Magazine Le Mensuel

Nº 2977 du vendredi 28 novembre 2014

Spectacle

Alain Plisson réalise Love Letters. Hommage à l’écriture

Alain Plisson revient avec une nouvelle pièce de théâtre, Love Letters, d’après le texte de A.R. Gurney dans une adaptation française d’Alexia Perimony, et interprétée par Leyla Nahas et Michel Moppert. L’amour au temps de l’écriture…
«Tout au long de leur vie, Mélissa et Andy se sont aimés de loin, par correspondance, sans jamais pouvoir être ensemble. Le destin, la vie, les rencontres les ont rapprochés puis éloignés, jamais ils n’ont cessé de s’écrire…».

 

En quelques mots, Alain Plisson introduit la pièce qu’il présente au théâtre Montaigne, aujourd’hui, vendredi 28 novembre, ainsi que les 3, 4 et 5 décembre. Love Letters, jouée par Leyla Nahas et Michel Moppert dans une réalisation d’Alain Plisson. Love Letters est une pièce originale à laquelle le public libanais n’est pas vraiment habitué. «Ce n’est pas une pièce de théâtre dans le sens de pièce de théâtre, car elle est uniquement jouée sur le sentiment. Il n’y a pas de mise en scène, les corps n’expriment rien, c’est la voix qui doit véhiculer tous les sentiments de ces deux personnages». Cela est dû essentiellement aux exigences de l’auteur, des exigences très particulières.
 

Une lettre, une vie
«Il ne veut pas que le texte soit appris par cœur, mais que les acteurs lisent les lettres sur scène. Il ne veut pas qu’ils jouent, qu’il y ait un jeu de scène, mais qu’ils soient assis toute la durée du spectacle, et que leur communication ne se fasse qu’à travers leurs voix uniquement». Tout le monde s’est plié à ses exigences, que ce soit à Paris, l’hiver dernier, ou actuellement à New York.
C’est donc en permanence assis que Leyla Nahas et Michel Moppert se donneront la réplique. Alain Plisson compte sur ses acteurs qui ont déjà joué avec lui à plus d’une reprise, parce que c’est essentiellement sur eux que repose la pièce, puisque la mise en scène, elle, est absente, tout comme les costumes, ou la musique, rien que quelques bruits de fond pour situer le contexte de tel ou tel passage d’une lettre, tout comme le décor également, rien qu’une table «spécialement conçue quand même», et deux chaises. Alors que généralement Alain Plisson se préoccupe réellement de tous ces détails qu’il ne voit pas réellement comme tels. Cette fois, il a axé essentiellement son travail sur la direction d’acteur évidemment, la pièce ne permettant ni la moindre fantaisie ni la moindre improvisation, mais surtout sur l’éclairage, avec lequel il meuble le dialogue pour donner l’atmosphère qui convient au texte lui-même, l’éclairage qu’il tamise par moments, qu’il éclate par d’autres, pour attirer la concentration du spectateur sur telle ou telle mise en situation.
Avec cet humour particulier duquel il ne se départit jamais, Alain Plisson enchaîne les petites histoires, les mots qui touchent, l’émotion qu’il espère faire sentir aux spectateurs. «L’originalité du spectacle sera transcendée par l’émotion qui s’en dégagera, dit-il. Je compte sur la compréhension du public qui, le premier étonnement passé, rentrera, je suis sûr, dans le bain et ce faisant, recevra une très belle pièce, un très beau texte. Il va adorer les personnages, il va rire avec eux, souffrir avec eux. Tout le monde va se reconnaître dans ces personnages, surtout le personnage féminin. Née riche, avec beaucoup de moyens, elle va tout rater progressivement en ne gardant dans sa vie qu’une seule chose valable, ces lettres et cet amour».
Pièce intimiste, plaisir des mots, Alain Plisson veut surtout Love Letters comme «un hommage à l’écriture, un plaidoyer pour la défense de l’écriture et de la lettre. Dans le temps, ajoute-t-il, on écrivait des lettres. Aujourd’hui, on ne s’envoie plus que des sms qui ne veulent plus rien dire. On ne s’écrit plus. Alors que cet homme, ce personnage se bat pour écrire, il refuse d’utiliser le téléphone. Il lui dira que chaque mot qu’il écrit est un morceau de lui-même qu’il lui envoie sur le papier. Que c’est sa main qui a écrit ce qu’il lui envoie et son cœur qui lui a fait écrire ce qu’il lui a écrit. C’est donc un hommage à tous ceux qui, durant leur vie, ont pris la peine de prendre un papier, un stylo et de rédiger un texte, une lettre qu’on peut éternellement garder, lire et relire pour revivre les moments vécus».

Nayla Rached
 

Love Letters sera présenté aujourd’hui, novembre, ainsi que le 3, 4 et 5 décembre, à 20h30, au théâtre Montaigne, à l’Institut français de Beyrouth.
Réservations et billetterie à la Librairie Antoine (01) 218 078 ou sur place les soirs de représentation, à partir de 20h.

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