Insan Hayawan Chay’, premier film de l’amateur de cinéma qu’est Abdallah Sfeir, sortira bientôt sur grand écran. Un thriller psychologique très original.
Inattendu. Imprévisible. Inclassable. Insan Hayawan Chay’, un film libanais qui semble surgi de nulle part. On n’en savait rien, aucun mot n’avait filtré. Et voilà d’un coup un mail annonçant la tenue de son avant-première qui a eu lieu le mardi 7 janvier à Vox Cinemas, face à un public plutôt réduit, quelques amis, quelques intimes, le cast et des journalistes.
Insan Hayawan Chay’ semble un projet très personnel, mené de bout en bout par Abdallah Sfeir, réalisateur, auteur, scénariste et producteur de son propre film. Un film qui est le produit de l’amateur de cinéma qu’est Abdallah Sfeir, comme il l’a précisé avant la projection.
Et le film commence avec cette précision: «Les événements que vous allez voir relèvent de certaines croyances populaires et ne sont en aucun cas des cas réels». Effectivement, dès le début, le film nous plonge dans un univers qui semble à cheval entre la réalité et l’imaginaire. A mesure que les minutes s’écoulent, le spectateur se retrouve de plus en plus perplexe. Ce qu’il est en train de voir relève de l’inhabituel, dans tous les sens du terme. Inhabituel quant au sujet traité, quant au genre cinématographique, un thriller psychologique, quant à l’éclairage, le mixage et, surtout, la place de ce film par rapport à la production locale. Inclassable, à la limite des films de série B américains, des films gore, où l’épouvante croise très souvent le rire.
La peur, un sentiment tellement humain qui peut conduire à mille et une réactions, à adhérer à toutes sortes de croyances populaires infondées, ou fondées seulement sur les radotages, à la magie noire, aux sortilèges, aux maisons hantées, aux démons possédant les personnes, par opposition à la science et aux maladies psychologiques. Toutes ces données s’entrecroisent dans le film au titre d’ailleurs très attirant, en référence à ce fameux jeu d’enfance qu’est Insan Hayawan Chay’.
Ramzi, Sam et Sahar, trois jeunes étudiants aux caractères très différents, ont été envoyés par leur professeur de psychologie Nour enquêter dans un village libanais qui s’appelle Aïn al-Jen sur une série d’activités supranaturelles qui y ont lieu. Une maison hantée, une femme enceinte habitée par une sorte de démon tueur d’enfants, mi-femme, mi araignée nommé al-Krineh, un homme qui prétend faire des miracles allant jusqu’à ressusciter des morts, une mère qui arrive toujours à voir son fils mort, un trésor secret enfoui quelque part sous terre… Autant d’histoires que nos trois protagonistes vont devoir affronter tout en faisant face à leurs propres peurs, à leur passé et leurs secrets respectifs… Seront-ils capables de résoudre ces mystères? Quelle est la part de vérité dans tout cela?
Insan Hayawan Chay’ ne manque pas de fraîcheur, même s’il souffre de beaucoup de lacunes. Tout d’abord, il aborde un sujet qui continue d’occuper les esprits. On évoque souvent, même dans les milieux les plus éduqués, le mauvais sort qui s’acharne contre certains, d’autres encore adhèrent aux remèdes de tous genres censés guérir de mille et un maux… On n’est pas tellement loin de notre réalité libanaise finalement, qu’on le veuille ou non!
Techniquement, le film est très loin d’être réussi. Le jeu des acteurs n’est pas réellement convaincant, puisque le casting regroupe des acteurs non professionnels, aux côtés de certains noms connus dans le domaine. Au niveau de l’éclairage, du mixage du son et de l’image, on relève une très grande faiblesse, la plus grande partie du film se passant dans la quasi-obscurité. Sans oublier certains détails de l’histoire qui ne collent pas du tout.
Insan Hayawan Chay’ peut facilement ressembler aux films que tout adolescent aurait peut-être un jour ou l’autre tourné avec un groupe d’amis durant ses années d’exploration curieuse, une caméra vidéo à portée de main, ou un livre des séries Clubs de 5 ou Clan des 7. C’est peut-être pour cette raison que le film s’avère attachant, parce qu’il est amateur justement. En tout cas, il est divertissant. On rit souvent même si ce n’est pas l’effet voulu par le réalisateur. Et puis, d’une manière ou d’une autre, il pousse quand même à réfléchir sur le conditionnement menant à la peur, et surtout sur certains aspects de la société libanaise.
Nayla Rached
Sortie prévue le 16 janvier.
A l’affiche
Issam el-Achkar, Khitam el-Laham, Julian Farhat, Tarek Yaacoub, Nader Dernaika, Hadia Khoury, Michel Khabbaz, Layal Ibrahim, Mahdi Zeaiter, Aïda Wehbé, Nehmé Naïm, Ziad Oleik…