L’événement phare de la rentrée Picasso débarque au Musée Sursock Picasso à Beyrouth! Qui l’eut cru? En effet, le Musée Sursock avec le soutien exceptionnel du Musée national Picasso-Paris, s’offre et nous offre pour cette rentrée 2019 une exposition spectaculaire intitulée «Picasso et la famille» dans le cadre du projet «Picasso-Méditerranée». À ne rater sous aucun prétexte du 27 septembre au 6 janvier 2020.
Zeina Arida, la directrice du Musée Sursock, raconte avec un enthousiasme communicatif la genèse de ce méga projet qui a fini par se concrétiser. «Le président du Musée national Picasso, Laurent Le Bon, avait initié le projet Picasso-Méditerranée qui avait démarré en 2017 pour être clôturé à la fin de l’année 2019. Objectif: faire circuler autant que possible les œuvres du grand peintre dans les villes du bassin méditerranéen. L’équation au départ était que le Musée national Picasso prête les œuvres et que les institutions participantes se chargent de faire leurs propres recherches, choisissent le thème, et travaillent de concert avec le musée. Ainsi, il y a environ deux ans, une Libanaise qui réside à Paris et qui a un lien de parenté avec M. Le Bon, vient nous présenter un dossier très intéressant, mais à un budget exorbitant! Équivalent presque à celui d’une année au musée Sursock.» Du point de vue financier, il était alors impossible de se lancer dans le projet Picasso à Beyrouth. «Six mois plus tard, poursuit Zeina Arida, le président du Musée national Picasso nous relance et propose de trouver lui-même un mécène qui assurerait le financement de l’exposition. En fait, Laurent Le Bon tenait à ce que « Picasso-Méditerranée» passe par le Liban.»
Une généreuse mécène
Par un heureux hasard, il rencontre dans le cadre d’un dîner, le Libanais Cyril Karaoglan et lui parle du projet. Celui-ci pense tout de suite à une très bonne amie à lui, et se donne cependant un délai de quelques jours pour voir ce qu’il peut faire. L’amie en question n’est autre que Danièle Edgar de Picciotto dont le mari Edgar possédait quelques tableaux de Picasso dans sa collection. De plus, Edgar de Picciotto était un grand amoureux de l’art, et aussi un grand amoureux des relations franco-libanaises et, depuis son décès, Danièle, cherchait une belle façon pour lui rendre hommage. Elle prend donc le projet à bras le corps, et c’est grâce à cette généreuse mécène et à la volonté ferme de M. Le Bon que Beyrouth, selon Zeina Arida, s’est trouvée inscrite sur la carte de l’événement foisonnant «Picasso-Méditerranée» qui, en deux ans, a monté plus de 40 expositions en Italie, en France, en Espagne, mais aussi en Grèce, à Chypre, au Maroc, en Turquie…
Deuxième étape: la directrice du Musée Sursock, Zeina Arida, et la directrice des collections du Musée, Yasmine Chémali, mises au courant des œuvres disponibles et de la procédure à mettre en place, proposent, après réflexion, le thème de «Picasso et la famille», un thème que le Musée national Picasso a bien apprécié puisqu’il a été rarement traité. «C’est une vraie collaboration entre les deux musées, même au niveau du financement, finalement c’est Laurent Le Bon qui a trouvé l’argent, même si la mécène est Libanaise. C’est un vrai travail de co-commissariat. Camille Frasca, chef de projet Picasso-Méditerranée est commissaire de l’exposition avec Yasmine Chémali, directrice des collections chez nous», explique Mme Arida.
«Évidemment, il existe de nombreuses conditions à remplir, insiste-t-elle, la procédure veut qu’une commission envoyée par le ministère français de la Culture vienne sur place pour un contrôle des lieux. Cette commission est composée d’un pompier et d’un policier qui doivent délivrer un rapport confirmant que le Musée est bien habilité à recevoir les œuvres, selon des normes précises sécuritaires, climatiques, accès, température, salles… Le rapport positif que nous avons obtenu jouit d’une validité de 10 ans et nous donne la possibilité durant cette période d’emprunter des œuvres à tous les musées nationaux en France.»
Prisme autobiographique
«Le thème choisi, poursuit la dynamique Zeina, permet de raconter Picasso, et l’ensemble de son parcours à travers un prisme presque autobiographique qui accompagne les différentes étapes de sa vie de couple, de sa vie familiale et de sa création. On travaille sur la mise en contexte, afin de situer chacune des œuvres exposées dans la carrière de l’artiste, dans sa vie et dans l’histoire de l’art. «La fillette aux pieds nus» est la toile la plus ancienne qui fera partie de l’expo, Picasso l’a peinte alors qu’il n’avait même pas 14 ans. La plus récente, remonte à un an avant sa mort.»
10 peintures à l’huile, 6 sculptures de divers matériaux et 4 œuvres graphiques agrémentées de notices détaillées seront donc proposées au public à partir du 27 septembre au Musée Sursock pendant trois mois, avec un programme parallèle composé de documents audiovisuels, de photos, de conférences et d’activités orientées vers le jeune public. L’exposition est organisée avec la généreuse contribution de Danièle Edgar de Picciotto, et le soutien de Cyril Karaoglan ainsi que celui du ministère libanais de la Culture.
D’ores et déjà, «Picasso et la famille» attire l’attention de grandes institutions à travers la région. Sotheby’s, à titre d’exemple, a émis le souhait de publier un article sur l’expo sur sa page internationale. D’un autre côté, 200 personnes se préparent à venir de l’étranger pour participer à cet événement culturel phare de la rentrée.
Ghada Baraghid