Magazine Le Mensuel

Nº 2909 du vendredi 9 août 2013

Film

The Lone Ranger. Il était une fois le Far West

Nous avions Lucky Luke, Robin des Bois, et voici un nouveau justicier dans la même trempe; le personnage de fiction américain, The Lone Ranger, porté au cinéma par les créateurs de Pirates of the Caribbean, envahit nos grands écrans.

Après une longue et fructueuse virée dans le monde des pirates, avec la franchise Pirates of the Caribbean, le producteur Jerry Bruckheimer a décidé de plonger dans l’univers du western, avec The Lone Ranger, l’un des blockbusters les plus attendus cet été. C’est d’ailleurs Gore Verbinski, réalisateur des trois premiers volets de Pirates of the Caribbean, qui se glisse une nouvelle fois derrière la caméra pour mettre à l’écran l’histoire de Lone Ranger.
Une petite précision tout d’abord. Même s’il n’est pas connu du public libanais ou européen, Lone Ranger, personnage fictif de western, est célèbre outre-Atlantique. Mélangeant des caractéristiques de Robin des Bois et de Zorro, toujours masqué, accompagné de l’Amérindien Tonto et de son cheval blanc Silver, le Lone Ranger est un ancien Texas Ranger, reconverti en justicier légendaire. Il a fait sa première apparition en 1933, dans un feuilleton radiophonique écrit par Fran Striker, avant d’être le sujet de plusieurs adaptations aussi bien à la télévision et au cinéma, qu’en comics et en jeux vidéo. L’adaptation de Gore Verbinski est la dernière en date.
Texas, en pleine construction du chemin de fer, sur une terre où Blancs et Indiens cohabitent tant bien que mal. Un train roule. A son bord, John Reid (Armie Hammer), un défenseur de la loi. Dans le wagon arrière, le hors-la-loi Butch Cavendish (William Fichtner) est enchaîné, en attendant sa pendaison. A ses côtés, enchaîné également, se trouve un Indien, Tonto (Johnny Depp), attifé d’un chapeau qui n’est autre qu’un oiseau mort. Butch Cavendish s’enfuit. Les chemins de John Reid et Tonton se croisent. Progressivement, le spectateur assiste à la transformation de John Reid en Lone Ranger, à la suite de l’assassinat de son frère, le shérif de la ville. Le film est lancé; entre humour, action, poursuite, chevauchées dans le désert, massacres, revanche, argent, justice, injustice…

De justice et d’histoire
Les bandes-annonces laissaient supposer un blockbuster truffé de scènes d’action. Ce n’est pas vraiment le cas. Il y a tout au long du film quelques scènes de cascades époustouflantes, mais il faudra attendre les dernières trente minutes pour assister à un véritable coup de poing. La scène finale vous en mettra plein la vue. Oscillant entre des images de Lucky Luke et Back to the Futur III, le combat final est un condensé sur-vitaminé de chevauchées et de poursuites de trains en trains, de wagons en wagons. Exaltant!
De quoi faire oublier la longueur du film. Et c’est là l’un de ses points faibles. D’autant plus que, au fil des 2h30 de projection, le spectateur est submergé par une alternance répétitive entre scènes d’action et séquences plus lentes, par un trop-plein de personnages secondaires, même si chacun a son petit moment, à l’instar de Helena Bonham-Carter, Tom Wilkinson, Ruth Wilson, James Badge Dale, Barry Pepper…
Si vous vous attendez à revivre une expérience identique à celle suscitée par Pirates of the Caribbean, vous risquez d’être déçus. The Lone Ranger se présente certes comme un blockbuster où tout est mis en jeu pour vous couper le souffle et le personnage de Johnny Depp, Tonto, a quelques fois des relents, mimiques et intonations de voix, qui rappellent Jack Sparrow, mais le film a toutefois un côté plus tourné vers la réflexion et l’introspection. Il relate finalement un épisode dramatique de l’Histoire des Etats-Unis; l’éradication des Indiens d’Amérique. Le film commence, en effet, de manière peu conventionnelle. Un petit garçon, habillé en cow-boy, pénètre dans une sorte de musée historique, un sac de cacahuètes à la main. Dans une des vitrines reconstituant un campement indien, il voit un très vieil Indien qui prend vie et se met à lui raconter l’histoire entourant ce héros américain qu’est le Lone Ranger. Un début qui sonne d’emblée comme un parti pris critique et mélancolique de la naissance de l’Amérique: une simple légende portée de génération en génération, un conte pour enfants, qui est, en plus, narré par l’une des victimes de la création de l’Amérique, un Indien.
La critique américaine, à l’unanimité presque, a massacré le film. The Hollywood Reporter estime qu’il en fait «des tonnes, donnant au bout du compte une œuvre qui vacille et qui s’agite dans tous les sens, en tentant de trouver le bon rythme». The Wrap est encore plus dur, jugeant que «ce film est une catastrophe au niveau du ton, de son scénario, qui semble gêné par son personnage central, et offre peut-être l’expérience la plus dure à vivre au cinéma cette année…». Le site Rotten Tomatoes ne note que 24% de critiques positives, ce qui, selon le «tomatomètre», est l’équivalent d’un film «pourri». Un bien mauvais coup de publicité, et le public semble y adhérer. Ayant coûté plus de 250 millions de dollars, le film s’est avéré jusqu’à présent un échec retentissant au box-office. Disney risque de perdre gros cette fois-ci. Mais à chacun de se constituer son avis. Certes, The Lone Ranger est loin d’être parfait, mais il vaut sûrement le détour, notamment en raison de la réflexion qu’il soulève face à l’Histoire, ainsi que son humour et le divertissement qu’il procure.

Nayla Rached

Circuits Empire et Planète – Grand Cinemas.
 

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