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Nº 3072 du vendredi 2 décembre 2016

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Nocturne in black, de Jimmy Keyrouz. Rencontre avec un talent libanais

Nocturne in black, du Libanais Jimmy Keyrouz, a obtenu la médaille d’or, le 22 septembre 2016, des Student Academy Awards et a été nominé pour la 89e Nuit des Oscars. Rencontre avec le scénariste et réalisateur.
 

Diplômé de l’Iesav, Jimmy Keyrouz a quitté le Liban il y a quatre ans et s’est inscrit à la Columbia University pour étudier l’écriture de scénario et la réalisation (screenwriting and directing). «Je sentais que j’avais encore tellement de choses à apprendre et j’ai donc décidé de partir. Au Liban, nous avons d’excellents réalisateurs, mais les bons scénaristes sont plus rares à trouver. C’est pour cette raison que j’ai choisi Columbia», explique M. Keyrouz à Magazine.
Nocturne in black est son film de diplôme. «C’était en 2014. J’étais choqué par ce qui se passait en Syrie. J’avais lu un article dans lequel on disait que la musique y était même interdite. J’étais écœuré en tant que musicien et c’est de là qu’est née l’idée de ce film. Je voulais faire quelque chose sur la Syrie, puis je suis tombé, par hasard, sur un article de presse intitulé Syria piano man, qui racontait l’histoire d’un pianiste, Aeham Ahmad, qui apportait de l’espoir aux habitants du camp (palestinien) de Yarmouk (près de Damas), en jouant de la musique». Jimmy Keyrouz s’inspire de l’histoire d’Aeham Ahmad et écrit la sienne, à sa manière. «Je suis entré en contact avec Ahmad. J’imaginais la situation. En tant que libanais, je connaissais la guerre».
Nocturne in black est une fiction, dans laquelle Jimmy Keyrouz raconte l’histoire d’un musicien qui essaie de reconstruire un piano, détruit par des jihadistes, dans un quartier syrien ravagé par la guerre. En 2014, il écrit le scénario et, en mai 2015, il rentre au Liban pour le tournage du film avec une équipe libanaise. «Je voulais tourner en Syrie, mais c’était impossible», souligne M. Keyrouz. Il rencontre son producteur, Marc Fadel, qui l’aide à monter une équipe. Le tournage débute en septembre.

Sélectionné parmi 1 749 films
En mai 2016, le film est projeté au Lincoln Center, à New York, et obtient plusieurs prix. Il participe au prestigieux festival de Telluride, ainsi qu’au festival de la Columbia University. Dix-sept films, dont Nocturne in black, sont sélectionnés comme gagnants des Academy Awards, parmi 1 749 films. Le suspense commence et, après avoir franchi toutes les étapes, il obtient la médaille d’or, synonyme de l’Oscar d’étudiant. Ce que représente cet Oscar pour lui? «Cela m’encourage à aller de l’avant; je suis surtout heureux pour ma famille et l’équipe de tournage. Mais maintenant, je me concentre sur mes projets d’avenir», confie M. Keyrouz.
Pour le jeune scénariste et réalisateur, l’art est l’outil majeur pour combattre le terrorisme et les guerres. «Ahmad jouait pour rappeler aux gens que, malgré la guerre, il restait de belles choses pour lesquelles il faut se battre».
Le mercredi 23 novembre, le film est nominé aux Oscars dans la catégorie Live Action Shorts. Affaire à suivre.

Joëlle Seif

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