tout en restant crédible et sincère. Il s’agissait surtout de rendre l’ensemble fluide, rythmé et passionnant. Pour ce faire, j’ai eu la chance d’être face à trois merveilleux acteurs généreux, tenaces et impliqués. Mon bonheur, c’est qu’après bientôt 200 représentations, ils prennent toujours autant de plaisir à nous raconter cette magnifique histoire. Ce plaisir est communicatif!

Qu’est-ce qui vous a attiré dans le texte d’Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker?
Le texte comporte mille contraintes, donc mille défis: une foultitude de personnages, un rythme effréné, un enchaînement de scènes intimistes et amoureuses avec des scènes très drôles. Ce sont les contraintes qui nous obligent à trouver des solutions créatives. Au-delà de la forme, j’ai été attiré par les thématiques universelles du texte: l’amour, l’amitié, la famille, les révolutions, le cinéma, la jeunesse… Ce spectacle a beaucoup voyagé en dehors de la France métropolitaine. Il est émouvant pour nous de constater qu’il peut toucher les publics en Suisse, aux Etats-Unis, au Maroc, à la Réunion, à Tahiti…et au Liban j’espère!

Bienvenue au Haram Cinéma
1987, Sidi Fares, un petit village proche d’Alger. Dans un garage secrètement transformé en salle de spectacle, Samir, sans le sou, raconte les scènes du cinéma américain, censurées par l’Etat. Ici, deux règles: l’identité de Samir est secrète et les femmes sont interdites. Mais un jour, Leïla, la fille d’un puissant colonel, déguisée en garçon, se glisse dans le public. Entre elle et Samir, naîtra une histoire d’amour impossible. Dans le contexte sociopolitique perturbé de l’Algérie de 1988, ils s’échappent grâce au cinéma. Mais leur histoire est semée d’embûches.

Nayla Rached

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