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Nº 3065 du vendredi 5 août 2016

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Crise politique, critiques des installations, dopage… JO 2016 de Rio de Janeiro sous haute surveillance mondiale

Transformée en forteresse le temps d’un mois, la fameuse ville brésilienne, Rio de Janeiro, accueillera 10 500 sportifs de 206 pays pour la 31e édition des Jeux olympiques d’été, en dépit de vives critiques sur la finition du village olympique, d’une campagne sans précédent et des tiraillements au sein de la famille olympique sur le dopage.

Si la cérémonie d’ouverture est prévue à minuit, dans la nuit de vendredi (ce soir, 5 août) à samedi, les Jeux se poursuivront deux semaines durant pour s’achever le dimanche 21 août, avec deux sports de plus que Londres 2012, en l’occurrence le golf et le rugby, portant le total à 28 sports et 43 disciplines.
Avec la crise migratoire qui envahit l’Europe, le CIO a décidé d’autoriser des athlètes réfugiés à concourir sous la bannière olympique en tant qu’«athlètes olympiques réfugiés». Alors que le Soudan du Sud et le Kosovo font leur première apparition aux Jeux olympiques.
Au cours de cette 31e édition, la première à se dérouler en Amérique du Sud, 306 médailles seront remises aux champions, 161 destinées aux hommes, 136 aux femmes et 9 à des équipes mixtes, comme au tennis et au badminton.
7,5 millions de billets ont été mis en vente, ce qui équivaut à la population de la Bulgarie, alors que 4 millions de billets ont été vendus à un prix inférieur à 30 dollars pour faciliter l’accès des classes populaires du Brésil à la compétition. Quant aux cérémonies d’ouverture et de clôture, il faudra débourser au moins 300 euros pour accéder au stade Maracaña, dans la catégorie D (la moins chère), car un billet de catégorie A (la plus chère) coûte 1 969 euros.
La flamme olympique, qui a parcouru 20 000 kilomètres et traversé 300 villes, a presque été «négligée» par les locaux, reflétant la division des Brésiliens au sujet des Jeux. Même les Cariocas ont bien du mal à s’enflammer, rappelant le Mondial 2014 lorsque les Brésiliens avaient mis du temps à entrer dans le match.
 
51% de plus
Si l’aménagement des infrastructures et l’organisation des Jeux ont coûté la bagatelle somme de 5 milliards de dollars, soit 51% de plus que prévu lors du dépôt de la candidature, cette somme reste négligeable comparée aux 50 milliards de dollars dépensés par la Russie pour les JO d’hiver de Sotchi, en 2014.
Sans compter les 265 millions d’euros que la mairie de Rio de Janeiro a déboursés pour construire six nouvelles lignes de tramway destinées à faciliter les transports entre les différents sites, inaugurées seulement la semaine dernière.
Les épreuves sportives seront disputées sur 33 sites répartis dans 4 zones: la plage de Copacabana, Maracaña, Deodoro et Barra da Tijuca, cette dernière accueillant également le village olympique.
Barra da Tijuca accueille également les deux centres de presse principaux (presse/MPC et radio-télévision/IBC). Le Parc olympique de Barra a remplacé l’ancien circuit de Formule 1 de Jacarepaguá, fermé en 2012 et démoli pour laisser place aux installations olympiques.
Cependant, des sonnettes d’alarme ont été déclenchées par les délégations arrivées tôt sur les lieux, notamment celle de l’Australie, et le CIO sur l’état du village olympique, contraignant les organisateurs à dépêcher des centaines d’ouvriers travaillant 24 heures sur 24 pour parfaire les installations. Sans oublier que la baie de Guanabra, où doivent se tenir les épreuves de voile, est restée un cloaque, malgré les promesses faites en 2009 sur sa dépollution.
Cependant, selon des experts, les Jeux olympiques ont généré 16 000 emplois supplémentaires pour assurer les services dans les nouveaux hôtels et appartements construits. Pendant la quinzaine de Rio, plus de 90 000 travailleurs sont désormais nécessaires pour assurer une bonne organisation des Jeux (dont les employés, les volontaires et les contractuels).
Cinquante mille volontaires ont également été sélectionnés parmi les 240 000 candidats, dont notamment des jeunes des multiples favelas de la ville, leur proposant une expérience professionnelle précieuse dans les opérations d’hospitalité sur les sites.

 

La mission de Neymar
Le fameux footballeur Neymar portera principalement les espoirs de la sélection olympique locale qui aura à cœur à Rio de remporter la médaille d’or encore absente de son palmarès.
Les «Auriverdes» sont cependant fermement décidés à combler ce trou de 120 ans dans leur palmarès international, surtout qu’ils évoluent chez eux, sur leurs terrains et devant leur public.
Ainsi, comptent-ils beaucoup sur leur vedette pour parvenir à leurs fins: «Si le Brésil n’a pas encore gagné cette médaille d’or en football dont nous rêvons tous, c’est parce que notre heure reste à venir», a affirmé Neymar da Silva Santos Junior.
La Seleção a toujours buté sur l’or olympique, malgré ses cinq titres mondiaux, son unique participation aux vingt éditions de la compétition planétaire et ses dizaines de joueurs légendaires au premier rang desquels figure l’unique triple champion du monde, Pelé. Le Brésil a seulement remporté trois médailles d’argent (défaite en finale face à la France à Los Angeles en 1984, contre l’Union soviétique à Séoul en 1988, et devant le Mexique à Londres en 2012), et deux médailles de bronze à Atlanta en 1996 et à Beijing en 2008.
Une mauvaise nouvelle a aussi frappé le monde de l’athlétisme mondial avec la blessure du géant jamaïcain Usain Bolt qui a été sélectionné, malgré tout, par la Fédération jamaïcaine.
En l’absence des meilleurs athlètes russes, les Américains et les Chinois se disputeront les premiers rôles avec les Brésiliens, les Anglais et les Français comme outsiders.

 

Mesures drastiques!
A la suite des multiples inquiétudes exprimées par les dirigeants olympiques et politiques mondiaux, notamment après la vague d’attentats terroristes qui a secoué l’Europe, Rio de Janeiro a été placée sous haute surveillance avec le déploiement d’environ une centaine de milliers de soldats et de policiers dont les unités d’élite, afin de «pacifier» la ville et les favelas. La cité carioca a même mis en place une Unité de police pacificatrice.
Après l’attentat de Nice du 14 juillet 2016, le niveau de sécurité a été relevé, la police fédérale brésilienne arrêtant 12 personnes soupçonnées d’appartenir à une cellule, mal organisée, de sympathisants de l’EI et planifiant des attentats. Loin du terrorisme, la criminalité quotidienne a augmenté au Brésil, et particulièrement à Rio. Le nombre des homicides a bondi de 14,5% au premier semestre 2016 avec plus de 2 300 meurtres sur les six premiers mois. L’enjeu est de taille avec 500 000 visiteurs attendus.
Parallèlement aux Jeux, une crise politique secoue le pays, impliquant la présidente Dilma Rousseff, écartée du pouvoir par une procédure de destitution et remplacée par le vice-président par intérim, Michel Temer, qui donnera le coup d’envoi des Jeux. De grandes manifestations opposées ont embrasé le pays le week-end dernier et d’autres pourraient avoir lieu en marge des JO.

 

Dopage dominant
Le «Russian Gate ou le dopage organisé» a déjà plané sur les Jeux, devenant la principale source de discorde au sein des instances olympiques.
Ainsi, le président du Comité international olympique, Thomas Bach, fait l’objet de vives critiques, après son refus de se mouiller dans l’affaire russe et son renvoi aux fédérations, fragilisant, selon certains, l’Agence mondiale antidopage et brouillant son image.
Ainsi, le CIO aurait donné l’impression d’avoir manqué de fermeté face aux Russes, mais ceux-ci ont dénoncé les critères injustes retenus pour les priver de Rio: des critères qui ne s’appliquent qu’à eux. Selon ces derniers, un sportif russe contrôlé positif il y a dix ans et suspendu six mois n’a pas le droit d’être à Rio. Mais un Justin Gatlin (athlète américain), récidiviste ayant purgé au total cinq années de suspension, peut potentiellement repartir avec trois titres du Brésil.
En revanche, plus de 200 agents de contrôle du dopage en place effectueront pas moins de 4 500 analyses d’urine et 1 000 analyses sanguines. Ces échantillons seront désormais conservés pendant dix ans, dans l’attente du développement de nouvelles méthodes scientifiques.
Parallèlement, les procédures disciplinaires concernant les cas de dopage seront gérées de manière indépendante par le Tribunal arbitral du sport (Tas), dans un bureau mis en place à cet effet à Rio.

 

«Faible» impact de Zika
Malgré les assurances des autorités et des experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le «faible» risque de contamination de la fièvre Zika, nombreux sportifs ont préféré renoncer aux Jeux, notamment les golfeurs Marc Leishman, Vijay Singh et Rory McIlroy, les joueurs de tennis Milos Raonic, Tomáš Berdych, Simona Halep et Karolína Plíšková, et le cycliste Tejay van Garderen. Le risque reste cependant important pour les femmes enceintes, même s’il n’est pas négligeable pour les autres types de personnes.
Ainsi, les athlètes, les journalistes et les touristes ont reçu des conseils de prévention. Même Sidney Levy, le patron du Comité d’organisation, a assuré que Zika ne figurait pas parmi ses «10 plus grandes sources d’inquiétude».

 

Les espoirs libanais
La championne libanaise de tir, Ray Bassil, et le champion de judo outre-mer, Elias Nacif (natif du Brésil,) incarneront les espoirs locaux lors des Jeux. La délégation libanaise à Rio est composée de 25 personnes dont 9 joueurs, 8 entraîneurs et 8 dirigeants.
Les sportifs locaux participeront à sept disciplines: Ray Bassil (tir), Elias Nacif (judo), Richard Merjane (canoë-kayak), Anthony Barbar, Gabriella Doueihy (natation), Mariana Sahakian (tennis de table), Mona Cheaito (escrime), Chirine Njeim et Ahmad Hazer (athlétisme).

Mohamed Fawaz
 

Les sportifs les plus médaillés
Michael Phelps (Etats-Unis, natation, 2004-2012): 22 médailles (18 + 2 + 2).
Larissa Latynina (Union soviétique, gymnastique, 1956-1964): 18 médailles (9 + 5 + 4).
Nikolay Andrianov (Union soviétique, gymnastique, 1972-1980): 15 médailles (7 + 5 + 3).
Boris Shakhlin (URSS, gymnastique, 1956-1964): 13 médailles (7 + 4 + 2).
Edoardo Mangiarotti (Italie, escrime, 1936-1960): 13 médailles (6 + 5 + 2).
Takashi Ono (Japon, gymnastique, 1952-1964): 13 médailles (5 + 4 + 4).
Paavo Nurmi (Finlande, athlétisme, 1920-1928): 12 médailles (9 + 3 + 0).
Birgit Fischer (Allemagne, canoë-kayak, 1980-2004): 12 médailles (8 + 4 + 0).
Sawao Kato (Japon, gymnastique, 1968-1976): 12 médailles (8 + 3 + 1).
Jennifer Thompson (USA, natation, 1992-2004): 12 médailles (8 + 3 + 1).

Les pays les plus médaillés
Etats-Unis, 2 399 médailles (975 or, 757 argent, 667 bronze).
Union soviétique, 1 010 médailles (395 + 319 + 296).
Allemagne, 895 médailles (258 + 303 + 334).
Grande-Bretagne, 780 médailles (236 + 272 + 272).
France, 667 médailles (203 + 222 + 242).
Chine, 474 médailles (201 + 147 + 126).
Italie, 550 médailles (199 + 166 + 185).
Hongrie, 477 médailles (167 + 145 + 165).
Allemagne de l’Est, 409 médailles (153 + 129 + 127).
Suède, 483 médailles (143 + 164 + 176).

Les sites des Jeux
La bataille pour les médailles aura lieu dans 32 arènes à travers Rio de Janeiro. Le football emmène les Jeux dans le reste du pays, avec des matchs dans les stades de Belo Horizonte, Brasília, Manaus, Salvador et São Paulo.
Cérémonies d’ouverture et de clôture: Maracaña.
Athlétisme: Pontal, Sambódromo, Stade olympique (Engenhão).
Aviron: stade de Lagoa.
Badminton: Riocentro – Pavillon 4.
Basket-ball: Carioca Arena 1, Youth Arena.
BMX: Centre olympique de BMX.
Boxe: Riocentro – Pavillon 6.
Canoë-kayak: course en ligne: stade de Lagoa. Slalom: stade de Canoë Slalom.
Cyclisme: Mountain Bike: Centre de Mountain Bike. Sur piste: Vélodrome olympique de Rio. Sur route: Fort de Copacabana, Pontal.
Escrime: Carioca Arena 3.
Football: Amazônia Arena, Corinthians Arena, Fonte Nova Arena, Maracaña, Mineirão, Stade Mané Garrincha, Stade olympique (Engenhão).
Golf: Parcours olympique de golf.
Gymnastique artistique et rythmique: Rio Olympic Arena.
Haltérophilie: Riocentro – Pavillon 2.
Handball: Future Arena.
Hockey: Centre olympique de Hockey.
Judo: Carioca Arena 2.
Lutte: Carioca Arena 2.
Natation: Stade aquatique olympique. Natation de marathon: Fort de Copacabana. Natation synchronisée: Centre aquatique Maria Lenk.
Pentathlon moderne: Centre aquatique de Deodoro, stade de Deodoro, Youth Arena.
Plongeon: Centre aquatique Maria Lenk.
Rugby à 7: stade de Deodoro.
Sports équestres: Centre olympique d’équitation.
Taekwondo: Carioca Arena 3.
Tennis: Centre olympique de Tennis.
Tennis de table: Riocentro – Pavillon 3.
Tir: Centre olympique de tir.
Tir à l’arc: Sambódromo.
Trampoline: Rio Olympic Arena.
Triathlon: Fort de Copacabana.
Voile: Marina da Glória.
Volleyball: Maracanãzinho. Volleyball de plage: Beach Volleyball Arena.
Water-polo: Centre aquatique Maria Lenk, Stade aquatique olympique.

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