Comment évaluez-vous la situation dix ans après l’assassinat de Rafic Hariri?
Avec beaucoup de regret, je constate que le sang de Rafic Hariri, qui aurait dû permettre de jeter les prémices d’un véritable Etat, a été versé en vain. Ce que l’on voit aujourd’hui n’est plus un pays, mais plusieurs cantons gouvernés sans président. Si Hariri était vivant, il n’aurait pas permis une telle situation.
Rafic Hariri symbolisait une modération qui n’existe plus aujourd’hui…
Celui qui a perpétré cet assassinat avait ce but précis en tête. On réalise aujourd’hui qu’il était prévu d’arriver à des situations telles que celles représentées par Khaled Daher. Le manque de conscience et de discernement de Saad Hariri, la haine de Fouad Siniora et son désir d’éloigner celui-ci ont fait qu’on assiste à Khaled Daher et ses semblables.
Quel est votre sentiment après quatre années de détention arbitraire?
Aucune charge n’a été retenue contre nous. Aucun élément ou indice n’a pu prouver que les quatre généraux avaient un lien quelconque avec cet assassinat. Nous étions comme kidnappés par les Nations unies et ceux qui ont exploité le sang de Rafic Hariri. Quand on est sorti de prison, il existait un désaccord entre le général Jamil Sayyed et moi. Lui voulait avoir recours immédiatement aux tribunaux. Je lui disais que la justice libanaise et le Tribunal spécial pour le Liban n’ont pas été faits pour nous rendre justice, mais pour nous mettre en prison. En revanche, aujourd’hui, à la lumière du déroulement du procès, nous pouvons utiliser les registres, les documents et les témoignages présentés devant le TSL pour agir en justice. Je possède un document dans lequel Saad Hariri affirme devant la commission d’enquête que j’ai tué son père. Je vais intenter un procès en dénonciation calomnieuse.
Le TSL est-il crédible?
Ce TSL, qui a déjà coûté 300 millions de dollars, ne pourra jamais savoir qui a tué Rafic Hariri. Si parmi tous ceux qui se sont succédé dans l’instruction de cette affaire, quelqu’un a pu connaître le coupable, il aurait donné son nom depuis longtemps. Je n’arrive pas à comprendre la position du Courant du futur aujourd’hui. Comment Saad Hariri peut-il dialoguer avec ceux qu’il accuse d’avoir tué son père? Je dis à ce Courant du futur, vous êtes victime d’une grande manipulation. Le sang de Hariri a été exploité dès le début dans le projet d’une fitna sunnite-chiite.
J.SE.