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Nº 2997 du vendredi 17 avril 2015

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13 avril 1975-13 avril 2015. Se souvenir pour ne jamais recommencer

13 avril 1975, les Libanais s’enfoncent dans une guerre civile qui a pris fin, quinze ans plus tard, avec l’accord de Taëf. Quarante ans après, le Liban est à un carrefour de chemins, entre une situation interne délicate et des développements régionaux bouillonnants.
 

Les quinze ans de guerre au Liban ont ravagé un pays et traumatisé des générations. Ce sont surtout les jeunes qui ont, cette année, voulu transmettre des messages de paix, d’unité et de coexistence, afin de ne pas oublier les années de guerre et d’en tirer les leçons pour ne jamais recommencer.
Les messages, cette année, ont porté sur la peur de la vacance présidentielle, ainsi que sur la réalité de la vie au Liban et la peur du terrorisme.
Les membres de l’association Offre-Joie ont voulu commémorer les souvenirs de la guerre dans la joie. 130 jeunes, toutes confessions confondues, ont programmé des chorégraphies, des chants, des discours et des pièces de théâtre de plus d’une heure, devant le Musée national, sur la place qui servait de base aux francs-tireurs de la guerre et séparait Beyrouth en deux. La réunion était placée sous le slogan «Liban pluriel, uni, libre et juste».
Une initiative est lancée par des jeunes qui refusent que le 13 avril reste dans la mémoire des Libanais une date rappelant la guerre et les tragédies qu’ils ont vécues. Le thème On se rappelle et on avance devra durer jusqu’au 13 avril 2016. Cette initiative est un appel à tous les citoyens et à toutes les associations civiles à participer à ce projet, dans plusieurs domaines: politique, médiatique, civique, sécuritaire, concernant la guerre et l’accent est mis sur l’importance de changer l’image du pays.
Pour diffuser son message, Offre-Joie a mis en scène une pièce de théâtre basée sur un dialogue entre une petite fille et son professeur. Ce dernier se charge de lui raconter l’histoire de son pays pendant la guerre. C’est un travail qui, à travers une série de mises en scène, évoquant chacune un volet de la guerre, met l’accent sur la date du 13 avril et sur ses conséquences.

 

128 chaises noires
Le professeur rappelle les victimes de la guerre, le problème de la division des communautés et termine sur une note récente portant sur le vide présidentiel. Pour les jeunes, l’important est de connaître l’histoire du pays pour pouvoir enfin tourner la page.
Pour Offre-Joie, il était important que les jeunes s’unissent pour empêcher que l’histoire se répète. Ils ont dessiné sur la façade du musée un arc-en-ciel en deux parties: la première, en blanc et noir, symbolisant la situation du Liban d’aujourd’hui, et l’autre partie en couleurs, symbole de la vie et de la joie, avec un pont formé de 128 chaises noires qui représentent les députés incapables d’élire un chef d’Etat.
Une dizaine de responsables religieux, toutes confessions confondues, ont récité une prière commune, une branche d’olivier brandie dans la main.
Dans le ciel, et sous l’emblème Ramène les couleurs du Liban, on voit du vert pour l’harmonie, du bleu pour la vitalité, du rouge pour la joie et l’amour, ainsi que de l’orange pour l’optimisme. La présidente du comité des parents des disparus, Wadad Halawani, a participé à l’événement et avait apporté des stickers représentant l’initiative du comité.
Les étudiants de la promotion 2015 du collège Notre-Dame de Jamhour ont commémoré les quarante ans de la guerre en ravalant les colonnes du pont Fouad Chéhab. Leur message: pour un Liban, modèle de la vie en commun. Le lieu est un rappel du pont Fouad Chéhab, la plus symbolique des voies de passage entre Beyrouth-Ouest et Beyrouth-Est de 1975 à 1990.
Quarante ans après, le Liban se rappelle et veut bien enfuir les années de la guerre pour vivre enfin dans la joie et la sérénité, un espoir toujours vivace malgré les difficultés et les défis actuels.

Arlette Kassas

Les parents des disparus
Le Comité des disparus au Liban et l’association Right to know ont lancé la campagne Le quarantième de la guerre, étalée sur quarante jours. Quatre photos, affichées et publiées, posent chacune une question dans les rues, les médias et sur les réseaux sociaux: «Où sont les disparus?», «Où sont les responsables?», «Où sont les citoyens?» et «Où sont les fils du Liban?».
L’objectif est de rappeler la cause des familles des disparus et de mettre les bases constitutionnelles et opérationnelles pour que l’Etat se penche sur le sort de ces victimes.

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