Les fleurs de Sleiman à Bassil
Le président Michel Sleiman a attiré l’attention des observateurs lors de la cérémonie de lancement du Prix libanais d’excellence au palais de Baabda, en faisant l’éloge des réalisations du ministre Gebran Bassil au ministère de l’Energie. Le chef de l’Etat a salué les efforts déployés par le ministre aouniste et son approche professionnelle du dossier qui a rapidement progressé grâce à lui. L’action de Bassil à l’Energie a également mérité les félicitations de plusieurs compagnies internationales qui ont souligné la qualité et le sérieux des études entreprises sous son mandat. L’ouverture du président Sleiman sur Bassil a été interprétée comme un message adressé au général Michel Aoun pour l’inviter à inaugurer une nouvelle page dans les relations avec Baabda. Sans résultat jusqu’à présent, puisque le chef du Courant patriotique libre (CPL) pense que cette prise de position présidentielle favorable à Bassil est purement politique.
Contre l’amendement constitutionnel
Les responsables saoudiens sont opposés à tout amendement constitutionnel quel qu’en soit le prétexte, avance un ex-député. Les autorités saoudiennes, tout comme les américaines, sont attachées aux textes et à l’esprit des accords de Taëf en cette période critique. L’ambassadeur d’une grande puissance, ajoute cette source, aurait fait savoir que son pays n’approuvera pas un quelconque amendement et qu’il appuie la tenue du scrutin présidentiel à l’échéance prévue. Il souligne que son gouvernement ne favorise aucun candidat, mais soutiendra celui que choisiront les Libanais et qui fera l’unanimité autour de sa personne. Un fin analyste croit que l’accord, qui a abouti à la formation du nouveau cabinet et à l’élaboration de la déclaration ministérielle malgré toutes les embûches, démontre une volonté arabe et internationale de maintenir l’élection présidentielle en son temps et la scène libanaise à l’écart des crises régionales.
Détenus oubliés en Syrie
Les familles d’un nombre de disparus dans les geôles syriennes ont déploré que le sort de leurs fils n’ait pas été cité dans la déclaration ministérielle, à l’instar du cas Moussa Sadr. Pourquoi cette négligence, s’interrogent ces familles, surtout qu’une commission juridique, mise sur pied à cet effet au début du mandat actuel, a tenu plusieurs réunions sans réussir à obtenir des informations utiles de la part des Syriens qui continuent à nier officiellement l’existence de prisonniers libanais dans les prisons en Syrie. La Croix-Rouge internationale et les organisations internationales engagées en faveur des prisonniers pourraient agir pour libérer les détenus libanais à la lumière des données récemment révélées sur ce sujet.
Bkerké: présidentielle à tout prix
Le patriarche maronite, Mar Béchara Boutros Raï, est déterminé à entreprendre une action d’éclat au niveau de l’échéance présidentielle, en convoquant les leaders maronites à une réunion consacrée à ce sujet. Cette réunion sera suivie d’un rassemblement élargi de tous les députés chrétiens à Bkerké qui seront invités à s’engager pour «interdire la vacance de la première institution officielle». Le cardinal Raï demandera aux présents de participer à l’élection et de s’abstenir de la boycotter sous n’importe quel prétexte, parce que leur responsabilité est fondamentale à cet égard. Selon une source du 14 mars, le dignitaire maronite pourrait demander aux députés de signer une pétition réclamant la tenue du scrutin dans les délais, et refusant tout boycottage du vote. Telles sont, d’après un politique, les recommandations du Saint-Siège qui tient à ce que les députés chrétiens assurent le quorum pour que l’élection ait lieu. C’est aussi ce qu’a perçu le ministre Gebran Bassil lors de sa récente visite au Vatican.
Budget: crédits engloutis
Durant la période d’expédition des affaires courantes, les ministres du gouvernement du président Najib Mikati auraient engagé de fortes dépenses, ne laissant que des sommes minimes affectées principalement aux salaires des fonctionnaires. Des doléances dans ce sens, formulées par plusieurs nouveaux ministres, pourraient être abordées lors de la première réunion du Conseil parce que sans déblocage de crédits, leurs ministères seront paralysés. 90% des réserves budgétaires ont été dépensées via des décrets d’ouverture de crédits, un mécanisme adopté depuis 2005 pour la gestion des dépenses publiques en l’absence d’un budget établi. Le président Tammam Salam tente d’élaborer un budget prévisionnel à soumettre au Conseil des ministres au plus vite. Certains réclament, par ailleurs, de remettre les compteurs à zéro et de recommencer, avec le nouveau mandat, à doter l’Etat de budgets généraux.
Députés-ministres: non au cumul!
Le projet de dissociation des fonctions ministérielle et parlementaire, concocté par le président Michel Sleiman pourrait, comme le souhaitent certains politiques, être soumis à l’Assemblée générale après avoir croupi des années dans les tiroirs à la suite des protestations de certains. La tendance est à la réactivation de ce dossier dans le cadre des «réformes politiques». Le général Michel Aoun est l’un des chantres de l’adoption de ce projet, c’est pourquoi tous les ministrables désignés par le CPL n’appartiennent pas à l’hémicycle parlementaire. Mais les députés du Bloc du Changement et de la Réforme n’ont pas voté en faveur de ce projet lorsque le président de la République l’a soumis au Parlement, préférant opter pour l’abstention après que leurs alliés, le Hezbollah en particulier, s’y sont opposés.
Souhait non exaucé
Le président Michel Sleiman souhaitait être accompagné par le Premier ministre Tammam Salam au sommet arabe de Koweït, après que le gouvernement eut obtenu la confiance du Parlement. Ainsi, aurait-il eu l’occasion de rencontrer des leaders arabes, ainsi que des responsables du Golfe, afin de les encourager à venir passer la saison estivale au Liban. Une image claire de l’unité du pouvoir au Liban ne peut que renforcer la position libanaise auprès des chefs arabes. Le président Salam compte aussi s’envoler pour l’Arabie saoudite afin de s’entretenir avec le roi Abdallah Ben Abdel-Aziz et les hautes autorités du royaume, et aussi… avec Saad Hariri.
Jreige contre le chaos médiatique
Le chaos médiatique, notamment sur les réseaux sociaux, indispose plus d’un responsable. Certains n’hésitant pas à mener de violentes campagnes contre les personnalités politiques, sans que les organes concernés ne puissent agir contre les contrevenants. Le ministre de l’Information, Ramzi Jreige, œuvre à la réactivation du projet de loi régissant les médias que l’ex-ministre Tarek Mitri avait préparé. L’un des membres de la Commission parlementaire de l’Information indique que ce projet doit être débattu, amendé, adopté et appliqué. Mitri n’avait pas eu le temps de le soumettre au Conseil des ministres pour qu’il soit transféré devant le Parlement. Le ministre Jreige consulte les principaux concernés et les responsables dans le but de parvenir à une formule qui mettrait de l’ordre dans ce dossier, tout en veillant à la liberté de la presse qui doit assumer ses responsabilités.
Achraf Rifi n’a pas changé
Le ministre Achraf Rifi n’a pas changé. C’est dans le même esprit d’avant son entrée au cabinet Salam qu’il se positionne aujourd’hui. Il a été le seul ministre à répondre au président Bachar el-Assad lorsqu’il a réclamé que le futur président libanais appartienne à l’axe de la résistance. Le ministre de la Justice s’est exprimé sur Twitter: «Ce n’est pas au chef du régime syrien de dicter au Liban le choix de son président. La page de la tutelle est tournée et nous n’accepterons pas que la souveraineté et les institutions libanaises soient touchées». De même, Rifi a été le premier, parmi les ministres, à commenter la chute de Yabroud, via un communiqué, précisant: «Nous réitérons la mise en garde contre cette implication condamnable dans les affaires syriennes qui expose le Liban à un danger certain, surtout avec la violation des frontières et l’extension de l’auto-sécurité dans plusieurs régions et surtout autour de Ersal».
Le futur président, un homme de dialogue
Les Américains ont défini les caractéristiques dont doit jouir le nouveau président, abstraction faite des noms qu’il est prématuré de passer en revue. Parce que le Hezbollah fait désormais partie de l’équation régionale et qu’il ne représente plus, aux yeux des Américains, le mal absolu, le nouveau chef d’Etat libanais doit être capable de dialoguer avec lui pour établir les bases de la cohabitation du parti chiite avec l’Etat. C’est ce qu’indique une source proche du 8 mars qui croit, par ailleurs, que les Américains ne cherchent pas uniquement à trouver une formule d’intégration du Hezbollah dans l’Etat, mais ils sont aussi très intéressés par la lutte contre al-Qaïda en Syrie et au Liban, en coopération directe avec l’Arabie saoudite, et indirecte, peut-être, avec le régime syrien. Cette donnée est un élément essentiel de l’équation présidentielle.
Golan, Chébaa, Gaza: bras de fer israélo-iranien
Le raid israélien sur le village de Janta dans la Békaa à la frontière et les opérations qui l’ont suivi dans le Golan, les fermes de Chébaa et Gaza constituent des développements régionaux d’une importance extrême, selon l’analyse faite par plusieurs observateurs. Ils traduisent un bras de fer israélo-iranien, premier en son genre de par sa portée et sa nature, depuis l’explosion de la crise syrienne. Les milieux du 8 mars pensent que le réchauffement sur les fronts avec les territoires et le Golan occupés a un objectif dissuasif clair qui s’inscrit dans le cadre de la redéfinition des règles du «jeu», dont le but est de réinstaurer la conjoncture qui prévalait avant les bombardements israéliens sur l’une des bases du Hezbollah située aux frontières syro-libanaises dans la Békaa. Cette base a une importance stratégique pour le Hezb et ses alliés à la lumière des changements dramatiques qui touchent les divers fronts internes en Syrie et ceux proches des frontières avec le Liban.
Impossible unanimité présidentielle
Il est impossible d’élire un nouveau président de la République qui puisse faire l’unanimité autour de sa personne, estime l’ex-ministre, Mohammad Abdel-Hamid Beydoun, qui conseille à Bkerké «d’examiner sérieusement les équilibres politiques, parce qu’il est chimérique de croire en l’éventualité d’une entente sur un candidat». L’ex-ministre Beydoun souligne l’importance du renouvellement du mandat du président Michel Sleiman, qualifiant cette démarche de «devoir national». C’est l’unique planche de salut, ajoute-t-il, pour contrer la vacance du pouvoir qui guette.