Magazine Le Mensuel

Nº 2932 du vendredi 17 janvier 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

Voitures piégées: infos ou intox?
Le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a démenti les rumeurs propagées sur l’existence d’une liste comportant les numéros d’immatriculation de 70 véhicules piégés qui circulent dans le pays. Le fait de répandre ce genre d’infos vise à semer la panique et à déstabiliser la scène locale, d’autant plus que, simultanément, des ressortissants étrangers ont été appelés par leurs ambassades respectives à rester vigilants, à éviter de fréquenter les grands centres commerciaux et de participer à de grandes réceptions.

 

Mesures de sécurité au 14 mars
Le secrétariat général du 14 mars ne se réunira plus à son siège à Achrafié chaque mercredi, comme de coutume. Un communiqué indique que les lieux et heures des prochaines réunions ne seront pas annoncés à l’avance, cela pour des motifs sécuritaires. En fait, le siège du secrétariat est facile d’accès et à la suite des menaces dont il a fait l’objet, les voisins auraient transmis au Dr Farès Souhaid leur souhait de le voir transférer les réunions ailleurs. Les affaires administratives sont, en revanche, maintenues au siège principal.

Rencontre Aoun-Nasrallah
Le Dr Nagi Gharios, membre du Bloc du Changement et de la Réforme, confirme la récente rencontre du général Michel Aoun avec le sayyed Hassan Nasrallah dans la banlieue sud. Les deux hommes ont passé en revue les dossiers brûlants de l’heure tels ceux de la sécurité, ou encore du gouvernement en gestation et les médiations en cours. L’élection présidentielle et la nécessité de son déroulement à temps pour éviter tout vide institutionnel ont été évidemment abordées. Il semble que les positions des deux parties sur cette question ne sont pas identiques. Les composantes du 8 mars sont un peu déconcertées par rapport à l’échéance présidentielle: qui choisir entre le général Aoun, le député Sleiman Frangié et l’ex-ministre Jean Obeid qui bénéficie du soutien du président Nabih Berry.

Gouvernement: qui a gagné, qui a perdu?
Les raisons qui poussent le Hezbollah, à ce stade, à faire des concessions au sujet du gouvernement en gestation sont liées, comme l’explique un proche du 14 mars, non aux questions techniques locales, mais à l’ouverture du procès sur l’assassinat du président Rafic Hariri et au congrès de Genève II. Le parti chiite veut ainsi s’accorder une double couverture sur ces deux dossiers: sunnite du 14 mars et libanaise officielle.
Du côté du 8 mars, on réplique qu’une fraction du 14 mars croit que la coalition du 8 est coincée puisqu’elle a cédé en acceptant l’équation des 3×8 et en renonçant à celle des (2×9)+6. Or, ce développement fondamental dans l’approche de ce camp est le résultat des positions de Walid Joumblatt qui représente désormais pour lui une «garantie» sûre à l’ombre des données régionales et nationales actuelles. Le 8 mars peut ainsi faire confiance aux options à venir du député du Chouf dans les dossiers fondamentaux. Ainsi, le Hezbollah enregistre des pertes marginales, abstraction faite de la déclaration ministérielle. Mais le simple fait que le 14 mars participe au cabinet «d’union nationale» est un aveu d’échec de sa part, alors qu’il claironnait qu’il ne s’attablerait pas avec le Hezb avant le retrait de ce dernier de Syrie.

Le désordre des plaques
Le ministre de l’Intérieur, le général Marwan Charbel, a décidé de récupérer les plaques d’immatriculation octroyées à certains magistrats, notamment ceux qui ont été détachés du corps juridique pour des raisons d’ordre disciplinaire ou ceux qui ont vendu leurs plaques ou y ont renoncé. La mesure a suscité la grogne dans le milieu de la magistrature jusqu’à la clarification de l’objectif d’une telle démarche, à savoir intercepter les infractions, sachant que certains citoyens ont acquis ces plaques destinées aux juges et n’hésitent pas à les utiliser. Le ministre Charbel prépare un projet dans ce sens qui sera soumis au nouveau gouvernement.

Appui américain à Joumblatt
Les contacts se sont récemment multipliés, selon les informations qui circulent, dont une tranche gérée par le député Walid Joumblatt concernant les concertations avec les Américains. Une rencontre entre l’ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth, David Hale, et le conseiller du président Michel Sleiman, l’ex-député Khalil Hraoui, a également eu lieu dans l’un des hôtels de la ville. Le diplomate a expliqué que son pays comprend parfaitement le refus de l’Arabie de voir le Hezbollah siéger au gouvernement, mais craint aussi dans ce cas les réactions du Hezb, de la Syrie et de l’Iran qui pourraient aboutir à une insécurité généralisée et même plus, à une emprise totale du Hezbollah et de la Syrie sur le Liban. Hale a conseillé à Hraoui d’appuyer les efforts déployés par Joumblatt.

Le choix des extrêmes
Les milieux du 8 mars insinuent qu’en cas de nouvelles consultations, à la suite de la mise sur pied d’un cabinet du fait accompli présidé par Tammam Salam qui n’aura pas la confiance du Parlement, ils iront vers des options extrêmes en nommant Abdel-Rahim Mrad Premier ministre.
Même son de cloche du côté du 14 mars qui menace de recourir lui aussi à des choix provocateurs en désignant le général Achraf Rifi à la tête du gouvernement suivant.

Insécurité à Roumié
Les incidents qui ont eu lieu dans le milieu carcéral, et particulièrement à Roumié, où une vidéo enregistrée à l’intérieur est parvenue aux médias, ont fait la une la semaine passée. Les sources sécuritaires qui ont démenti l’existence de querelles communautaires et de tortures comme cela a été divulgué dans la presse, soulignent que de telles rumeurs s’inscrivent dans le plan visant la destruction du Liban. Elles ajoutent que le fait que les travaux soient restés inachevés dans cette prison favorise l’insécurité: cellules sans portes, sanitaires inexistants… Ce sont ces lacunes que le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a pointées lorsqu’il a parlé de scandale en disant que les travaux accomplis ne valaient pas les treize millions de dollars alloués. Le Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, a convoqué la commission chargée des prisons à une réunion au Sérail pour examiner la poursuite du plan établi pour sécuriser celle de Roumié.

 

Soufistes vs salafistes à Tripoli
Moins d’un jour après la «semaine de l’union islamique» célébrée conjointement par les Ahbache (Association des projets islamiques) et le Hezbollah à Baalbeck, Tripoli a connu une escalade de la violence entre des éléments de cette association aux tendances soufistes et des groupes salafistes présents dans les quartiers de la ville. Une source du Nord révèle que les combattants takfiristes ont essayé d’avancer vers la mosquée al-Mou’alak des Ahbache, mais ils ont été contraints de faire marche arrière, après avoir senti que leurs adversaires étaient prêts à défendre leur lieu de prière. La source estime que l’accrochage n’est pas lié à la rencontre de Baalbeck, les organisations salafistes s’activent en fait depuis quelque temps à Tripoli pour chasser les soufistes de leurs mosquées. Elles ont d’ailleurs publié sur leurs réseaux sociaux des communiqués justifiant leur volonté d’occuper les lieux de culte qui ne partagent pas leur idéologie. Ainsi, ont-ils envahi les mosquées al- Ghouraba et al-Tahham (Bab el-Raml) relevant des Ahbache.

Abed Masri succède à Majed Majed
Majed el-Majed, le terroriste saoudien, décédé au Liban, avait désigné son éventuel successeur au cas où il lui arriverait malheur. Il s’agit de son concitoyen Abed el-Masri. C’est ce que rapporte une source palestinienne informée qui raille les rapports qui ont accusé Majed d’être un agent secret saoudien, en se basant sur les funérailles impressionnantes que sa famille a pu lui organiser à Riyad. La même source n’exclut pas, toutefois, totalement les informations contenues dans ces rapports selon lesquelles Majed aurait infiltré les caches de grands terroristes tels Ben Laden, el-Wouhaychi et Zarqaoui pour le compte des Renseignements de son pays. Mais le parcours de Majed reste celui d’un militant et activiste takfiriste.
La désignation de Masri a été précédée d’une réunion secrète à Aïn el-Heloué regroupant Toufic Taha, les deux frères Mohammad et Haytham Moustafa, alias el-Chaabi, Abdel-Malek el-Yamani (Abi Ounse), Khaled el-Abeed, gérant du financement et de la liaison avec les mouvements à l’étranger, en plus de Masri lui-même, un quarantenaire connu pour son fondamentalisme religieux. Mais les responsables du Hamas propagent que ce dernier se trouve en Syrie et que l’occasion de diriger les brigades est donnée au cheikh libanais Sirajeddine Zouraykat, celui qui a annoncé leur responsabilité dans l’explosion de l’ambassade d’Iran.

Le Liban, terrain non favorable aux takfiristes
Toutes les opérations terroristes, incluant les attentats suicide, n’ont pas réussi à créer un environnement populaire favorable aux takfiristes du Liban, comme c’est le cas en Irak, constate un expert politique. Les déclarations similaires à celles du député Khaled Daher, la semaine passée, et certains articles publiés dans quelques médias sont contraires aux résultats de sondages réalisés récemment par des services de renseignement occidentaux qui ont démontré que les musulmans libanais n’appuient pas les options suicidaires et que les kamikazes ne jouissent pas d’un terrain social propice. Le régime confessionnel libanais, poursuit l’expert, ne se prête pas à un repli communautaire, les privilèges de l’Etat étant répartis sur les principaux blocs confessionnels et communautaires. De même, la marginalisation dont souffrent certaines tranches chez les sunnites et les chiites, ne les porte pas à renoncer à leur allégeance politique en faveur d’une idéologie takfiriste, comme cela se passe en Irak.

Tension entre Israël et le Hezbollah
Téhéran et Tel-Aviv ont échangé de sérieuses mises en garde contre l’éclatement d’une guerre avec le Liban, à la veille de l’arrivée du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Jawad Zarif, à Beyrouth. Une source diplomatique arabe informée indique que ces mises en garde démontrent que la tension régionale n’est pas tombée entre Israël d’une part, le Liban, la Syrie et l’Iran, de l’autre. Le fait est significatif, ajoute-t-elle, que le commandement de Tsahal permette de diffuser les déclarations du colonel Ofer Vinter, commandant de la division Givati, et la publication de reportages télévisés sur les entraînements de cette division en Galilée pour lui donner l’occasion d’expérimenter un relief géographique similaire à celui du Liban et du plateau du Golan. Téhéran a aussitôt réagi par la voix du commandant de la Force aérospatiale de la Garde révolutionnaire iranienne, le général Amir Ali Hajizadeh, qui n’a pas hésité à annoncer que «le Hezbollah possède de grandes capacités qui surprendront l’entité israélienne en cas de confrontation». Le responsable iranien a ajouté que le mérite de l’accroissement des capacités du Hezbollah revient à Hassan Lakkis, récemment assassiné dans la banlieue sud. C’est grâce à lui, a poursuivi le général iranien, que le Hezb peut aujourd’hui détruire avec précision n’importe quelle cible à l’intérieur des territoires occupés.

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