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Nº 3049 du vendredi 15 avril 2016

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HORIZONS

Cofondatrice de Lebtivity.com. Randa Farah raconte son Liban

La cofondatrice de Lebtivity.com, Randa Farah, a été sélectionnée par l’ambassade des Etats-Unis au Liban pour participer au programme IVLP qui choisit des entrepreneurs ayant le potentiel de créer un changement dans leurs pays.
 

«Vous avez votre Liban et j’ai le mien». Comme pour Gibran Khalil Gibran, Randa Farah partage une vision résolument positive de son pays. Elle le clame d’ailleurs haut et fort: «Il y a ceux qui détruisent et ceux qui préfèrent construire et créer. En ce qui me concerne, je préfère me concentrer sur les aspects positifs de ce que le Liban a à offrir».
C’est ainsi par amour pour son pays que cette responsable des Ressources humaines a décidé, en 2012, de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. «Tout a commencé par un dimanche après-midi de 2011, raconte-t-elle. Je cherchais un site qui répertorie les activités de randonnées au Liban. Je me suis alors rendu compte que l’information disponible sur le Net était très éclatée. Il n’existait, à ce moment, aucun site rassemblant l’ensemble des activités de hiking au Liban».  
Randa Farah propose alors à deux de ses amis de combler ce manque en créant une plateforme sur laquelle les internautes pourraient, en quelques clics, avoir un accès direct à toutes les activités de hiking organisées au Liban. «Après concertation, la plateforme de hiking se transforme rapidement en site rassemblant toutes les activités organisées au Liban, qu’il s’agisse de sport, d’activités culturelles, artistiques ou encore d’événements musicaux», ajoute Randa Farah. Lebtivity.com est né.
Un peu plus tard, deux autres amis rejoignent l’aventure entrepreneuriale pour développer un vrai calendrier d’activités sur le Net. Pour Randa Farah, l’objectif est de connecter les organisateurs d’événements et le public. «Il existe une pléiade d’activités intéressantes au Liban, mais les Libanais eux-mêmes n’en sont pas forcément conscients, insiste-t-elle. La Nuit des musées a, par exemple, fait un tabac, alors que ces lieux existent toute l’année et sont ouverts au public. Les Libanais ont besoin d’événements et aiment sortir, ils ont simplement besoin qu’on leur rappelle que ces événements existent».

 

Un séjour enrichissant
Car pour l’entrepreneuse, «non, le Liban n’est pas que poubelles, embouteillages, instabilité et corruption. Le Liban est aussi une formidable terre culturelle, d’art, de fête et de vie et c’est exactement tout ce que Lebtivity essaie de promouvoir».
Malgré de nombreuses opportunités de travail à l’étranger, c’est à Beyrouth que Randa Farah a décidé de se donner corps et âme. Fervente défenderesse du Liban positif, elle s’efforce même, en temps de crise, de montrer au monde le meilleur de «son Liban».
«Notre activité est bien sûr affectée par tous les éléments externes: la violence, la crise des poubelles, le blocage politique… A chaque explosion, beaucoup d’événements sont annulés, des restaurants ferment et nos internautes se tournent vers les sites d’actualité pour suivre les informations. Malgré cela, nous essayons de continuer à faire passer un message positif. Pendant la crise des poubelles, nous avons publié une liste des centres de recyclage au Liban».
L’investissement de Randa Farah a payé: après avoir été consacrée femme entrepreneuse francophone de l’année en 2014, elle vient d’être sélectionnée par l’ambassade américaine pour participer au très sélectif programme IVLP (International visitors leadership program) qui a choisi des candidats ayant le potentiel de créer un changement dans leurs pays par l’entrepreneuriat.
Randa a été sélectionnée pour le thème Femmes et entrepreneurs et s’est envolée trois semaines aux Etats-Unis pour découvrir les bonnes pratiques qui se font outre-Atlantique aux côtés de femmes de vingt-cinq nationalités différentes. «Pendant ce séjour, j’ai eu l’occasion de développer mon carnet d’adresses, d’acquérir une ouverture d’esprit et de faire de très belles rencontres, confie-t-elle. J’ai réalisé que peu importe d’où l’on vient: des Etats-Unis, du Zimbabwe ou encore du Liban, chaque entrepreneur doit relever les mêmes défis: trouver un équilibre entre sa vie personnelle et son travail, se faire accepter en tant que femme leader et trouver des financements pour son projet».

 

Soraya Hamdan

Application pour smartphone
De retour au Liban, Randa planche actuellement sur le lancement d’une application mobile pour Lebtivity.com et sur la recherche de fonds pour développer l’activité. Mon Liban en trois mots? «La chaleur humaine, le printemps et la résilience, répond-elle. Ce pays trouve toujours la force de se relever malgré tous les défis et les dangers auxquels il fait face et c’est justement ce qui fait sa force. Mon rêve est que tous les talents expatriés de la diaspora reviennent un jour faire profiter leur pays de leurs atouts, comme je souhaite à chacun de revenir à son pays».

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