Magazine Le Mensuel

Nº 3045 du vendredi 18 mars 2016

Semaine politique

Entre le Futur et le Hezbollah. Réunion sécuritaire pour une désescalade

Des représentants du Hezbollah (Bilal Daher au Mont-Liban et Sadek Ghamlouche, responsable sécuritaire) et du Futur (le coordinateur de l’Iqlim el-Kharroub, Ahmad Kojok, et les responsables de la sécurité Ahmad Janoun et Walid Serhal) ont rencontré des cadres du Parti socialiste progressiste (Salim el-Sayyed et Walid Abou Aram), ainsi que le représentant des tribus arabes de Khaldé, cheikh Kamel Daher (Abou Dib), en vue d’arriver à une solution à la crise de Saadiyate et d’éliminer les raisons de la tension. Cette rencontre a suivi la réunion qu’avait tenue le responsable de l’unité de liaison et de coordination du Hezbollah, Wafik Safa, avec le député Mohammad el-Hajjar (Futur) et le directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Ibrahim Basbous.
La réunion a débouché sur une entente en quatre points:
Arrêter tout agitateur.
Demander à l’Armée libanaise d’installer un poste à Saadiyate.
Imposer le respect des lieux de culte, renoncer à tout discours à caractère confessionnel et provocateur, éviter les rassemblements à l’intérieur des lieux de culte et en éliminer tout slogan politique et militaire.
Former un comité restreint des représentants de tous les partis appelé à intervenir et à résoudre les conflits à la source.
Saadiyate est un point sensible sur la ligne liant Khaldé et Naamé à Wadi Zeyné et Saïda, ayant accès à l’Iqlim el-Kharroub et à une partie de Damour où vivent des familles de différentes régions.
L’accrochage armé dans la région de Saadiyate entre la famille el-Assaad, proche du Futur et du mufti du Mont-Liban, le cheikh Mohammad Ali Jouzou, d’une part, et les Brigades de la Résistance (Hezbollah) d’autre part, ayant coïncidé avec l’escalade saoudienne, a été interprété par certains milieux politiques comme un message sécuritaire adressé au Hezbollah à travers les affrontements en des points stratégiques.
Mais le parti chiite a vu dans la réaction mesurée et apaisante de Saad Hariri une volonté de sa part de calmer les esprits et de préserver la stabilité. Elle montre que l’ancien Premier ministre veut empêcher toute escalade sécuritaire et maintenir les conflits loin de la rue.

 

Chaouki Achkouti
 

Riyad ménage l’Etat libanais
L’escalade saoudienne sans horizon

La rencontre, la semaine dernière, entre le Premier ministre, Tammam Salam, et les ambassadeurs à Beyrouth du Conseil de coopération du Golfe (CCG) a abouti à une entente entre les deux parties sur les dessous et les causes de la crise qui oppose le Liban aux Etats du Golfe. Ces derniers ont compris les circonstances du Liban et tiennent à deux principes: le maintien du soutien aux institutions de l’Etat libanais, à la sécurité et à la stabilité du pays. L’appui personnel au président Tammam Salam et à son gouvernement, tout en relevant que les propos à l’encontre de Riyad ont dépassé les limites et qu’il est indispensable d’arrêter de tels discours politiques.
A en croire certains milieux politiques, Riyad n’a donné aucun signal de souplesse dans son attitude et poursuivra l’escalade, mais non contre l’Etat libanais, après les excuses que lui a présentées le Premier ministre Tammam Salam. Cela ne signifie pas pour autant une détente dans la position saoudienne envers l’Etat. Preuve en est que Riyad n’a toujours pas donné de réponse à la demande de visite d’une délégation officielle libanaise. Toutefois, l’escalade saoudienne ne visera que le Hezbollah et non l’Etat libanais. De toute évidence, la campagne saoudienne n’est plus dirigée contre le Liban tout entier, mais vise le seul Hezbollah.
Les raisons qui ont fait que l’Arabie saoudite a réduit sa campagne contre le Liban, sans que cela ne signifie un recul de ses attaques contre le Hezbollah, sont les suivantes:
Riyad sait que ce qu’il veut de son principal allié libanais dépasse la capacité du Courant du futur ou de son chef à y répondre. Opter pour la démission du gouvernement ou le boycott du dialogue ne serait que négatif pour tous.
L’équilibre des forces intérieures ne joue pas en faveur des alliés de l’Arabie, mais dans l’intérêt du Hezbollah.
L’Arabie saoudite a entendu les Américains et les Européens interdire toute atteinte à la stabilité du Liban
En conclusion, l’escalade saoudienne contre le Liban est sans horizon.

Chaouki Achkouti

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