Déjà présente dans treize pays, Bank Audi s.a.l. poursuit et consolide son développement international. Le point avec le Dr Marwan Barakat, économiste en chef du groupe et directeur de la recherche à Bank Audi.
En quoi consiste votre stratégie d’implantation à l’étranger?
Après avoir adopté une stratégie de diversification par ligne d’activité et acquis un statut de banque libanaise universelle, Bank Audi s.a.l. a implémenté une stratégie de diversification de ses activités par marché géographique. Cela, afin d’assurer une répartition plus équilibrée entre les marchés libanais et étrangers, tout en renforçant la résilience de la banque face à tout développement adverse sur un marché spécifique. Fin 2013, la part des opérations à l’étranger dans le total actif s’est élevée à 43% contre 11% en 2005. Bank Audi s.a.l. est aujourd’hui présente dans treize pays à travers douze banques et trois compagnies financières. En plus du Liban, de la France et de la Suisse, la banque a étendu son expansion à la Syrie, la Jordanie, l’Egypte, le Soudan, l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, Monaco et, plus récemment, la Turquie. Elle va étendre ses opérations vers l’Irak cette année. Ainsi, Bank Audi a réussi à se positionner dans le cercle restreint des grandes banques régionales de par sa taille et sa présence dans différents pays de la région Mena.
Quel a été l’impact du Printemps arabe?
A la suite du «Printemps arabe», nous avons réajusté notre stratégie, afin de nous focaliser sur la transformation du groupe en une banque levantine large, dont le développement au cours des cinq ans à venir est appelé à graviter autour de quatre axes. Le premier consiste à consolider et renforcer notre leadership au Liban, en poursuivant l’optimisation des emplois bancaires, tout en renforçant l’efficience opérationnelle, pour des gains de productivité accrus. Le second axe consiste à renforcer le positionnement du groupe en Egypte, un marché à fort potentiel de croissance, en raison de la dimension du pays et de l’abondance des ressources, qui assurent des perspectives de croissance économique et financière favorables. Le troisième axe vise à assurer sur le moyen terme une franchise bien établie en Turquie, un pays qui jouit toujours d’une taille considérable et de taux de croissance satisfaisants malgré la volatilité de court terme. Le quatrième axe a pour objectif d’optimiser la coopération et les synergies entre les entités de banque privée en Europe, au Levant et dans les pays du Golfe, ainsi qu’en élargissant l’étendue géographique des opérations et la gamme des produits et services afin de consolider les activités de banque privée.
L’Irak et le Soudan sont-ils toujours des pays porteurs dans votre expansion?
Le groupe cherche à poursuivre une expansion vers des pays à forte valeur ajoutée. L’amélioration de la croissance économique réelle de l’Irak, le rapatriement des flux de capitaux et le transfert de technologie généreraient des taux de croissance élevés de la masse monétaire et amélioreraient le niveau de vie et de bien-être, avec effets corollaires sur les besoins de services financiers au sein d’une industrie financière sous-bancarisée. Bank Audi est en train d’étendre ses opérations en Irak et a obtenu de la Banque centrale du pays une licence pour ouvrir sept branches et lancer des opérations à Erbil, Bagdad, Basra, Najaf, Suleymanié, Salaheddine et Mossoul, au cours de 2014. Quant au Soudan, la banque y maintient une présence de banque islamique universelle. Nous y avons réalisé une profitabilité satisfaisante, la taille des opérations s’élevant à 123 millions de dollars américains.
Quel bilan dressez-vous pour 2013?
L’actif total consolidé a progressé de 4,9 milliards de dollars US sur base annuelle (+15,6%) pour atteindre 36,2 milliards de dollars en décembre 2013, desquels 42,6% sont attribués aux succursales à l’étranger. Cette croissance est principalement favorisée par Odeabank, la succursale turque à part entière, qui a réussi en 14 mois à se hisser à la 14e place parmi les 33 banques en Turquie. En parallèle, les activités en Egypte, où la banque se classe 7e dans le secteur, ont enregistré une contribution positive à la croissance de l’actif total et des profits. Cette contribution positive a été favorisée par une gestion flexible des emplois et des ressources, permettant de saisir des opportunités fructueuses. L’objectif ultime est d’assurer une contribution considérable des entités étrangères à la croissance de l’actif total et des profits consolidés à partir de 2015. La réussite de cette stratégie réside dans l’importance du modèle opérationnel diversifié du groupe, son étendue géographique pertinente et sa capacité à tirer profit des divers flux d’échanges entre la région Mena et la Turquie et de la création de richesse considérable dans la région Mena, l’Amérique latine et l’Afrique sub-saharienne.
Jenny Saleh