Magazine Le Mensuel

Nº 3008 du vendredi 3 juillet 2015

Culture

Nehna wel amar wel jiran. Pour la survie du festival

Jeux d’ombre, exposition de photographies, instruments de musique qui dialoguent, performance et performeurs, danseurs et danseuses, conteurs et conteuses… des visages familiers d’artistes, d’acteurs de la scène locale, tous domaines confondus, des visages inconnus, ceux qui habitent la ville, ceux qui viennent d’ailleurs… durant trois jours d’affilée, les escaliers Vendôme s’animent, ses façades, ses maisons, ses fenêtres… des jeunes qui battent la cadence, des enfants qui sourient, se retournent vers le visage de leurs parents, eux aussi souriants, des personnes plus âgées, assises, debout, le sourire encore et toujours… un incessant mouvement, ondoyant, dans la pénombre, sous la lumière blafarde des réverbères… sous la lune exactement.
C’est l’ambiance qui imprègne le festival Nehna wel amar wel jiran, qui a lieu, depuis 2011, chaque été sur les escaliers Vendôme, à Beyrouth, vous savez ces célèbres escaliers qui relient les rues et ruelles de Gemmayzé, Mar Mkhael et Geïtaoui… Organisé par le collectif Kahraba, association culturelle à but non lucratif, le festival célèbre cette année sa 4e édition, qui se tiendra les 28, 29 et 30 août. Au programme de cette année: quarante artistes, amateurs et volontaires du Liban, Syrie, Palestine, Egypte, France, Espagne, Italie et Allemagne, joindront leurs efforts pour transformer les escaliers, les balcons, les fenêtres, les toits et les jardins en scènes multidisciplinaires. Plus de 300 visiteurs sont attendus… Mais, pour que le festival puisse effectivement avoir lieu, il est impossible d’échapper à certaines dépenses nécessaires. Pour cela, le collectif Kahraba a lancé une campagne de collecte de fonds, crowdfunding, sur la plateforme Zoomal: www.zoomaal.com/projects/naj2015?ref=29658681 dans l’objectif d’atteindre la somme désirée.
Sur la page Web, une vidéo revient sur l’histoire de ce festival qui est, avant tout, une histoire de voisinage, de rencontre et de magie. «Nous avons pu faire en sorte que ce festival devienne la propriété des habitants du quartier et qu’ils l’adoptent de tout cœur», dit une voix off. Le festival a débuté en 2011 quand le collectif Kahraba s’est installé dans l’une des maisons ancrées au cœur des escaliers Vendôme. Le collectif s’occupe de théâtre, marionnettes, danse et photographie, ce qui de tout temps a intrigué les voisins de voir un va-et-vient de mouvements et de matériel artistique, entre marionnettes, déco… «Mais comme la plupart de nos voisins ne sont pas habitués à aller au théâtre, nous avons voulu leur présenter un de nos spectacles, sur les escaliers, en face de leurs maisons. De là est née l’idée de créer un festival artistique et familial qui attire des visiteurs de tous les quartiers et de tous les âges». Un festival gratuit qui ressemble à Beyrouth. Un clic, un don pour tisser un pont entre les habitants de la ville.
La campagne de crowdfunding se poursuit jusqu’au 14 juillet.

Liban Jazz accueille Bombino
Le mardi 7 juillet, le Music Hall Waterfront résonnera d’airs touareg. Sur scène, Bombino pour son premier passage au Liban, à l’initiative de Liban Jazz et Eleftériadès Productions.
Véritable phénomène sensationnel sur la scène musicale internationale, Bombino est un nouveau «guitar hero», comme le présente le magazine The Rolling Stone.
Guitariste autodidacte, Bombino a ses racines profondément ancrées dans l’identité nomade du Sahara. «Pour moi être nomade, ce n’est pas vivre dans le désert, c’est aimer la liberté, être ouvert», dit-il dans une interview accordée au magazine Les Inrocks. Véritable nomade, depuis son enfance, au Niger, marquée par la guerre et l’exil, il est membre de la tribu touareg des Ifoghas, peuple nomade descendant des Berbères d’Afrique du Nord. Autodidacte, il a développé une approche particulière de la guitare et sa voix est considérée l’une des plus puissantes parmi son peuple.
Découvert par le réalisateur Ron Whyman lors d’un voyage à Agadez, ce dernier lui consacrera un documentaire: Agadez, the Music and the Rebellion. Il aura également l’occasion de jouer avec deux des membres des Rolling Stones, Keith Richards et Charlie Watts, avant que Dan Auerbach, le guitariste des Black Keys, l’invite à produire son nouvel album dans son studio à Nashville. A l’opus Agadez succède ainsi Nomad.
Entre rythmes touareg, rock’n’roll, blues et électro, Bombino et son groupe présentent plus d’une centaine de concerts chaque année, partout dans le monde. Mais ce concert à Beyrouth «a une importance particulière dans (son) cœur, comme il le dit. Certaines légendes touareg racontent que nos racines sont au Levant, donc quelque part c’est un retour au bercail! Je ne suis encore jamais venu au Liban. Pour moi, c’est une grande découverte et, surtout, un grand bonheur de pouvoir jouer ma musique dans ce pays et rencontrer le public dont beaucoup d’amis artistes m’ont souvent parlé». 
Rendez-vous donc le 7 juillet, au Music Hall Waterfront, à 21h.Billets en vente au Virgin et en ligne:
www.ticketingboxoffice.com

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