Magazine Le Mensuel

Nº 3033 du vendredi 25 décembre 2015

Semaine politique

Option Frangié. Berry plus réservé, Joumblatt moins enthousiaste

Il y a quelques jours, l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, et toutes les personnes concernées par le dossier présidentiel, ont été avertis par le président de la Chambre, Nabih Berry, qu’il cesserait de participer avec son bloc parlementaire aux séances consacrées à l’élection d’un chef d’Etat, comme ils l’ont fait déjà vingt et une fois, si les députés du Hezbollah ne se présentaient pas à ses côtés dans l’hémicycle. Cette nouvelle position de Berry serait liée, selon certains observateurs avertis, aux informations que lui a rapportées le ministre Ali el-Khalil de la conversation qu’il a eue à Téhéran avec l’un des principaux responsables iraniens concernés par le Liban, Ali Larijani, en marge du congrès sur les finances et les investissements auquel il participait. Cela aurait poussé Berry à refuser l’invitation saoudienne de visiter Riyad, qui lui a été transmise par le président du Conseil consultatif saoudien.
Selon certaines sources, l’enthousiasme du député Walid Joumblatt a été refroidi par l’information que lui a transmise Berry par l’intermédiaire du ministre Waël Abou Faour. Un dirigeant du Parti socialiste progressiste (PSP) reconnaît dans ses assises privées: «Nous avons payé le tribut le plus lourd pour tenter de combler le vide de la présidence de la République. Nous ne sommes pas responsables des obstacles qui ont surgi contre la candidature de Sleiman Frangié». Joumblatt, comme on a pu le constater, s’est empressé d’effacer les séquelles de sa précipitation à y adhérer. Il avait déployé tous les moyens pour faire aboutir l’option Frangié au plus vite, en annonçant être disposé à retirer dès les premiers jours la candidature du député de son bloc parlementaire, Henri Hélou, et en prenant l’initiative d’exercer de fortes pressions dans toutes les directions dans l’espoir de réussir à faire de la candidature de Frangié un fait accompli.

Chaouki Achkouti
 

Loi électorale
Le véritable objectif du Hezbollah

Pour des politiciens du 14 mars, le Hezbollah considère que l’heure de l’élection d’un président de la République n’a pas encore sonné. Le parti de Hassan Nasrallah pense que le Courant du futur et Walid Joumblatt pourraient accepter de plus grandes concessions, portant essentiellement sur une loi électorale qui les empêcherait de se constituer d’importants blocs parlementaires. Le but de Hassan Nasrallah est d’affaiblir le Courant du futur, seule force qui empêche, selon le 14 mars, le Hezbollah d’étendre son hégémonie sur l’ensemble du Liban. Le parti chiite veut aussi faire en sorte que les marges de manœuvre du PSP (Parti socialiste progressiste) de Joumblatt soient sensiblement réduites, afin qu’il ne puisse plus jouer le rôle de balancier dans les échéances cruciales.
La clé du compromis qui permet au Hezbollah d’avoir le Liban en poche serait la mort de la loi électorale de 1960, à la faveur d’une nouvelle formule basée sur la proportionnelle.
Du point de vue du principe, la proportionnelle, ou même la loi mixte entre la majorité et la proportionnelle, est une garantie du renouveau politique au Liban et permet l’émergence de nouveaux dirigeants.
La difficulté insurmontable à laquelle fait face actuellement le Liban est la division confessionnelle et l’affrontement politico-confessionnel très violent, dus, entre autres, à la possession par un parti communautaire de suffisamment de moyens financiers et d’armes, lui permettant de se garantir des électeurs et de percer chez les autres.
Pour les milieux du 8 mars, la rencontre entre le député Sleiman Frangié et le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, n’a pas fermé la porte à d’autres candidatures. Frangié est dans une position non négligeable. Il bénéficie du respect pour sa personnalité, ses initiatives, son passé et la stabilité de ses options. Toutefois, le Hezbollah attend l’officialisation du «compromis  présidentiel».
Le Hezbollah et le 8 mars sont convaincus par un Sleiman Frangié à la tête de l’Etat mais, avant de se prononcer, ils réclament un «panier complet», y compris son avis sur la loi électorale. «Car, disent-ils, que peut réaliser un président seul? Quant à nous, nous ne voterons qu’une loi électorale basée sur la proportionnelle. Hariri accepterait-il cette condition?». Les mêmes sources soulignent que personne n’a encore annoncé la mort du compromis tant qu’il n’est pas officialisé. «C’est alors seulement que nous nous exprimerons et que le débat sera ouvert», concluent les sources du Hezbollah et du 8 mars.

Chaouki Achkouti

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