Magazine Le Mensuel

Nº 2909 du vendredi 9 août 2013

Le Saviez-Vous

Stratégie de défense. Peut-on concilier les différentes visions?

A plusieurs reprises le dialogue interlibanais a buté sur l’incontournable stratégie de défense qui refait surface après l’appel du Hezbollah à la reprise du dialogue. Un appel que le président de la République Michel Sleiman accueille favorablement et affirme que «la reprise immédiate du dialogue est possible».

Les précédentes séances de ce dialogue à Baabda avaient abouti à l’adoption par tous les participants de la déclaration de Baabda qui consacre la politique de distanciation. Certaines parties ont ignoré ces principes pour s’impliquer dans les combats en Syrie. Chaque fois que la stratégie de défense est remise sur le tapis, elle provoque une violente polémique. Pour les uns, elle doit aboutir d’une façon ou d’une autre au désarmement du Hezbollah au profit de l’Armée libanaise. Pour les autres, elle doit définir le maintien du dispositif militaire du parti et, par conséquent, organiser la défense à travers l’armée, la Résistance et le peuple.
Si la menace est permanente, la défense l’est aussi. Ces deux principes sont à la base de toute stratégie moderne. Au cours de la dernière séance de dialogue en septembre 2012, le président Sleiman avait présenté sa vision d’«une stratégie de défense nationale dont l’armée est le principal pilier et qui règle le problème des armes». Elle se base sur trois volets: Le premier concerne les menaces qui pèsent sur le Liban, dont celles de l’ennemi israélien, le terrorisme et les armes qui se répandent entre les mains des citoyens. Le second traite de la façon de faire face à ces défis, et le troisième des principes de la stratégie de défense. En attendant de doter l’armée de la force nécessaire pour lui permettre de remplir pleinement sa mission, il faut s’entendre «sur le mécanisme convenable (…), qui mette les armes de la Résistance à la disposition de l’armée pour la soutenir dans ses opérations militaires». Cette vision présidentielle devait être discutée autour de la table du dialogue le 12 novembre 2012. Cela n’a pas eu lieu.

La stratégie du Hezbollah
Le 1er août 2012, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, avait assuré que le Hezb a présenté sa stratégie de défense nationale à l’occasion du dialogue engagé en 2006. Cette stratégie se base sur la définition de l’ennemi, de ses capacités, de ses formes d’agression, ses points forts et ses points faibles. Elle s’appuie sur le tandem armée-résistance. Selon lui, la parfaite stratégie de défense nationale consiste en une coopération entre les deux.
La vision du courant aouniste rejoint celle du Hezbollah. Dans une étude concise publiée à Rabié le 5 novembre 2008, il définit une stratégie de défense s’appuyant sur deux forces: la première constituée des forces régulières et la seconde de la Résistance. Toutes les deux seraient à même d’adopter une méthode de combat selon laquelle seraient constituées de petites unités de combat pouvant se couvrir et se protéger et ne représentant pas de cibles importantes pour l’aviation. De plus, un dispositif de défense aérienne moderne serait mis en place.

Stratégie de défense des Forces libanaises
En décembre 2006, les Forces libanaises présentent leur vision d’une stratégie de défense reposant sur le modèle suisse et ayant pour objectif de «défendre le Liban, d’assurer la sécurité de sa population et de garantir son intégrité territoriale, sans toutefois militariser notre société». Les FL proposent de renforcer les unités d’élite de l’armée et de placer sous leur commandement des «brigades de garde nationale dont l’infrastructure serait secrète, selon le mode de fonctionnement actuel du Hezbollah».
Le dialogue sur la stratégie de défense nationale a toujours été un dialogue de sourds, en sera-t-il autrement aujourd’hui?

Arlette Kassas

Les questions de Nasrallah
Au cours de l’un de ses discours en août 2012, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a avancé certaines propositions: donner les armes de la Résistance à l’armée mais en demandant: «Où cacher toutes ces armes? Où les déposer? Où les mettre hors d’atteinte de l’armée de l’air de l’ennemi israélien? Autrement dit, si les armes de la Résistance sont placées sous l’autorité de l’Etat libanais, la question qui se pose est de savoir si l’Etat libanais aura suffisamment l’audace et le courage de les utiliser contre l’ennemi israélien en cas d’agression?». «Ces armes perdront leur puissance dissuasive entre les mains de l’Etat, car un simple coup de fil des Etats-Unis suffirait à dissuader le gouvernement de riposter à une agression israélienne», a-t-il affirmé.

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