Si la France est le troisième partenaire économique du pays du Cèdre, il faut souligner que ces relations sont fortement déséquilibrées. Alors que le volume des exportations françaises au Liban a atteint les 1,1 milliard d’euros en 2011, les exportations libanaises vers la France se sont seulement élevées à 40 millions d’euros en 2011.
Selon le site de l’ambassade de France au Liban, «la France entretient une relation économique d’une grande densité avec le Liban». En effet, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint plus de 1,1 milliard d’euros en 2011, ce qui fait de la France le troisième partenaire économique du Liban derrière la Chine et l’Italie et au même niveau que les Etats-Unis.
Il faut cependant souligner le caractère très déséquilibré de ces relations au profit de la France, comme l’explique l’économiste Charbel Cordahi. «Les importations libanaises à partir de la France représentent environ 7% du total des importations, toutes catégories confondues. Hors fuel et gaz, les importations libanaises à partir de la France représentent environ 9% du total des importations. Quant aux exportations libanaises en France, elles n’ont pas dépassé les 62 millions de dollars par année depuis 2010 et ne représentent que 2% du total des exportations libanaises».
Pour l’économiste libanais, cela s’explique par le fait que les entreprises libanaises ne peuvent pas concurrencer les entreprises asiatiques pour la production du bas de gamme, ni les entreprises françaises et européennes pour les biens et services qui exigent un savoir-faire particulier. Seules quelques entreprises basées au Liban ont pu se faire une renommée en France.
Selon l’ambassade de France au Liban «la France est l’un des premiers investisseurs étrangers au Liban, avec un stock d’Investissements directs étrangers (IDE) estimé par la Banque de France à 243 millions d’euros en 2011. 50% des IDE détenus par la France au Liban en 2010 se dirigent vers les services (immobilier et services financiers) et 27% vers les industries manufacturières. Au total, la présence française au Liban compte près de 90 implantations employant environ 5 000 personnes.
Avec un stock estimé par la Banque de France à 3,3 milliards d’euros fin 2011, la France représenterait environ la moitié du total des IDE libanais à l’étranger. Le Liban serait ainsi le 2e investisseur émergent en France avec une part de 0,7% des IDE étrangers en France.
Les investissements libanais sont concentrés dans trois secteurs: le transport maritime (reprise de la CGM par Jacques Saadé en 1996, puis de la compagnie des Iles du Ponant en 2004 et du groupe Delmas en 2005), la banque (présence de Blom Bank, Bank Audi et la Banque Libano-Française) et l’immobilier.
Côté français, depuis les années 2000, les entreprises françaises commencent à préférer les pays du Golfe pour s’y installer, comme le souligne Cordahi. «Alors que le Liban était la destination principale pour les entreprises françaises désirant s’installer dans la région, celles-ci s’implantent, depuis 2004, aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite et au Bahreïn (ce qui limite le flux de capital de la France vers le Liban et accroît le déficit du compte de capital en faveur de celle-ci). Il existe également un troisième canal en provenance des pays d’Afrique occidentale où des dizaines de milliers de Libanais vivent et travaillent. Ceux-là placent une bonne partie de leurs épargnes en France (soit sous forme de dépôts auprès des banques françaises ou de placements dans le capital des entreprises françaises).
Déficit commercial
«L’attachement du Liban et des Libanais à la France est immesurable. Mais sur le plan strictement financier, les relations entre les deux pays sont en faveur de la France, ajoute Cordahi. Néanmoins, la culture, la langue de Molière et l’amour réciproque entre les deux pays n’ont pas un prix!».
Le résultat de ces relations déséquilibrées conduit à un déficit commercial en faveur de la France. «Depuis 2008, le Liban importe entre 1,2 et 1,4 milliard de dollars de biens de France, alors que ses exportations dans ce pays n’ont pas dépassé les 62 millions de dollars par année depuis 2010», souligne Charbel Cordahi. La balance commerciale Liban-France subit un déficit annuel qui varie de 1,2 à 1,5 milliard de dollars depuis 2008, en faveur de la France.
Le compte de capitaux subit, à son tour, un déficit annuel estimé à au moins 1,5 milliard de dollars en faveur de la France. Elle est la destination préférée des Libanais pour le tourisme et des étudiants pour les études supérieures.
Soraya Hamdan