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Nº 2977 du vendredi 28 novembre 2014

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Société

On a trouvé le moyen d’éradiquer l’extrémisme. Sauver les générations futures

Flash-back sur l’événement du 11 Septembre 2001. Une catastrophe qui a secoué la planète, alors que les tours jumelles du World Trade Center à New York ont été réduites à néant. Plus tard, la guerre de l’Irak en 2003, le «printemps» arabe en 2010, les guerres et les conflits n’ont cessé de prendre de l’ampleur dans un paysage politique en proie à l’essentialisme et à la polarisation de l’idéologie politique tant à l’Orient qu’à l’Occident. Les nouvelles générations n’en étant pas épargnées, comment faire pour les sauver?
 

«Militant», «fondamentaliste», «extrémiste», «terroriste»… Des termes qui ne cessent de revenir dans notre quotidien, ancrant leurs racines dans l’esprit de la jeunesse libanaise surtout. Fragile et indécise, facilement influençable, la génération d’aujourd’hui ne peut rester indifférente aux bouleversements politico-socio-religieux de la région. La montée d’une politique fondamentaliste divisant sociétés, religions et peuples, les initiatives nombreuses et explicites des salafistes et des groupes nationalistes arabes sunnites, la politique d’ostracisme infligée à l’Iran par l’Occident, tant d’événements qui ne peuvent que fusionner dans des pays avec une sorte de tradition démocratique. C’est ainsi que les divisions abondent, que l’équilibre précaire est usurpé par de nouvelles complications, que la théocratie s’impose dans certains cas, que nous revenons au «c’est légal parce que je le veux» du roi Louis XVI.
De jeunes Libanais qui ne rêvent que du «n’importe où, n’importe quoi, pourvu que ce soit hors de ce monde», est chose bien triste. Bien qu’en apparence le «hors de ce monde», constitue pour les Libanais une sorte de refuge, d’asile, de coquille les protégeant de tout mal et leur offrant, tel qu’ils le prétendent, la clé de l’avenir, il serait bon de percevoir la réalité de cet ailleurs qui se fait désirer par bien de jeunes de notre pays. La fuite vers l’Occident ne constitue en aucun cas une solution à la crise de chacun. D’une part, la crise économique mondiale a privé de ses droits une grande partie de la jeune génération, la laissant en proie à tout genre d’extrémisme – non seulement l’extrémisme religieux. Plus encore, le principe de démocratie apparent derrière lequel se cache la politique de bien de pays d’Occident n’est, en vérité, qu’une façade légitimant l’illégitime et mettant en péril la vie et la liberté des peuples de cet «ailleurs». Au lieu donc de ne chercher qu’à fuir, les générations d’aujourd’hui tiendraient mieux à considérer les multiples options qui se présentent à elles, à reconsidérer ce qu’elles pourraient offrir à leur pays pour que ce dernier puisse être conforme à leurs attentes. De là, se comprend l’importance de la culture, de la lecture, du savoir et de l’ouverture. Avec toute la corruption à laquelle sont confrontés les jeunes, avec toute cette classe politique qui change de têtes sans pour autant changer de cervelles, avec tous ces régimes répressifs, la véritable liberté, le véritable équilibre n’ont de sens qu’au travers de la Connaissance. Rêvons donc de savoir et d’apprendre! n N.M.
«Tout au long de leur vie, Mélissa et Andy se sont aimés de loin, par correspondance, sans jamais pouvoir être ensemble. Le destin, la vie, les rencontres les ont rapprochés puis éloignés, jamais ils n’ont cessé de s’écrire…».
En quelques mots, Alain Plisson introduit la pièce qu’il présente au théâtre Montaigne, aujourd’hui, vendredi 28 novembre, ainsi que les 3, 4 et 5 décembre. Love Letters, jouée par Leyla Nahas et Michel Moppert dans une réalisation d’Alain Plisson. Love Letters est une pièce originale à laquelle le public libanais n’est pas vraiment habitué. «Ce n’est pas une pièce de théâtre dans le sens de pièce de théâtre, car elle est uniquement jouée sur le sentiment. Il n’y a pas de mise en scène, les corps n’expriment rien, c’est la voix qui doit véhiculer tous les sentiments de ces deux personnages». Cela est dû essentiellement aux exigences de l’auteur, des exigences très particulières.

 

Une lettre, une vie
«Il ne veut pas que le texte soit appris par cœur, mais que les acteurs lisent les lettres sur scène. Il ne veut pas qu’ils jouent, qu’il y ait un jeu de scène, mais qu’ils soient assis toute la durée du spectacle, et que leur communication ne se fasse qu’à travers leurs voix uniquement». Tout le monde s’est plié à ses exigences, que ce soit à Paris, l’hiver dernier, ou actuellement à New York.
C’est donc en permanence assis que Leyla Nahas et Michel Moppert se donneront la réplique. Alain Plisson compte sur ses acteurs qui ont déjà joué avec lui à plus d’une reprise, parce que c’est essentiellement sur eux que repose la pièce, puisque la mise en scène, elle, est absente, tout comme les costumes, ou la musique, rien que quelques bruits de fond pour situer le contexte de tel ou tel passage d’une lettre, tout comme le décor également, rien qu’une table «spécialement conçue quand même», et deux chaises. Alors que généralement Alain Plisson se préoccupe réellement de tous ces détails qu’il ne voit pas réellement comme tels. Cette fois, il a axé essentiellement son travail sur la direction d’acteur évidemment, la pièce ne permettant ni la moindre fantaisie ni la moindre improvisation, mais surtout sur l’éclairage, avec lequel il meuble le dialogue pour donner l’atmosphère qui convient au texte lui-même, l’éclairage qu’il tamise par moments, qu’il éclate par d’autres, pour attirer la concentration du spectateur sur telle ou telle mise en situation.
Avec cet humour particulier duquel il ne se départit jamais, Alain Plisson enchaîne les petites histoires, les mots qui touchent, l’émotion qu’il espère faire sentir aux spectateurs. «L’originalité du spectacle sera transcendée par l’émotion qui s’en dégagera, dit-il. Je compte sur la compréhension du public qui, le premier étonnement passé, rentrera, je suis sûr, dans le bain et ce faisant, recevra une très belle pièce, un très beau texte. Il va adorer les personnages, il va rire avec eux, souffrir avec eux. Tout le monde va se reconnaître dans ces personnages, surtout le personnage féminin. Née riche, avec beaucoup de moyens, elle va tout rater progressivement en ne gardant dans sa vie qu’une seule chose valable, ces lettres et cet amour».
Pièce intimiste, plaisir des mots, Alain Plisson veut surtout Love Letters comme «un hommage à l’écriture, un plaidoyer pour la défense de l’écriture et de la lettre. Dans le temps, ajoute-t-il, on écrivait des lettres. Aujourd’hui, on ne s’envoie plus que des sms qui ne veulent plus rien dire. On ne s’écrit plus. Alors que cet homme, ce personnage se bat pour écrire, il refuse d’utiliser le téléphone. Il lui dira que chaque mot qu’il écrit est un morceau de lui-même qu’il lui envoie sur le papier. Que c’est sa main qui a écrit ce qu’il lui envoie et son cœur qui lui a fait écrire ce qu’il lui a écrit. C’est donc un hommage à tous ceux qui, durant leur vie, ont pris la peine de prendre un papier, un stylo et de rédiger un texte, une lettre qu’on peut éternellement garder, lire et relire pour revivre les moments vécus».

Nayla Rached
 

Love Letters sera présenté aujourd’hui, novembre, ainsi que le 3, 4 et 5 décembre, à 20h30, au théâtre Montaigne, à l’Institut français de Beyrouth.
Réservations et billetterie à la Librairie Antoine (01) 218 078 ou sur place les soirs de représentation, à partir de 20h.

Saving the Next Generation
Saving the Next Generation (Sauvegarde de la prochaine génération-SNG) est une fondation laïque, qui travaille avec des jeunes du Moyen-Orient, entre 10 et 22 ans, défavorisés et lésés, et ce indépendamment de leur appartenance religieuse, de leur sexe, de leur origine ethnique ou de leur nationalité. SNG cherche à assurer la promotion de la culture, de la liberté, de la paix et à ouvrir de nouvelles voies à ces jeunes en les encourageant et en les poussant à l’éducation. Elle réalise cette mission à travers une série de camps de fins de semaine éducatifs et divertissants, des voyages si instructifs et des bourses offertes aux étudiants talentueux leur permettant d’avoir accès à de grandes universités, régionales et internationales. Promouvant les valeurs fondamentales de la vie, de la liberté et de la paix dans un cadre moderne, diversifié et tourné vers l’avenir au Moyen-Orient, (SNG) cherche à multiplier les accès aux possibilités d’éducation des jeunes, à briser le cycle perpétuel de la terreur et des conflits internes, à rompre le cycle de la haine et à éliminer l’extrémisme politique et l’intolérance religieuse qui sévissent au Moyen-Orient.

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