Magazine Le Mensuel

Nº 3099 du vendredi 1er mars 2019

Santé

La maladie de Lyme. Stop à l’escroquerie

Non, la maladie de Lyme ne tue pas. Non, les pathologies qu’on vous énumère ne sont pas dues à la maladie de Lyme. Oui, les résultats des diagnostics qu’on peut vous fournir sont souvent falsifiés. Tout un commerce médical tourne autour de cette maladie, comme l’explique le Pr Marc Gentilini.
 

Contrairement aux rumeurs qui circulent, la maladie de Lyme n’est pas une épidémie. C’est une maladie infectieuse classique. «C’est une maladie bactérienne transmissible par une tique, qui se trouve dans les herbes (lorsqu’elles ne sont pas bien fauchées) et dans les forêts», explique le Pr Marc Gentilini, spécialiste français des maladies infectieuses et tropicales, membre de l’Académie nationale de médecine en France et président honoraire de la Croix-Rouge française. Les personnes à risque sont surtout les fonctionnaires obligés de travailler dans les bois et les randonneurs.

ORIGINES D’UNE MALADIE. La maladie de Lyme tient son nom d’une petite ville du Connecticut aux Etats-Unis. Il s’agit, à l’origine, d’une borréliose (d’après le nom de M. Borel, chercheur français qui a découvert la maladie). D’après le Pr Gentilini, la morsure d’une tique n’est pas grave lorsque celle-ci n’est pas infectée. Elle le devient lorsque l’insecte est «contaminé» par la bactérie Borrelia (proche de la syphilis), très sensible aux antibiotiques. Lorsqu’elle est repérée tôt, un traitement précoce s’avère efficace. Il est, généralement, de courte durée (environ 15 jours).
«Depuis quelque temps, on en fait une maladie grave et chronique ce qui, en réalité, est absolument mythique», s’indigne le professeur, interrogé par Magazine. Trois phases caractérisent la maladie: initiale, secondaire et tardive. Cette dernière peut parfois entraîner des complications articulaires, cardiaques, neurologiques, … mais n’est jamais chronique. Qu’en est-il des symptômes? Lorsqu’on repère une morsure de tique et un érythème tout autour (tâche rouge avec un point central), c’est que le symptôme est dépisté. Un sérodiagnostic est alors effectué, 8 à 10 jours plus tard. Contrairement à ce que reportent certains médecins, ces «tests» sont d’excellente qualité et permettent de passer au traitement et de guérir, à condition d’en respecter le moment, le choix, la posologie et la durée.
Dans le cadre de la phase secondaire, des troubles de l’état général peuvent apparaître: fièvre, nausées, irritations… La forme tardive, elle, se manifeste par des malaises d’ordre articulaire, neurologique ou cardiaque. Dans ces deux derniers cas, une antibiothérapie s’impose. Et le diagnostic? «Lorsque la morsure et l’érythème sont clairement visibles, le diagnostic est facile. En cas de doute, la prescription d’antibiotiques fait office de test diagnostique», souligne le Pr Gentilini.

La «Lyme-mania»: gare au charlatanisme. Ne vous laissez plus duper par certains médecins, par les associations qui se veulent «protectrices» des intérêts des malades, par les décideurs politiques et par les médias. Non, la maladie de Lyme ne présente aucune forme chronique et elle n’est pas liée aux pathologies inflammatoires chroniques, auto-immunes et dégénératives, comme la sclérose en plaques, la fibromyalgie, l’Alzheimer ou le syndrome de fatigue chronique, comme vous le diront certains «Lyme doctors». Que se passe-t-il réellement? Une aberration de la part de ces médecins qui affirment à leurs patients qu’ils ont contractés la maladie de Lyme, alors que ce n’est pas le cas. Comment est-ce possible? Comme l’explique le Pr Gentilini, le patient arrive chez un «Lyme doctor» avec un sérodiagnostic négatif: il ne souffre donc pas (d’après le test) de Lyme. Celui-ci lui recommande de se refaire tester dans des laboratoires «reconnus» pour la précision de leurs tests. Ces officines confirment, par des tests falsifiés et onéreux, avec un résultat positif, la maladie de Lyme. Le deuxième médecin consultant, critique l’incompétence du premier laboratoire et du premier médecin consultés. Il prescrit alors au malade des «cocktails» médicamenteux, ne reposant sur aucun argument scientifique: antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires, etc. en cures répétées et de longue durée. Résultat? Une dépréciation de l’état de la santé du malade qui n’a jamais été atteint de Lyme. Qui participe à cette «arnaque sanitaire»? «Ce montage est parti des Etats-Unis, où, avec la judiciarisation de la médecine, on arrive désormais à se faire beaucoup d’argent». Comment? En réclamant le préjudice pour la non-reconnaissance de la maladie de Lyme. «Le danger ne réside pas dans la maladie, mais dans l’illusion que certains médecins et associations créent chez le patient qui se croit atteint, alors qu’il souffre de tout autre chose». «Entre médecins en quête de notoriété et d’argent, décideurs politiques voulant éviter d’être accusés de manque d’objectivité et associations animées par des mages, une confusion terroriste frappe l’opinion publique», tranche le Pr Gentilini.

Natasha Metni Torbey

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