Les Libanais sont toujours dans l’expectative. Le dossier du pétrole est ouvert, mais les différends portant sur les étapes à suivre retardent tout accord. La première phase d’inspection de la zone économique exclusive est achevée et les résultats obtenus sont très encourageants. Mais la situation politique continue à entraver le progrès dans ce dossier.
La recherche du pétrole au Liban remonte loin dans le temps. Sous le mandat français, le Haut-commissaire français, Henry de Jouvenel, avait autorisé l’exploration et l’investissement dans le domaine du pétrole. La France s’y montre intéressée et des études sont lancées par des géologues français. A partir de 1930, pendant de longues années, les études portant sur la carte géologique du Liban sont très encourageantes.
Après l’Indépendance, d’autres études confortent les mêmes hypothèses. Le Liban possède bel et bien du pétrole. En 1947, un géologue français et un homologue libanais prospectent une superficie de 3 300 km2 et confirment l’existence de pétrole et de gaz en grandes quantités au Liban.
Entre-temps, les recherches se multiplient. En 1946, la compagnie irakienne IPC entreprend des travaux dans la région de Terbol au Nord, suivie de travaux effectués en 1953 par la compagnie américaine US Pacific Western dans la région de Youhmor dans la Békaa-Ouest. Leurs recherches concluent à l’existence du gaz à une profondeur de 700 mètres.
En 1960, une compagnie allemande prospecte pour le compte de la IPC dans la région de Adloun au sud du Liban. D’autres recherches suivent dans les régions de la Békaa-Ouest, mais ne donnent pas de résultats positifs.
En 1972, des géologues libanais remettent sur le tapis les probabilités de la présence de pétrole au Liban. Plusieurs compagnies étrangères y manifestent de l’intérêt dans différentes régions du Liban.
Une étude du docteur Ziad Beydoun, président du département de géologie à l’Université américaine de Beyrouth, retient l’attention. Au début de l’année 1975, le président Sleiman Frangié lui demande d’approfondir ses travaux et d’élaborer un plan général sur les possibilités d’exploitation de ces richesses du Liban.
Le 11 avril 1975, le décret N°10095 permet au ministère de l’Industrie et du Pétrole de remettre à jour les permis de prospection du pétrole. Le déclenchement de la guerre des deux ans, le 13 avril 1975, stoppe net tous les projets. Pendant de longues années, le Liban s’est débattu pour sortir du tunnel de la guerre, et toutes les tentatives de recherche du pétrole en terre ou en mer sont mises au rancart.
En 1993, le projet refait surface. Une fois encore, la situation politique du pays ne laisse pas de place à ce genre de spéculations. En 2002, le gouvernement libanais signe un contrat avec la compagnie anglaise Spectrum qui effectue des travaux concluants le long du littoral libanais et reconfirme l’existence du pétrole et du gaz. La compagnie norvégienne GIS complète cette recherche. Les deux études donnent des résultats positifs, mais tous ces résultats n’ont qu’un intérêt limité jusqu’en juin 2010 lorsqu’un rapport de la compagnie américaine Nobel ressort le dossier.
A cette date, le Parlement vote une loi définissant les frontières maritimes du Liban et sa zone économique exclusive qui lui donne des droits souverains pour l’exploitation de l’eau et du sous-sol. Un mois plus tôt, Israël soumet à l’Onu un
tracé différent.
Selon la société d’études Beicip-Franlab, filiale de l’Institut français du pétrole – Energies nouvelles, des réserves de pétrole sont découvertes au large du littoral libanais près de la frontière maritime avec l’île de Chypre et la Syrie. Elles peuvent produire entre 440 et 675 millions de barils de pétrole. Ces nouvelles réserves contiendraient également 15 trillions de mètres cubes de gaz naturel. Les Libanais peuvent-ils espérer profiter bientôt de la richesse enfouie sur leur littoral?
Arlette Kassas
Dix fois la dette
Selon une étude américaine du US Geological Survey Découverts, les fonds marins libanais abriteraient 3 454 milliards de mètres cubes de gaz et 1,7 milliard de barils de pétrole. Les experts estiment que les revenus de l’exploration de ces réserves au large des côtes libanaises pourraient couvrir dix fois la dette publique nationale.